Elle était encore sous sa forme originelle, mais cette fois-ci, Faörih l’était restée plus d’une semaine. Elle avait juste envie d’oublier un peu les humains et leurs stupides désirs d’enfreindre les lois. Elle avait encore tué une personne et couper des partie génitales, ce n’était pas grave en soi, mais elle trouvait cela désespérant quand elle voyait les humains ainsi, heureusement, il y avait des exceptions dans ce monde.

Après quelque heures de vol et d’acrobatie qui lui avait franchement remit les idées en place et lui avait redonné le sourire, le griffon décida de se poser et de revenir parmi les humanoïdes. Elle survola Lotheican et décida de s’arrêter dans la zone montagneuse. Une forêt… C’était parfait pour passer dans sa forme humaine. Elle commença son piqué et s’engouffra dans l’épais feuillage. Les arbres étaient haut et le soleil de l’après-midi tachetait le sol de gouttelettes de lumière, c’était magnifique.

Le griffon se posa majestueusement sur l’herbe et secoua ses ailes ainsi que sa tête. Elle les replia ensuite et observa les alentours. Mmmh, personne, c’était bon. Faörih ferma les yeux et bientôt, le griffon présent entre les arbres était devenu une jeune femme. Elle défroissa ses habits et fit bouger ses articulations. Pendant une période indéterminée, elle était toujours un peu sauvage, pas de sourire, la tête haute et le regard fier et quelque peu intimidant. Faörih commença à marche sans but, elle cherchait un lapin ou n’importe quoi d’autre tant qu’il s’agissait de viande. Devant le magnifique spectacle et de jeu de lumière qu’elle pouvait voir, elle abandonna son idée et s’assit sur un rocher pour contempler le paysage. Elle se mit à réfléchir, le temps qu’elle reprenne les manières humaines.

Les humains étaient vraiment une race stupide, autant que les nains. Mais les elfes étaient un peu moins désireux à enfreindre les règles, plus près de la nature et un peu plus pacifique. C’était les mieux. Quand aux Anges et aux Démons, elle n’en avait jamais rencontré en particulier, mais elle savait qu’ils enfreignaient bon nombre de règle, surtout les démons. Elle soupira, voila pourquoi elle devait régler tout ça, un monde en paix, c’était vraiment trop demander…

Aaku avais encore fais cet horrible rêve, celui de cette nuit ou elle avait poignardé ses parents. Elle s'était encore réveillée en criant, au beau milieu de la nuit, avec ce sentiment de culpabilité qui la rongeait. Elle n'avait plus su dormir de la nuit. Quand elle sentit le soleil bercer son visage à travers les vieilles planches brisées du toit de sa modeste cabane, elle ouvrit les yeux. Quel sentiment horrible d'être condamnée à revivre cette scène. Elle décida, après avoir soigneusement refait son lit de partir chercher des champignons, pour le dîner d'aujourd'hui. Elle choisit donc dans son livre ceux qu'il lui fallait et partit. Il faisait beau aujourd'hui et les oiseaux chantaient gaiement autour d'elle.

Elle s'enfonça donc dans la forêt d'un pas décidé et s'arrêta d'un seul coup. Elle n'était pas sûre de pouvoir croire ses yeux après ce qu'elle venait de voir. Oui, il s'agissait bien d'un griffon. Elle n'en avait jamais vu que dans les livres, doutant de leur existence. Ces plumes magnifiques brillaient avec le soleil et il avait un regard vif, avec de beaux yeux d'un vert émeraude. Elle se cacha donc derrière un arbre, observant cette créature des plus impressionnante.

Elle fut perplexe quand celui-ci se transforma en une jeune femme au cheveux longs et blonds qui avança quelques pas, avant de s'arrêter. Aaku ne bougeait pas, fixant cette fille étonnante qui s'assit alors sur un rocher. Ne savant pas quoi faire, la jeune mage décida de l'observer de plus prêt et décida donc d'avancer à l'arbre suivant.

Elle était tellement excitée, que, ne faisant pas attention, trébucha sur une racine et s'étala de tout son long devant cette personne. La femme la regarda un instant, l'air de se demander d'où venait la jeune fille qui avait atterri devant ses pieds.

Plongée dans ses réflexions, elle commençait à trouver que les humains et les nains devraient être exterminés, elle secoua la tête, cela voulait dire tuer des innocents, et il n’en était pas question.

Un bruit sourd la sortit de sa rêverie, ni une ni deux, elle dégaina son épée de son dos et bondit sur ses pieds. Elle passa deux doigts sur la lame jaune, la où une rune était gravée. Les yeux toujours rivés sur la source du bruit. Sa lame commença à briller et un bruit semblable à un battement e fit entendre, elle se maudit intérieurement, pourquoi ne pensait-elle jamais à réactiver l’enchantement après son retour à sa forme humaine. Mais de toute façon, sa proie était étalé devant elle. Bref, elle avança, la lame devant elle, perplexe. Elle la menaçait avec son épée, posée sur sa gorge. Mais elle vit rapidement qu’il s’agissait d’une femme avec plus ou moins le même âge. Ses longs cheveux blancs virant au violet traînaient par terre. Enfin, tout son corps était par terre. Elle la jugea un moment, sa sauvagerie n’était pas tout à fait repartie, elle la toisait d’un regard intimidant et fier. Une albinos, c’était rare ici tient. Faörih soupira, elle n’était pas armée à vue d’œil, et sa silhouette lui faisait penser à une fille de bonne famille qui ne devait jamais sortir de sa ville.

Le griffon enleva son épée et la rengaina dans son dos, elle lui attrapa la main pour la relevée, elle était légère, mais ça n’étonnait pas vraiment la jeune femme. Quand ce fut fait, elle lui sourit, mais c’était plutôt un sourire carnassier qu’autre chose. Haa, elle n’arrivait toujours pas à se rappeler les manières humaines. Elle baissa la tête, courage, elle pouvait y arriver ! Elle releva la tête et son sourire avec changé pour un sourire amical. Voilà, le griffon était maintenant une humaine normale, et elle savait de nouveau parler.

-Ca va, tu ne t’es pas faite mal ? Je suis désolée, je t’ai prise pour un ennemi, tu devrais faire plus attention. On n’espionne pas les gens ainsi !

Le griffon fit une tape amicale le poing droit fermé sur la tête en souriant. Faörih espérait juste qu’elle ne l’avait pas vue sous sa forme originelle. Mmmh, l’espionnage n’était pas vraiment un délit. Si c’était le cas, bon nombre de personne étaient des hors-la-loi, elle y comprit. C’était juste une jeune fille frêle qui se demandait se qu’une jeune femme avec une épée jaune faisait ici. D’ailleurs la même épée brillait et le battement s’entendait relativement fort. Faörih soupira et passa de nouveau ses doigts sur la lame sans même regarder, les battements et le scintillement cessa aussitôt. Elle sourit de nouveau à la jeune femme et lui tendit sa main gauche, celle avec le gant en acier.

-Je m’appelle Faörih Xseih, dit-elle d’un ton gentil. Et toi ?

Au moins connaitre le nom, c’était dans les coutumes humaines, se présenter à chaque personne que l’on rencontrait, c’était un truc comme ça. Elle avait déjà vu plusieurs personnes le faire, enfin presque toute. Oui, le griffon observait beaucoup les humains pour en apprendre plus sur leur vie quotidienne et ainsi mieux s’intégrer.

Elle avait fait une gaffe, une grosse gaffe, même... L'épéiste qu'elle observait se releva d'un seul coup pour la menacer de son arme. La jeune femme était intimidante avec son épée dont la lame jaune brillait et Aaku vit sa vie défiler devant ses yeux. Elle pensait qu'elle ne pouvait pas mourir comme cela, si bêtement, à cause de sa maudite curiosité. Heureusement, ce ne fut pas si long car a jeune femme retira la lame de sa gorge et l'aida à se relever. Elle le fit si facilement qu'Aaku put deviner qu'elle était dotée d'une force impressionnante. La mage resta perturbée qu'elle changea de comportement si vite. Elle finit par se dire qu'elle n'avait juste pas l'habitude de cela. La femme parut amicale, elle lui demanda si elle ne s'était faite mal et lui fit une tape plutôt énergique de son point sur la tête, si bien qu'Aaku eut probablement une bosse qui ne disparaîtrait que dans quelques jours.

-Je m’appelle Faörih Xseih, dit-elle alors. Et toi ?

Aaku resta quelques minutes sans bouger, n'étant pas encore certaine d'être bien réveillée. Était-ce possible de voir un griffon, qu'il se transforme en femme, qu'elle la menace de son épée et qu'elle lui demande son nom dans la même journée? Elle sortit de ses pensée.

-Euh, Aa-ku, répondit-elle en bégayant, enchantée!

Par habitude, Aaku tandis sa main vers celle qui disait s'appeler Faörih, pour la lui serrer, mais, cette dernière eut l'impression de ne pas comprendre et la mage abandonna son idée. Cette femme n'avait vraiment pas l'air de connaître les bonnes manières, elle avait l'air plutôt vagabonde. Préférant garder sa transformation pour elle, ayant peur de mettre son interlocutrice mal à l'aise, Aaku lui posa plutôt une autre question:

-Au fait, si cette question ne t'importune pas, dans quel but es-tu venue ici ? Cette forêt n'est pas très fréquentée, cela me fait tout drôle de croiser quelqu'un ici.

Aaku paraissait si heureuse de voir quelqu'un. La solitude l'avait rongée bien des fois dans cette forêt...

L’albinos restait silencieuse, Faörih l’interrogeait du regard. Zut, avait-elle fait quelque chose qu’il ne fallait pas ? Elle ne savait pas encore grand-chose de la politesse. Mais en fait non, elle lui répondit pour finir. Ouf, Aaku devait se demander pourquoi sa lame était jaune, il y avait aussi le fait qu’elle l’a menacée avec sa lame, et en gros faillit la tuer. Elle leva sa main vers elle, le griffon haussa un sourcil. Elle n’avait toujours pas toute sa tête, et ce principe, elle l’avait oublié. Elle s’en excusait, de plus, Faörih savait bien qu’avant elle comprenait ce qu’il fallait faire quand on tendait une main.
Elle passa rapidement outre cet oubli et sourit chaleureusement à Aaku, elle était fragile, surement faible. Que faisait-elle ici, dans cette forêt ? Faörih connaissait bien cet endroit, elle ne l’avait jamais croisée. Mais qu’importe, car cet jeune femme lui posa une question, qui n’était en rien indiscrète, mais il fallait dire que Faörih ne comprenait pas encore ce concept, et ne voyait pas quand quelque chose était indiscret. Elle se rassit sur le rocher et lui répondit après un moment de reflexion.

-Je suis là… Pour chasser, je ne fais que passer, je me rendais en ville en fait, puisque j’ai fini… mon expédition.

Ce qu’elle avait dit était parfaitement vrai, elle avait chassé, et elle se rendait en ville. Même si elle était consciente qu’elle n’avait pas de cadavre sur elle et qu’elle disait avoir terminé, elle supposait que cette jeune albinos n’en tiendrait pas vraiment compte. Mais elle rajouta néanmoins :

-Je viens souvent ici, c’est un de mes terrains de chasse préférés. Beaucoup de lapin, et aussi toute plein d’autre nourritures, des fois, on peut trouver des sangliers, c’est le meilleur !

Bien spur qu'elle ne la voyait jamais, elle venait ici sous sa forme originelle et ne se posait que très rarement. Elle regarda le ciel et les alentours, le griffon aimait le lapin, mais sa viande préférée était le sanglier ! Mais il était rare d’en trouver sur Midgard. C’était tellement rare, mais assez gros pour ne pas devoir en chasser plusieurs. Evidement, en tant que griffon, elle ne ressentait pas vraiment le gout, mais juste la manière de le chasser était déjà en soi une chose très amusante. Comme le lapin, Faörih devait faire nombre d’acrobatie et de slalom pour les attraper, c’était la raison pour laquelle ses réflexes et son agilité était si développés. Mais, elle n’avait pas trouver de sangliers, c’était dommage. Elle agrandit son sourire, qu’importe, elle avait manger quatre lapins, c’était déjà bien.

Après s'être rassise sur son rocher, Faörih eut l'air de réfléchir un moment avant de répondre à la question qu'Aaku venait de lui poser, avant de finir par lui lancer qu'elle était partie à la chasse... Cela commençait vraiment à étonner la jeune femme, la prétendue chasseresse ne portait pas de cadavre sur elle, et son épée, qui au passage captivait la jeune mage, n'avait pas l'air d'avoir servit aujourd'hui, pas de trace de sang sur la lame. Elle finit par abandonner cette idée, tout le monde ne complotait pas toujours contre elle, il fallait qu'elle s'y fasse. D'ailleurs peut-être Faörih avait-elle lavé son arme à la rivière. Sa théorie ne tenait donc pas la route, elle devait s'y faire.

D'après elle, la femme-griffon allait en ville. Aaku avait terminé son dernier livre sur les sciences dernièrement et commençait vraiment à se lasser des livres de recettes ou autre. Elle se dit donc qu'elle pouvait faire d'une pierre deux coup : elle accompagnerait la jeune femme, s'achèterais de nouveaux livres et se débrouillerais pour devenir amie avec elle. Après ça, elle pourrait lui demander comment elle s'était transformée en opinicus, cette créature qui l'émerveillait tant. Elle se demandait vraiment d'où cette femme venait.

-Cela te poserais-t-il un problème si je t'accompagnait en ville?lui proposa-t-elle. Je devrais m'acheter des livres, il n'a y plus beaucoup de distraction dans cette forêt...

Elle lui fit un sourire, si grand et pour la première fois, si sincère, elle n'avait plus pu en faire depuis longtemps, des sourires sincères !

Venir avec elle ? Faörih ne voyageait que très rarement en compagnie d’humain, il lui arrivait de se balader avec des animaux, car ceux-ci savaient qu’ils avaient affaire à un griffon, mais les humains, c’était une autre paire de manche. Ils n’allaient pas très vite pour voyager et n’avait pas sa vitalité, de plus, elle devait emprunter les chemins humains. Mais pour cette fois-ci, elle devait se rendre en ville sous forme humaine. Même si elle marchait rapidement, elle pouvait encore. Et puis, si elle voulait aller en ville, pourquoi pas accompagnée de cette jeune femme au sourire presque aussi grand que le sien ? Elle se leva vivement et s’approcha de l’albinos en souriant. Elle s’inclina comme elle l’avait vu faire et lui en dit plus sur elle. Ça allait être un compagnon de voyage, autant en savoir plus sur l’autre.

-Je suis Faörih Xseih, spécialité ; combat rapproché à l’épée lourde. J’ai grandi nomade mais est vécu longtemps à Jade.

Le griffon se releva et sourit, elle n’attendit pas vraiment une réponse, Aaku lui donnerait en marchant. Mais elle rajouta néanmoins en titre d’avertissement :

-Mais, j’espère que tu sais tenir un rythme rapide de voyage, parce que je ne compte pas m’arrêter jusqu’à la ville.

Sur ses dires, elle démarra sa marche en faisant un mouvement ample du bras pour repousser sa cape blanche. Elle calcula rapidement le temps qu’il lui faudrait pour y arriver, un jour, peut-être moins. Le griffon marchait rapidement, pas question d’attendre quelqu’un, comme à son habitude. Mais c’était quand même agréable de voyager avec une jeune femme. Ce n’était pas pareil avec Sven, ce paladin savait vachement bien tenir le rythme, mais c’était surement différent comme ambiance avec un humain féminin. A vrai dire, elle n’en savait pas grand-chose. Elle n’avait jamais vraiment voyager avec une femme, mais ça pouvait être très instructif, après tout, elle-même était une femelle, et donc, elle devait, en forme humaine, se comporter comme une femelle humaine. Mais les femelles humaines n’étaient-elles pas faibles ? Elle n’en savait rien en fait ! Le griffon faillit se prendre un arbre, mais elle l’évita, remerciant ses réflexes sauvages, elle continua sa route sans regarder en arrière, cette fois-ci concentrée sur la route, et au bruit d’animaux alentours.

Aaku fut heureuse d'entendre que la femme acceptait de voyager avec elle, un peu de compagnie ne faisait pas de mal. Faörih emboîta donc le pas, d'une marche rapide et élancée, bien décidée à arriver le plus vite là-bas. Elle était nomade, avant d'habiter à Jade, une ville que Aaku avait toujours voulu visiter pour observer en vrai la grande muraille de pierre qui l'entourait. Elle en avait vu bien des illustration dans ses livres, mais elle désirait énormément voir cela de ses propres yeux. Il y eut un grand silence, un peu gênant pour cette dernière. On aurait dit que chacune n'avait pas l'habitude de parler. La plus jeune se dit alors qu'elle devrait meubler ce vide et réfléchit à ce qu'elle pourrait raconter à sa nouvelle amie, enfin, pas encore amie, juste connaissance. Elle ne pourrait pas se permettre de lui dire ce qu'elle avait vécu. Non, elle devrait pas, étant d'une certaine manière hors-la-loi, elle ne pouvait pas le lui révéler, sous peine de se voir réprimanderou alors même pas crue par son interlocutrice. D'après ce qu'elle avait vu, il valait de plus mieux ne pas se frotter à cette jeune femme.

-Moi, j'ai eu une enfance simple, avec mes parent à Lotheican, dans une grande maison avec des domestiques. On m'a appris les bonne manières. J'ai tout appris grâce à ma mère qui m'a enseigné également, les sciences. J'était très complice avec elle, rajouta-t-elle.

Mince! Elle n'aurais pas du préciser ce mot, ce "était", ce mot qui pourrais tout changer. Elle devais dire qu'elle avait juste déménagé, ses parents encore en vie, simplement, comme tout le monde, mais, non. Il fallait qu'elle fasse un pas de travers. Bon, de toute manière, d'un côté, c'était rattrapable facilement, elle n'avait pas à s'en faire, elle s'angoissait trop, c'est tout. Elle continua alors:

-J'ai finalement déménagé, pour vivre seule et quand je t'ai vue, je cherchait des champignons, on dit qu'il sont meilleurs dans la soupe, venant d'être cueillis.

Elle inventait tout. Elle devait arrêter de dire des mensonges, cela se retournait toujours contre elle, elle le savait très bien. Puis, si la chasseresse lui demandait où elle habitait maintenant, elle serait bien mal! Mais, non, la femme ne lui demanderait pas ça. Surement.

Concentration sur la route, bruit de lapin. Vent ouest, chaleur tempérée, fuite d’un groupe d’oiseau. Arbre devant, racines en bas, branche au niveau de la tête. Faörih faisait comme à son habitude, elle analysait son environnement. Habitude de chasseur disait-on. Elle avançait sans hésitation entre les arbres, les têtes hautes et, comme à chaque fois qu’elle voyageait, ne souriait pas.

Mais elle se rendit compte que la jeune femme lui parlait. Elle commença à écouter au déménagement. Ha, elle devait lui parler de sa vie, elle des champignons. Le griffon sauta habilement au dessus d’un grand tronc tombé sur le sol feuillu. Elle passait encore hors de la route, mais Aaku semblait relativement tenir son rythme donc elle ne se gênait pas pour passer par des chemins accidentés. Elle sauta de deux bons mètres de haut sans difficulté, et continua toujours aussi vite. Elle ne lui avait pas répondu, mais qu’importait, il fallait économiser son souffle pour voyager. Et puis, ça allait lui donner faim.

Les minutes se succédèrent sans qu’elles ne parlent, ça ne dérangeaient pas le griffon qui s’était replongée dans son habitude sauvage et analysait chaque son venant de la forêt. Elle réagissait à chaque craquement de branche, à chaque battement plus rapide et scintillement de son arme. C’était un peu dur avec toutes les vies dans la forêt, mais elle avait utilisé la rune pour les présences imposantes pour ne pas l’ennuyer, certes elle scintillait et un battement lent était constamment présent, mais elle s’y était habituée depuis un moment.

Elle passa une rivière magnifique de deux mètres de large d’un bond. Elle s’arrêta là néanmoins. Certes, elle avait dit qu’elle ne ferait pas de pause, mais elle devait régulièrement boire et ne voulait en aucun cas transporter de l’eau dans une gourde. Elle plongea son visage dans la rivière pour en même temps de rafraichir et but l’eau à grande gorgée. Elle sortit sa tête vivement et ne prit pas la peine de s’essuyer le visage. Elle continua aussitôt sa marche sans même regarder si Aaku était toujours présente près d’elle. Nan, elle l’imiterait quand elles seraient dans la ville, d’après elle, elle avait une bonne éducation. Mais d’un côté, Faörih était une guerrière, pourquoi avoir dans ce cas là des bonnes manières ? Ca l’énervait beaucoup. Elle abandonna cette idée. Pas besoin de se casser la tête avec ça, personne ne s’était encore rendu compte qu’elle était un griffon, à quelque exception près bien sûr, mais c’était dur de faire deux rôles simultanément.

Aaku fut perdue dans ses pensées, bien vite après avoir terminer sa phrase. Qu'il y avait-il à dire d'autre? Rien. De plus, sa compagne n'avait même pas réagit à ses propos, ce qui la laissa perplexe. Cette personne l'appréciait-elle vraiment?

-Une femme qui ne l'écoute pas...non, un griffon... Un opinicus, plus précisément. Intéressant, dans les livres, ils disent que la plupart de ces créatures peuvent se transformer en homme, et ici, même en femme. Un griffon aux pattes de lion... Pouvant voler... Intéressant, oui, vraiment intérressant...

Aaku marcha longtemps comme cela, sans faire attention à ce qui l'entourait, ou plutôt à celle qui l'entourait, s'enfonçant dans la forêt épaisse. Cette femme la suivait-elle encore? Peut-être. Elle sortit de ses pensées, s'étant encore étalée de tout son long sur le sol à cause de ces maudites racines. La jeune femme se retourna alors et ne vit personne. C'était-elle encore perdue dans la forêt? A cette heure-ci, si elle marchait à la même allure, Faörih serait déjà arrivée en ville! Elle fut prise de panique à cette idée. Elle passerait encore pour quelqu'un de distrait et ce n'était pas son intention. Elle décida donc d'aller toujours tout droit. Elle finirait bien par arriver à la fin du bois et chercherait alors la direction en demandant aux habitants. Ou alors Faörih la retrouverait-elle avant.

Le soleil finit rapidement par disparaître derrière l'horizon, laissant la jeune femme dans un milieu sombre où distinguer un objet à vingt pas devenait une prouesse, la lune n'étant aujourd'hui qu'un faible croissant flouté par les nuages blancs. Elle ramassa donc rapidement quelques brindilles pour son feu et décida d'attraper un cerf. On dit que, la nuit, la lumière attire les animaux tapis dans le noir...

L'animal sursauta, ayant entendu un bruit. Aaku était perchée dans un arbre, pas très haut, de manière à pouvoir y monter facilement. Préparant son poignard, elle attendit que la bête se place en dessous d'elle et finit par sauter. Elle retomba à califourchon sur son repas et l'abattit d'un geste rapide de sa lame, dans le coeur. N'ayant pas appris beaucoup de techniques de chasse, elle avait fini par tester cela et on ne put dire que cette technique bizarre ne lui réussissait pas.

En fait, non, elle n’était vraiment plus là. Et la nuit était arrivée, par d’habitude, Faörih attendait ses partenaires pour la nuit. Elle était arrivée non loin de la lisière de la forêt, il ne devait rester que deux heures de marche, mais c’était un peu méchant de sa part d’abandonner l’albinos. Les humains ne faisaient pas ça, elle le pensait très fort. Le griffon soupira, non, elle n’avait pas réussi à la suivre. Devait-elle la prendre par la main pour qu’elle la suive ? C’était un peu tard, il faisait nuit, et sous forme humaine, Faörih n’allait certainement pas la retrouver. Sous sa forme originelle par contre… Si elle ne restait pas trop longtemps, elle arriverait certainement à rester le plus humaine possible. Oui, la réponse était cela, elle s’élança vers le ciel et prit sa forme originelle. Prenant rapidement de l’altitude, le griffon se mit à chercher quelque chose qui pouvait signaler sa présence. Elle réfléchit, il faisait nuit, elle devait surement manger, mais c’était une humaine, elle devait manger cuit. Du feu. Elle devait avoir fait du feu. La créature se mit à la recherche d’un point lumineux dans le feuillage. Faörih attrapa un cerf avec ses serres et lui tordit le coup, voila, elle avait de quoi manger ce soir.

Bingo, elle put apercevoir une tache jaune dans la pénombre, mais par précaution, Faörih s’éloigna d’une centaine de mètres pour redevenir humaine. Non, personne ne l’avait vue, de toute manière, cela aurait été compliqué puisqu’il faisait nuit noir et que le feuillage empêchait de voir grâce à la lumière de la Lune. Le griffon redevenu humain se dirigea vers la position du feu de champ, elle ne le voyait même pas, mais elle sentait l’odeur de la fumée. Elle marchait gentiment sans trop se presser, il fallait qu’elle retrouve pleinement le sens humain, mais ça devait aller, elle avait facilement parcouru quelque kilomètre en dix minutes. Aaku était vraiment lente, elles étaient vachement éloignées l’une de l’autre. Bien sûr, si Aaku savait cela, elle se demanderait comment le griffon avait fait pour venir aussi vite, mais elle ne savait pas à quelle distance elles étaient l’une de l’autre, donc pas de problème.

Voila, elle arrivait au feu, et, il n’y avait personne, super, juste un feu au milieu des arbres. Elle devait être partie chasser. D’ailleurs, Faörih qui portait sans mal le cerf sur ses épaules, avait fait pareil. Elle s’assit par terre, elle n’avait qu’à attendre le retour de la jeune albinos. Elle déposa le cadavre, elle le mangera en tant que griffon car elle ne voulait pas le vider et tout ces choses qu’elle ne savait même pas faire. Non, elle attendait gentiment assise en tailleur, la venue de sa compagne de route.

L'animal dépecé dans les bras, le cadavre entier trop lourd pour elle, Aaku revint donc à son feu, pour faire cuire sa viande fraîche, son poignard ensanglanté rangé dans sa bottine. Elle zigzagua donc rapidement quelques mètres entre les arbres, pressée d'arriver près de la lumière, puis se retrouva au point de repère. Elle tomba donc nez-à-nez avec Faörih, souriante face à Aaku. Après l'avoir regardée de plus près, elle devait se demander qu'était la viande dans ses bras, enfin, surtout comment elle était arrivée là. La jeune mage rougit, ne savant que dire. La femme-griffon devait se demander comment elle avais tué ce cerf, tout du moins, avec quelle arme.

-J'avais un peu faim et j'en connais un peu de la chasse, alors...

Elle fit un sourire gêné à Faörih et vint s'asseoir auprès d'elle, en tailleur, se servant de brindilles comme pics pour faciliter la cuisson de ses morceaux de cerf. Elle fit donc cuire sa viande dans un grand silence, puis, la viande cuite à point sur chacune des branche, elle proposa une des brochette à Faörih en la lui tendant. Elle devait avoir faim, elle aussi, ayant probablement passé la journée à la chercher. Cette pensée fit rougir de plus en plus Aaku, qui lui avait fait faire un détour, par sa faute.

Attendre, bruissement, craquement. Tient, quelqu’un chose s’approchait, lourd et à deux pattes. Etrange, Sven l’avait-elle retrouvée ? C’était une bonne nouvelle. Le griffon ouvrit les yeux pour voir la chose venir. Elle sourit en voyant Aaku trainer maladroitement un cadavre de cerf sur son dos. Il n’avait même plus de patte. Et bien l’albinos savait se défendre pour finir, enfin… Le cerf était jeune à en juger par la taille de ses bois, mais c’était déjà pas mal. Faörih chercha une quelquonque arme qui avait servit à l’abattre. Après un rapide cou d’œil, elle vit que le bord de sa botte était tachée de sang, allons bon, un poignard dans sa botte. C’était normal, quand on était mage. Hors elle ne l’était pas. Ou peut-être bien ? Faörih évitait les mages, ils en voulaient à ses plumes, mais elle ne semblait pas l’être, il n’y avait donc aucun danger.

L’albinos commença à dépecer le cadavre, Faörih ne dit rien, mais regarda néanmoins, cela pouvait être utile pour ne pas être trop suspecte quand elle voyageait avec quelqu’un d’autre que des animaux. Tout était silencieux, le griffon espérait qu’elle s’endorme rapidement et n’entama pas de conversation pour cela. Elle mangerait en griffon quand elle se serait endormie. Aaku lui proposa à manger, mais Faörih déclina la nourriture d’un geste de la min en désignant son cerf, qui était bien plus âgés, ses bois étaient grands et lourds, mais un griffon contre un cerf adulte et dangereux était une partie de plaisir, d’autant plus qu’il n’était pas très agile. Le cadavre gisait pas terre, tel qu’il était quand il était mort. Sa nuque était tordue et il était encore chaud, ce qui trahissait sa récente mort.

-J’ai attrapé le mien sur la route pour venir te chercher. Je le mangerais plus tard.

Elle lui fit un grand sourire et s’allongea sur le dos, bien sûr c’tait étrange qu’elle ne le mangeât pas en même temps qu’elle, mais elle n’y pensait pas. Le griffon détacha le fourreau de son dos et secoua les épaules. Elle s’allongea à même la terre pour faire mine qu’elle allait dormir, mis la chaleur du feu la dérangeait un peu, elle roula plusieurs fois sur elle-même pour s’éloigner d’un mètre du feu. Elle avait le sang chaud, la chaleur l’importait peu, ça lui donnait encore plus chaud, ça la dérangeait. Elle rajouta quand même pour la presser, car son ventre gargouillait déjà :

-Allez, on se lève en même temps que le soleil demain, alors dépêche-toi de finir de manger et dors !

Elle ferma les yeux, c’était vrai, elles partiraient à l’aube, et là non plus, le griffon ne se rendit pas compte qu’elle allait « dormir alors qu’elle n’avait toujours pas mangé. Mais elle faisait souvent abstraction des détails comme ça. Mais elle voulait qu’Aaku se dépêchât quand même, parce que son ventre gargouillait trop.

Faörih refusa de partager le repas avec Aaku, lui montrant un corps de cerf plus âgé étendu sur le sol. D'après la forme de cette bête, elle l'avait abattue en lui tordant le cou. Elle lui avait tordu la nuque... Quelque chose d'impossible pour une jeune femme, aussi forte soit-elle. Oui, le cadavre présentait des traces de pattes, non celles de mains ou de liens, elle l'avait étudié, elle s'était donc encore transformée en griffon, probablement pour être plus rapide pour la retrouver et aurais tué cet animal pour son souper. Elle pensait probablement manger pendant le sommeil de l'albinos. Tout se tenait. Cette dernière se coucha donc devant le feu et dit précipitamment à Aaku de finir de manger puis de s'endormir. Demain, il faudrait encore se lever au lever du soleil. Cela ne dérangea pas la mage : elle avait pris l'habitude de se lever à l'aube, lorsqu'elle sentait la lumière sur sa peau. De toute manière, elle se réveillait toujours plus tôt, d'une terreur nocturne. Elle souhaita d'ailleurs ne pas en avoir cette nuit... Elle serait quand même bien mal, si elle se mettait à crier au beau milieu de la nuit, en sortant sa compagne de son sommeil.

Aaku finit donc de manger sa dernière brochette de viande et se coucha sur le sol. Il était froid et elle dormait habituellement avec une couverture certes légère, mais, qui procurait une sensation de sécurité pour elle. Sans cela, elle sentait un vide qu'elle ne pourrait remplir. Mais, elle devait s'y faire car si son but est de découvrir le monde, il est rare de trouver une auberge et même trouver l'argent pour la payer fut peu fréquent. Elle décida donc de s'endormir le plus rapidement possible. Elle ne voulait pas que, comme elle le suppose, Faölih ne meurt de faim. Aaku renonça même au fait de l'observer. Ça n'avait pas de sens. Elle ferma les yeux et essaya de dormir.

Aaku se leva au beau milieu de la nuit. elle s'assit un peu, puis se mit debout et marcha quelques minutes sans but. Elle repensa à Faörih. Était-ce normal qu'une créature accepte de suivre ainsi une humaine? Non! Ce n'était pas normal. Elle pensait sûrement la tuer dans son sommeil et en faire son repas ou alors, pire, peut-être pensait-elle à garder sa tête en guise de trophée. Ou alors la torturerait-elle, sans but précis, pour le plaisir. Elle pourrais facilement lui arracher les yeux, sans aucune difficulté... Aaku regarda sa bottine attentivement... Du sang, elle n'avait pas fait attention à ça. Elle sortit donc son poignard avec attention, puis observa la chasseresse qui dormait à côté d'elle. Elle était si paisible. Son visage était neutre. Aaku ne put se contrôler. Son poignard jouait avec ses pensées... La tuer, ne pas la tuer? La tuer bien sûr, la question ne se posait pas! C'était un jeu si amusant! Elle serra donc l'arme dans ses mains et d'un geste brusque poignarda la griffonne. Il y avait du sang partout sur sa magnifique robe blanche et ses bottines délicates. Ce n'était pas de chance, mince.

Aaku se réveilla en sursaut, la sueur perlant sur son front. Ce n'était qu'un rêve, non, plutôt un horrible cauchemar, encore pire qu'à ses habitudes. Pourtant, elle en avait vécu des nuits de terreur dans sa vie, mais, à cette ampleur, c'était très rare... Tuer cette femme, ça lui paraissait tellement invraisemblable! Elle ne pouvait pas tuer sans but, sans raison, et encore moins la femme qui était si gentille avec elle et avait accepté de l'avoir avec elle pour partir en ville. Elle aimait cette femme comme une amie. Elle ne pouvait pas la tuer, jamais.

Heureusement, l’albinos c’était relativement endormie, et sans rien dire. Faörih s’était donc transformée silencieusement en griffon et s’était éloignée avec son cadavre. Le griffon l’avait mangé rapidement et avait laissé la carcasse là sans y faire plus attention. Elle s’était rendormie à deux mètres du feu, elle aussi avait besoin de sommeil. Le sommeil était sans rêve comme à son habitude. Elle ne dormait que d’une oreille également, car un danger était bien possible pendant la nuit, surtout pendant la nuit. Mais quelque chose d’autre avait attiré son attention : Aaku. Celle-ci semblait agitée dans son sommeil. Faörih s’était relevé en levant un sourcil. Cauchemar ? Elle n’en faisait jamais pour sa part, mais c’était une jeune fille faible, c’était peut-être normal.

En s’approchant, elle put remarquer qu’Aaku bougeait beaucoup. D’ailleurs, elle attrapa le poignard de sa botte et commença à tranchait le vide. Ca n’étonna pas Faörih qui avait rarement peur, mais elle avait dû l’éviter pour ne pas se faire tuer. Aaku voulait-elle la tuer ? C’était fort peu probable. Mais Faörih ne voulait pas prendre de risque et lui avait plaqué le bras sur le sol pour la désarmer. Il n’y avait plus de danger. Elle la regarda en lâchant son bras, elle l’avait tenue un peu fort, un bleu se dessinait déjà dessus. Evidemment, elle n’aurait pas dû utiliser sa main renforcée, mais ce n’était pas trop grave, elle n’allait pas le remarquer, probablement. Elle la dévisagea, qui pouvait se promener seule dans les bois avec seulement une dague, sans armure et sans sac. Le griffon supposait également qu’elle ne possédait pas d’argent. Elle se rassit par terre à côté d’elle en soupirant. Le soleil allait se lever dans deux bonnes heures, elles pouvaient bien partir maintenant. Mais il fallait que l’autre se réveille. Elle attendit donc en fermant les yeux et en écoutant le bruit qui venait de la forêt, c’était beau.

Quelque temps après, l’albinos se réveilla en sursaut, Faörih sourit et regarda l’horizon, bien, elles allaient gagner du temps. Le griffon lui sourit en se penchant vers elle.

-Bien, tu es réveillée, on va en profiter pour partir maintenant, car j’ai dû retourner pas mal sur mes pas. Tu as intérêt à me suivre, parce que la prochaine fois, je ne viendrais pas te rechercher.

La blonde se leva énergiquement en s’étirant. Elle ramassa son épée et sauta plusieurs fois sur place pour faire circuler son sang. C’était rafraichissant de marcher un peu avant l’aube, et même sous sa forme humaine, elle prenait difficilement froid. Elle rajouta en se tournant vers Aaku :

-On ne mange pas, et on part dans cinq minutes, ramasse ton poignard qui est à terre, fait tes préparatifs, moi je suis prête, j’attends.

Elle s’appuya sur un arbre en croisant les bras, un sourire suffisant au visage. Faörih espérait que l’albinos allait faire un effort pour rester avec elle, car le griffon ne ralentirait pas l’allure pour elle, et à son rythme, elle était sure d’atteindre la ville avant midi.

Aaku regarda autour d'elle, avec un soupir de soulagement. Ce cauchemar l'avait vraiment stressée au plus profond d'elle-même. Son coeur battait encore à du cent à l'heure que Faörih lui annonça déjà la suite des évènements. Bien, elles partiraient plus tôt, autant ne pas perdre de temps. Elle accepta l'ordre de la jeune femme, plutôt énergique pour l'heure qu'il était : elle ramassa ses affaires, enfin, la seule chose qu'elle avait emporté était son poignard sur le sol. Elle se demanda d'ailleurs pourquoi il n'était plus dans sa botte. Elle ramassa donc son seul bien et regarda l'autre femme appuyée contre un tronc d'arbre. Elle avait l'air de bien profiter de l'instant, malgré ce départ précipité. Peut-être était-elle déjà levée depuis un moment, même si Aaku était plutôt réticente à cette idée. La jeune femme aurait pu la voir, après tout, elle avait l'habitude de gesticuler lors de son sommeil. Enfin, ce n'était qu'une supposition, n'ayant personne pour confirmer, ça devenait difficile à dire. Elle se mis alors debout, regardant sa compagne de route.

-Je suis prête!

Elle fit un sourire approbateur, ses pommettes rougissantes hautes, ne pouvant s'empêcher de fermer les yeux. Une chose la choqua à ce moment: elle ressentait une légère douleur au bras, et, vérifiant, remarqua qu'elle ne pouvait se l'être faite en tombant ou en s'écorchant dans la foret. Non, il s'agissait d'un bleu qui enrobait alors tout son poignet. On l'avait serrée, et, on aurais dit qu'elle s'était débattue. Qu'avait-elle bien pu faire durant son sommeil?

Aaku ne semblait pas avoir remarqué qu’elle avait accidentellement failli la tuer. Enfin, même par surprise, il était difficile de surprendre le griffon. Elle l’avait suivi des yeux ramasser ses affaires. Faörih se dit que l’albinos souriait bien beaucoup, mais semblait aussi souvent gênée ou décontenancée. Elle était faible, était-ce pour cela ? La jeune femme sentait qu’elle devait la protéger, car, protéger les faibles, c’était ce que faisaient les hommes non ?

Quand Aaku eut fini de ramasser sa seule possession, à savoir son poignard, et constater qu’un bleu était apparu, elles se mirent en route. Faörih n’avait toujours pas ralentit le rythme par rapport à hier, mais le griffon regardait plusieurs fois en arrière pour voir si elle la suivait. Mais au bout de quelques minutes, elle arrêta pour se concentrer sur la route. Elle passa le tronc de la dernière fois, c’était fou comme Aaku avait pu être lente pour n’arriver qu’ici après une journée de marche. Elle était tentée de la prendre sur son dos, mais ça les ralentirait plus qu’autre chose, et Faörih ne voulait pas se transformer en griffon, ou seulement en cas d’extrême nécessité. Et puisque ce n’était pas le cas, elle n’avait aucune raison de le faire.

Sachant qu’Aaku était souvent dans la Lune, car elle l’avait remarqué, et commença à siffloter. Elle était à moitié oiseau après tous, elle savait siffler, même si ça n’avait pas vraiment de rapport. La mélodie était joyeuse, entraînante et Faörih espérait qu’elle tienne Aaku sur la terre. Elle ne s’essoufflait pas même en sifflant pendant un certain temps, et puis d’un côté, ça permettait à Aaku de la retrouver si elle prenait un peu d’avance, deux en un.

Faörih arriva rapidement à la rivière où elle s’était arrêtée la dernière fois, et elle fit la même chose, elle plongea son visage dans l’eau et bu de grande gorgée. Elle s’arrêta une ou deux minutes, assise par terre, pour laisser le temps à l’eau sur son visage de sécher au soleil. Et peut-être un peu pour qu’Aaku reprenne son souffle. Elle ne savait pas si elle la suivait encore, mais elle supposait que oui cette fois-ci.

Faörih se mit donc en route, suivie par Aaku qui n'eut pas de problème pour la suivre, malgré la vitesse de celle-ci. En effet, la mage se demandait encore comment elle pouvait marcher naturellement à ce rythme. Elle faisait de grand pas élancés et rapides en sifflotant une mélodie fort joyeuse, probablement comme la chasseresse. Cette dernière vérifiait d'ailleurs régulièrement si Aaku la suivait, probablement pour vérifier qu'elle se perde encore, comme la veille. Aaku fit donc un effort pour rester concentrée sur le chemin et sur sa coéquipière. Elle savait qu'une deuxième erreur comme celle-là ne la ferait pas très bien passer pour la jeune femme. Elle ferait tout son possible pour ne pas que ça arrive...

Arrivée à une petite rivière dont de minuscules poissons nageaient entre les pierres, Faörih plongea son visage dans cette eau si claire et s'assit quelques minutes. Les gouttelettes ruisselaient sur le visage de la femme aux yeux vairons qui avait plutôt l'air d’apprécier le soleil assez présent en ce jour. Aaku s'assit donc comme elle et observa le petit cour d'eau avec émerveillement. Quel beau spectacle que la nature pouvait nous offrir. Les oiseaux volaient gracieusement dans le ciel en chantant leur symphonie, ma fois habituelle, mais en même temps si captivante. S'étant donc arrêtées quelques minutes, elle se releva et fit un sourire à sa compagne de route. Il était temps de repartir en route pour la ville...

Aaku ne semblait pas avoir de difficulté à la suivre, la preuve, la pause ne semblait pas avoir été nécessaire. L’albinos était déjà debout, et Faörih fit rapidement pareil en sautant sur ses pieds. Elle lui sourit et entama la marche. Le griffon avait cessé de siffler, pour admirer le paysage. Magnifique, mais elle voulait savoir dans combien de temps elles allaient arriver. Elle grimpa donc dans un arbre d’un pas léger et assuré. Elle pouvait voir les toits de la ville, c’était pas mal. Elle fit un saut gracieux pour repartir rapidement vers sa destination.

Le griffon ne voulait pas s’arrêter avant d’y arriver, elle prit donc plusieurs raccourcis, pensant qu’Aaku pouvait les passer, même avec un peu de difficulté. Faörih se mit même à escalader plusieurs passages. Elle savait qu’il y avait d’autre chemin plus facile et qui prenait autant de temps que celui qu’elle empruntait, mais elle s’amusait également à voyager ainsi. C’était revigorant et puis elle entretenait sa forme humaine.

Pendant encore une bonne partie du trajet, pas un mot ne fut prononcé, pas de pause prise, ni pour manger, ni pour se reposer. Mais Faörih commençait à avoir mal au pied avec cette forme, ce n’était pas pratique, il fallait dire qu’elle n’avait pas prévu de devoir remarcher tout un passage à cause de son compagnon de route. Le griffon s’arrêta net pour soupirer. Mais un bruit attira son attention, un lapin. Tiens donc, elle ne voulait pas manger, ayant mangé un cerf entier le soir d’avant, ce qui était bien assez pour tenir jusqu’à midi et plus. Mais elle ne pouvait pas s’empêcher de poursuivre les lapins, quand bien même elle était sous forme humaine. Elle dévia donc du sentier qu’elle empruntait pour lui courir après tel un prédateur, un grand sourire aux lèvres. Elle en oublia même Aaku qui devait se trouver derrière elle. Mais de toute manière, après avoir sauté d’un rocher pour arriver sur le lapin et l’avoir attrapé par les oreilles, elle s’arrêta et repartit dans l’autre direction. Le lapin ne se débattait plus, il devait avoir compris qu’elle ne lui voulait pas de mal, elle l’avait même prit dans ses bras jusqu’à son retour sur le sentier ou Aaku se trouvait. Elle lui sourit en redéposant le lapin.

-J’ai eu une envie irrésistible, tu ne peux pas comprendre. Bon continuons, on est bientôt arrivé.

Le lapin s’en alla sans trop se presser, et Faörih continua la route comme si rien ne s’était passé du tout. De toute façon, qu’y avait-il de mal à attraper un lapin sauvage pour ensuite l’emporte un peu avec soi ?

L'autre femme se releva et elles se remirent en route rapidement. Il n'y avait pas de temps à perdre, plus vite elles seraient arrivées, mieux ce serait. Aaku vit Faörih grimper dans un des arbres de la forêt, probablement pour voir la longueur du chemin qu'il leur restait à parcourir. Elle sauta gracieusement pour redescendre, manquant de retomber sur la jeune mage sans s'en rendre compte. La route qu'elle empruntait était des raccourcis, semés d'embûche et Aaku manqua plusieurs fois de tomber, trébuchant sur chacune des racines de chemin. Elles avaient choisi un chemin assez abrupte pour faire le moins de chemin possible, mais, l'albinos commençait à le regretter. Elle se maudissait intérieurement de s'être trompée de chemin la première fois et elle commençait à avoir mal au jambes, à force d'escalader les branchages.

Essoufflée, Aaku regardait le ciel, il était d'un bleu azur et était tacheté de petits nuages blanc semblables à du coton. Que c'était beau ! Regardant en l'air tout en marchant, elle réussit même à apercevoir un écureuil qui passait d'arbre en arbre. Elle aimait la couleur de leur pelage. Les animaux au pelage roux étaient rare. En y réfléchissant, il n'y avait que les renards comme autres animaux de cette couleur. Non, tout compte fait, les griffons et autres créatures avaient régulièrement ce coloris.

Une simple phrase fit sortir Aaku de ses pensées. Faörih revenait d'un autre sentier avec un petit lapin marron bien à son aise dans ses bras. Elle se demanda quand même ce que faisait une telle bête avec elle. Elle ne comprenait pas ce qu'il se passait, elle n'avait même pas constaté la disparition de sa coéquipière qui lâcha le petit animal s'en allant d'un air tranquille dans la forêt. Que se passait-il? Enfin, bref, son amie était de retour, c'était tout ce qui l'importait.

Elles continuèrent donc leur chemin au même rythme, bientôt arrivée à l'orée du bois. Aaku se réjouissait déjà de voir la bibliothèque de Lotheican, si réputée pour contenir un grand nombre de livres. Elle s'avait qu'une fois arrivée, elle passerait probablement des heures dans cet endroit, si magique pour elle, feuilletant tout les ouvrages de sciences ou de magie qu'elle pourrait trouver. Mais, elle n'était pas encore là-bas. Il restait encore approximativement cinq kilomètres avant d'y être. Ce long voyage porterait enfin ses fruits.

Lent, c’était un rythme trop lent… Faörih soupira pour la dixième fois, elle en avait marre de marcher, elle voulait voler ! Ses poings lui démangèrent, elle n’avait pas chassé depuis trop longtemps ! Elle se frappa la tête. Non, ça irait, elle tiendrait la route, ou pas. N’y tenant plus, elle attrapa Aaku par les bras et la chargea sur son épaule comme un sac de patate. Elle était légère heureusement. Le griffon sourit, maintenant elle pourrait aller aussi vite qu’elle voulait.
Elle commença à courir sans avoir l’air d’être entravée par un poids quelconque, elle avait l’habitude. C’était bon de pouvoir courir ! Elle sautait partout, courait en slalom, faisait des virages très serrés en s’aidant des troncs. Un grand sourire naquit sur ses lèvres, quel bonheur que ceci ! Et avec ce changement de moyen, elles arrivèrent en dix grosses minutes à l’orée de la foret. Faörih fit descendre l’albinos de son épaule. Elle massa un peu son épaule en inspirant fort. Sachant pertinemment qu’Aaku allait poser la question, elle l’arrêta d’un geste de la main et lui dit :

-Non, je n’arrivais plus à simplement marcher, je ne m’excuserais pas. Et puis, ça t’as évité de marcher !

Elle lui sourit, bien sûr Faörih voyait le bon côté des choses, et elle espérait que son compagnon allait faire de même. Et non, elle n’allait pas s’excuser pour quelque chose qu’elle considérait comme un service qu’elle lui avait fait. C’était vrai, Aaku n’avait eu qu’à s’accrocher pendant environ cinq kilomètres, et de toute façon, quand bien même elle voulait se débattre, Faörih était bien plus forte que l’albinos. Le griffon se laissa tomber par terre. Elle avait un peu mal aux jambes d’avoir porté un poids en plus, mais elle s’était bien amuser à sauter partout.
Et puis, c’était une faveur de la prendre sur elle, car en tant que griffon, elle ne l’avait jamais fait et ne comptait pas de sitôt. Jamais elle ne se ferait dominer par quelqu’un, et si jamais une personne monterait sur son dos, c’était elle qui commanderait, et jamais les autres. Mais de toute manière, elle ne voulait pas quelqu’un sur son dos.

Elles avançaient toutes deux tranquillement, arrivant enfin à la fin de la forêt. Soudain, dans les cinq derniers kilomètres, sans raisons apparentes, Faörih empoigna Aaku par le bras pour la porter. Quelle drôle d'idée... La jeune femme, emportée alors comme un sac à patate dans la course de la chasseresse, fut totalement désorientée. Elle se laissa porter, étourdie par une telle démarche. Elle ressentait lourdement chacun des pas de sa porteuse, courant à toute allure entre les arbres sans ne lui dire aucun mot. Elle se sentait tellement comme un poids pour sa compagne de route qui ne la prenait pas avec des baguettes. En arriver à ce qu'elle la porte ainsi sur son épaule. Enfin, il fallait dire, que ce fut quand même un drôle de réflexe venant d'une jeune femme. Mais, venant d'un griffon, c'était différent. Elle ne le pris pas mal, connaissant la maladresse de celle-ci.

-Non, je n’arrivais plus à simplement marcher, je ne m’excuserais pas. Et puis, ça t’as évité de marcher ! Lui avait-elle dit.

Elles arrivèrent assez rapidement à l'orée du bois. Aaku était encore un peu sonnée par le trajet secoué. Elle v'avait pas vraiment l'habitude de ce genre de transport. Elles avaient parcouru cinq bons kilomètres en si peu de temps ! Son amie la posa alors sur le sol, la lâchant quasiment par terre tellement elle n'usa pas de la douceur avec elle. Après quelques secondes où elle se remis les idées en place, Aaku observa enfin le paysage qui se trouvait devant elle.

C'était alors ça la ville des mage, Lotheican. Elle n'avait pas changé ! L'endroit était magnifique. Elle pouvait y voir un nombre incroyable de bâtiment d'un blanc dominant toute les autres couleurs. Elle avait vécut à l'écart de la cité durant si longtemps, dans la forêt reculée dans les montagnes. Elle repensa à la grande bibliothèque. C'était la raison pour laquelle elle était venue. Elle rêvait de pouvoir feuilleter chacun des livres de cet endroit et en particulier les anciens grimoires contenant des sorts qu'elle pourrait apprendre. Elle avança alors sans faire attention jusqu’au croisement de la route pavée devant elle, s'arrêtant nette au milieu de la route. Quels nombreux souvenirs de son enfance cette ville lui rappelait.

Aaku ne semblait ne pas avoir rouspéter, cette fille était bizarre. Sans mot dire, elle partit vers la ville. Faörih soupira, elle aurait pu lui dire merci, mais bref, ce n’était pas grave. Le griffon se leva d’un bond et la suivit d’un pas toujours aussi rapide. L’albinos semblait aller à la bibliothèque, Faörih n’y était jamais allé, c’était à peine si elle savait lire, elle avait appris les bases, mais elle n’avait pas trop la motivation… Elle n’en avait que pour les quêtes, et encore, elle écoutait et observait les autres aventuriers parler des quêtes pour ne pas à avoir lire toutes les propositions. De plus, elle n’avait aucune envie de lire des trucs qu’elle ne voulait pas savoir. Quand elle arriva devant Aaku, elle réajusta sa cape et se tourna vers l’albinos.

-Bon, je ne vais pas rester plus longtemps, moi les livres je les mange ! Non, je rigole, j’ai rien dit, à la prochaine !

Elle se tourna et vit quelque chose qui la fit sortir de ses gonds, un marchant poursuivait une femme qui semblait lui avoir dérobé quelque chose. Erreur, cette fille ne devait pas avoir plus de 18ans. Les passants la regardaient sans intervenir, voilà une raison pour laquelle le griffon n’aimait pas les humains, ils se foutaient de ça ! Faörih vit que la voleuse se dirigeait vers elle. La jeune femme empoigna son épée et attendit, le visage neutre mais les sourcils froncés. Quand la voleuse arriva à sa hauteur, Faörih dégaina et fit un mouvement très rapide avec son épée. La main de la jeune fille se détacha de son bras dans une giclée de sang. Les bijoux qu’elle tenait volèrent par terre dans un cri de douleur. Le griffon fit un mouvement vif pour enlever le sang de son épée jaune et la rengaina. Un sourire en coin se forma sur ses lèvres.

-Tu apprendras qu’il ne faut pas voler, c’est la Loi. Et la prochaine fois, ce sera ta tête qui va rouler, pas ta main.

Le marchant arriva et reprit ses bijoux en remerciant le griffon, elle lui rendit un sourire. Voila, justice était rendue. Faörih se retourna vers Aaku et lui sourit.

-Tu es prévenue l’Albinos, enfreint la Loi en ma présence et tu finiras comme elle, ou pire.

Aaku compris que Faörih n'avait pas l'air d’apprécier l'idée d'aller à la bibliothèque, la seule raison pour laquelle la jeune mage avait décidé de faire équipe avec elle. Elle fut un peu triste à l'idée de devoir quitter son amie et par la même occasion, se retrouver seule à nouveau, mais, elle ne pouvait passer à côté de ce pourquoi elle avait voyagé si longtemps.

Une chose attira quand même l'attention des deux femmes. Il s'agissait d'un homme qui avait l'air de poursuivre une jeune femme. Cette dernière tenait quelque chose dans ses mains, qu'on pouvait deviner être des bijoux, brillant sous le soleil de la douzième heure. La mineure venait probablement de les dérober au marchand qui la poursuivait alors, pour récupérer son bien volé. La jeune femme au cheveux blanc put constater Faörih poser la main sur son épée lorsque la fugitive arrivait vers elle. Comprenant la suite, elle n'osa regarder ce qui allait se passer. Elle entendit un cri épouvantable de cette dernière. Rouvrant alors les yeux, elle aperçut alors la main de la voleuse sur le sol, baignant dans une mare de sang. Après avoir lancé un avertissement à celle-ci, un léger sourire en coin, Faörih se tourna vers Aaku et la menaça de subir le même sort si elle enfreignait elle-aussi la loi. Cela l'effraya un peu, même si elle savais que jamais elle ne s'abaisserait au vol. Elle ne se permettrait jamais d'avoir commis un tel acte. Ses remords lui feraient vivre des nuits encore pire que celle qu'elle vit actuellement et elle ne le supporterait pas.

Elle se rappela quand même un détail qui la chiffonnait. Elle n'avait pas encore osé demander la vraie nature de Faörih. Pourtant, elle y pensait tout le temps. C'était ce qui prenait le plus de place dans sa tête. Pouvait-elle croire ses yeux se jour-là? Ils lui avaient peut-être juste joué un tour. Un mauvais tour, certes. Elle aurait voulu observer de plus près ses longues plumes couleur or. Elle repensait à ce moment.

Elle sursauta un instant lorsqu'elle se rendit compte qu'elle était en train de fixer celle-ci, en pleine réflexion, sans le vouloir. Elle se lança alors, le coeur battant, sans réelle idée de la réaction de la jeune femme après sa question.

-J'ai quelque chose à te demander... Lui dit-elle enfin.

Elle avança alors lentement vers elle dans le doute et lui murmura alors à l'oreille.

-Es-tu vraiment un griffon...?

Elle posa la question rapidement, comme pour se débarrasser d'un poids. Elle recula d'un pas. Elle était gênée d'une telle démarche et elle n'arrêtait pas de penser. Elle avait un doute... Et si elle s'était trompée, comment réagirait la jeune femme? Peut-être prendrait-elle Aaku pour une folle? Croire réellement en une créature sortant directement des contes de fées comme un griffon, c'était imbécile, tout compte fait...

Aaku ne semblait ne pas avoir réagit à sa déclaration, à quoi bon, si elle n’avait jamais commis de crime, ce qui devait être vrai puisqu’elle semblait incapable de s’attaquer à un humain. Faörih soupira, pourquoi la regardait-elle ainsi ? Elle avait un QI moins élevé que la moyenne ? Peut-être était-elle stupide alors, mais sans le faire exprès. Une simple d’esprit quoi. Ca expliquait les absences dans la réalité et le fait qu’elle se soit perdue la prochaine fois. Cela expliquait aussi qu’elle ne lui parlait jamais, alors que ses autres compagnons de routes le faisaient souvent eux. Oui, c’était la raison, elle était simple d’esprit et faible, la nature ne l’avait pas gâtée, de plus le fait d’être Albinos la rendait très sensible au UV, Faörih en savait quelque chose pour avoir observé les animaux de Midgard, les albinos n’étaient pas fan de soleil.

Quoi qu’il en était, Aaku semblait toujours absente, le griffon avait donc décidé de s’en aller, elle n’avait plus rien à faire avec elle. Mais celle-ci l’interpella. Et bizarrement, elle lui demanda si elle était un griffon. Bingo. Comment savait-elle ça ? Un sourire fendit le visage du griffon. Elle lui tourna le dos pour prendre la route. Elle leva son pouce en l’air et dit :

-Touché.

Et elle s’en alla, on l’avait découverte, pas de bol. Mais tant pis, le mal était fait, et si elle s’ne était doutée, c’était qu’elle devait l’avoir vue au moment de sa retransformation. Le griffon ne pouvait donc pas nier son affirmation. Et de toute manière, qu’Aaku le sache ou non, que cela pouvait-il faire ? Elle allait le raconter à tout le monde ? Elle habitait toute seule à presque une centaine de kilomètres d’une ville. Rien de grave en soit, mais elle ne devait pas voir beaucoup de gens. Faörih sourit, elle devait faire plus attention ! Elle était sûre de n’avoir vu personne dans les alentours. C’était une souris. Un rire s’échappa de la bouche de Faörih, oui, une souris ; ça la décrivait bien. Cheveux blancs, yeux rouges, qui ne parlait jamais et simple d’esprit. Et pour finir, discrète et fragile. Une souris blanche, un griffon et une souris, belle rencontre.