Aaku finit enfin par trouver l'endroit, après quelques heures de marche intensive. Même si techniquement, s'étant évidemment encore perdue bêtement, elle ne se trouvait, à l'orée de la forêt, qu'à seulement un petit kilomètre de la grande et majestueuse bibliothèque de Lotheican. Ce nom résonnait dans la tête de la jeune fille si émerveillée à l'idée de feuilleter tout les livres qu'elle souhaitait une fois là-bas. Quel bonheur d'avoir autant de savoir à porter de main. Elle regrettait amèrement d'habiter si loin de cet endroit. Si elle ne vivait pas dans la forêt si reculée de cette ville si peuplée, peut-être passerait-elle ses journées entières là-bas. De toute manière, que faire d'autre de ces journées? Apprendre était son passe-temps favoris.

Subjuguée par la grandeur de la porte qui la séparait des étagères entières de livres, elle s'était arrêtée nette, la main à peine posée sur la poignée vernie, d'un bleu qui virait plutôt vers le gris par endroit. Elle regarda en l'air et se décida finalement à entrer à l'intérieur. Il faisait si silencieux. C'était si agréable... Elle fut ébahie par la hauteur du plafond. Les étagères entièrement remplies de bouquins divers étaient si grande que l'on avait du y poser de longues échelles pour accéder aux ouvrages les plus hauts placés. Elle fut si émerveillée qu'elle entra en collision avec une dame transportant quelques livres. Elle l'aida finalement à ramasser ceux-ci, puis lui fit un sourire gêné. Elle ne pouvait s'empêcher de s'attirer des ennui à cause de sa maladresse maladive.

La jeune mage au cheveux blancs s'approcha enfin d'une étagère et parcourut les ouvrages qui s'y trouvaient. Il y en avait beaucoup qui avaient l'air d'être des livres d'histoire, mais, n'était pas très bien classés, elle peina à en retrouver qui traiteraient de sciences. Elle les accumula finalement dans ses bras surchargés. Elle finit par en avoir tant qu'elle ne pouvait plus voir ce qu'il y avait devant elle. Elle passa alors sa tête sur le côté de la pile, pouvant au moins distinguer assez de se qui se trouvait devant elle que pour rejoindre une table.

Elle chercha du regard et finit par trouver un bureau libre pour y lire ce qu'elle avait trouvé. Elle marcha alors rapidement vers la chaise, mais, arrivée quelques pas avant, elle trébucha soudainement et en lâcha tout ses livres qui volèrent alors dans la pièce. En un instant, toute ses recherches s'étaient retrouvées par terre... Qu'est-ce qui avait bien pu la faire tomber comme cela ?

• Lotheican
  
  Drazh avait repris une vie normale depuis presque six mois, quand une missive parvint à sa forge qu'il avait réussi à restaurer après le cataclysme de la téléportation et son passage par la prison d'Utguard. Cette lettre lui demandait, de la part de son collaborateur, d'aller se renseigner sur un métal dénommé "aluminium", dont il avait entendu parlé et qui semblait être d'une légèreté sans pareil, qui pourrait grandement aider le Nain dans la confection de torques et de bagues qui était, aux dires de leurs propriétaires, trop lourdes. En même temps, le forgeron n'avait jamais créé que des armes, mais on lui avait demandé de se diversifier et il n'était pas encore habitué à ses outils de joaillier. Il partit donc pour Lotheican et sa Grande Bibliothèque, dont la rumeur voulait qu'elle contienne tout le savoir de la Terre du Milieu.
  
  Après avoir enfourché son cheval, qu’il avait rencontré dans le Niflheim et qu’il avait nommé « Bronze »,
  non pas en rapport avec la couleur de sa robe, mais plutôt par envie de lui attribué le nom de son métal préféré, il sortit de Tubalcain et fit galoper son canasson jusqu’à Lumïa.
  
  Là il se restaura et dormi. Il resta encore quelques jours, le temps que son compagnon de route se repose de sa longue cavalcade dans les rocheuses. Il finit par quitter la ville au bout d’une semaine, après avoir donné quelques conseils à son seul homologue dans toute la cité.
  
  Ce n’est qu’après quatre semaines de voyage, et en pensant qu’il lui en faudrait autant pour revenir et que Hinata ne serait certainement pas très heureux de son retard, qu’il put faire garder Bronze aux écuries de la grande ville des Mages.
  
  Il courut jusqu’à la Bibliothèque en toute hâte pour ne pas gâcher encore plus de temps, tout en sachant que les précieuses minutes qu’il gagnerait en allant chercher le livre concernant le métal seraient rentabilisée par une soirée à la taverne du coin, en espérant que les Magiciens, dans leur besoin de concentration, n’aient pas rasé l’établissement.
  
  Il monta quatre à quatre les marches menant au seuil du bâtiment et ouvrit les grandes portes de bois sculptées de ce lieu servant à conserver de vieux ouvrages. Il se rendit aux archives où tous les noms des livres étaient entreposés et classés suivant leur disposition.
  
  Assez vite, il trouva ce qui le concernait et s’en alla chercher le manuscrit. Il passa le grand hall, éclairé de centaines de torches métalliques, finement réalisées, et vit au loin une sorte de masse de cheveux farfouiller dans les livres, il ne s’en préoccupa pas plus que cela et continua à chercher son traité sur l’aluminium. Passant de rangées et rangées, la Bibliothèque n’allant qu’en s’agrandissant.
  
  Avançant calmement entre les sections, sans se presser le moins du monde, il entendit des petits bruits de pas venant de derrière lui, sûrement la jeune femme aux longs cheveux, D’une couleur singulière, pensa alors Drazh, étant donné que ces derniers étaient blancs à leur base et déviaient, tons sur tons, vers un beau violet, rappelant au Nain, ces joyaux qu’il avait pu observer dans les boutiques de Lumïa. Il se retourna, pensant pouvoir encore voir cette sublime couleur, et ne vit qu’une masse de livres se précipiter vers lui. Le corps de la demoiselle lui rentra dedans, il était frêle mais le choc déstabilisa le forgeron, qui, à la suite de la jeune fille, s’écroula au sol.
  
  Il se releva d’un bond et courut vers elle, pensant que les livres lui avaient peut-être causé des blessures. Elle était allongée sur le ventre, une main gisant dans son dos, l’autre, était entrelacée entre les livres qu’elle avait essayé de protéger de la chute. Le Nain l’aida à se mettre en position assise et pu enfin voir son visage. Elle était d’une grande beauté et sa peau était d’une finesse digne d’une jeune aristocrate, pas comme les Naines, dont on pouvait, dès le plus jeune âge, voir apparaître des rides dues au travail. Ses trais étaient figés sur une expression de peur. Elle n’avait pas dû le voir, à cause de sa pille de livres. Le forgeron lui dit :
  
  
  Alors petite, rien de cassé ? On dirait que t'as eu une sacrée frousse. Faudra regarder ou tu mets les pieds la prochaine fois.
  
  
  Il semblait à Drazh qu'elle n'avait pas encore remarqué qu'il était un Nain. Il décida donc d'entamer les présentations.
  
  Je me présente, je m’appelle Drazh Thoragrim. Je suis forgeron à Tubalcain et de surcroit, je suis Nain. Puis-je savoir qui j’ai eu l’insigne honneur de bousculer ?
  
  
  Elle l’observa, de ses grands yeux rouges, sans vraiment donner de réponse, mais plutôt en essayant de déchifrer les paroles de Drazh.
  Quel idiot je fais ! Je lui ai parlé en Nain !
  Drazh reprit sa phrase en l’adaptant à la langue humaine. Il observa la jeune fille écouter ses paroles, elle était vraiment magnifique, sans que le Nain éprouve quelque sentiments, car il savait qu’il était trop vieux pour les Humaines, trop jeune pour les Elfes. Et il n’osait, pour ne pas contrarier les dieux, jamais porter le regard sur les attributs de quelconque femelle de quelconque race.
  
  C’est alors qu’il entendit enfin la voix cristalline de la jeune femme qui se décidait enfin à lui répondre.
  

 

La jeune mage tenta quand même d'attraper quelques livres dans sa chute, de manière à ce qu'il lui faille moi de temps pour tous les ramasser, mais, elle s'écroula malgré tout de tout son long sur le sol froid de la bibliothèque, retombant a plat ventre. Elle était encore bien tombée cette fois si. Mais, la question lui revint. Qu'est-ce qui avait bien pût la faire tomber ainsi ? Elle observa enfin ce qui se trouvait à ses pieds, encore légèrement sonnée par sa chute si soudaine.

Devant elle se tenait un être trapu d'une taille anormalement petite qui étonna la jeune femme. Il paraissait vieux et possédait une longue barbe gris sale joliment tressée par endroit. Elle n'avait jamais vraiment pu observer d'homme aussi petit de toute sa vie. Debout, il ne semblait ne lui arriver qu'à la taille. Il ne devait pas être plus haut que ça. Ce dernier l'aida gentiment à s'asseoir, de ses bras qui, malgré leur taille ne semblaient pas frêles dans son armure, bien au contraire.

Elle plongea enfin son regard dans celui du petit homme. Il avait les yeux d'un blanc déconcertant, si bien qu'elle eut l'impression que son regard la transperçait de part en part. C'était une sensation étrange que d'être face à lui. Elle eut du mal à s'en détacher, c'était comme un aimant, ça la captivait. Elle ne su distinguer son iris de sa pupille. Son oeil entier était de cette couleur plutôt insolite.

Le petit être se mit alors a prononcer des paroles incompréhensibles pour la jeune femme. Avait-elle les oreilles bouchées ou cet homme s'exprimait-il dans un langage qui lui était inconnu ? En y réfléchissant, il ne lui sembla pas qu'il s'agisse de la langue elfique qu'elle avait déjà pu entendre auparavant par des voyageurs de la forêt montagneuse ou elle habitait. Non, ce n'était pas ça, la langue du petit être devant elle semblait moins fluide, moins mélodieuse que celle que les elfes parlaient couramment entre eux.

Après quelques phrases qu'elle ne pu déchiffrer, malgré qu'elle essaya tant bien que mal, il s'excusa et se reprit dans une langue, cette fois si bel et bien humaine. Il s'exprimait d'un langage soutenu, qu'elle écouta attentivement, agréable pour les oreilles de la jeune femme d'enfance noble. D'après lui, il était un nain. En effet, cela expliquerait sa petite taille et ce langage inconnu dans lequel il lui avait parlé le première fois. Pourquoi n'avait-elle pas envisagé cette solution depuis le début? C'était logique. De plus, il ressemblait fort à l'idée qu'elle se faisait des nains grâce aux livres et son nom était propre à sa race. Drazh disait-il s'appeler.

Aaku se sentait en confiance face à lui et décida de répondre à sa question, c'était demandé si gentiment. Drazh s'était présenté à elle, il en était de son devoir de faire de même. D'un ton amical, elle lui répondit, les pommettes légèrement rosées, encore gênée par l'accident qu'elle venait de provoquer:

-Je m'excuse de mon inattention, c'est moi qui ai provoqué ta chute, j'aurais du être plus attentive à ce qui m'entourait. Mon nom est Aaku, enchantée de faire ta connaissance, Drazh.

Elle s'inclina et lui fit sa plus profonde révérence, souriante, tenant de ses mains délicates sa robe d'un blanc si clair que la neige. C'était la moindre des choses pour quelqu'un qui c'était si gentiment présenté à elle, sachant qu'elle l'avait maladroitement fait tomber sous sa pile de livres. Elle termina d'ailleurs de ramasser ceux qui étaient encore éparpillés sur le sol et se tourna vers le nain qu'elle venait de rencontrer.

-Au fait, si cette question ne t'importune pas, qu'elle est la raison de ta venue ici ? Je suis de nature curieuse et ta réponse m'intéresse. Personnellement, je suis arrivée ici dans le but de trouver des livres de sciences ou autre pour me divertir.

Elle regarda finalement le petit homme en armure, souriante. Elle aimait tant rencontrer des gens et n'en avait pas souvent l'occasion dans la forêt profonde c'est pourquoi elle avait profondément envie d'engager la conversation avec lui. Rares était les voyageurs empruntant le sentier qui passait devant sa maison. Les groupes avaient l'habitude de passer plutôt par les raccourcis, et non de s'engouffrer jusqu'au milieu de la forêt là où elle se trouvait, en toute logique.

Après quelques minutes de réflexion, Drazh, finit par répondre à la jeune fille qui était impatiente de pouvoir parler avec lui. Il paraissait si chaleureux, mais, elle le ressentit comme ça, un peu timide face à elle. D'après lui, il était venu chercher un ouvrage traitant d'un métal des plus légers. Probablement parlait-il de l'aluminium ou d'une autre matière semblable à celle-ci. Elle en avait en effet déjà lu les vertu quelque part, sans pour autant qu'elle ne sache réellement où. C'était souvent comme ça, elle avait l'habitude d'oublier la majorité de ses sources, à son grand malheur ainsi qu'à celui de ses proches.

Ils parlèrent ainsi un instant, pour le bonheur de la jeune fille qui découvrait la personnalité de son interlocuteur dont les yeux l'observait attentivement, sans qu'elle ne ressente de réel malaise en sa présence. Elle constata que les Nains n'étaient pas si différents des hommes en fin de compte, du moins, elle en eut la conviction après les quelques minutes où ils discutèrent ensemble.

Elle vit peu à peu le petit homme tomber à terre dans un râle de douleur, à son étonnement. Il souffrait, mais, pourquoi ne lui avait-il pas dit plus tôt? Avoir mal au point de s'écrouler ainsi ne pouvait venir aussi précipitamment!

- S’il te plaît, va chercher quelqu’un qui pourra m’aider, je suis sous l’emprise d’une marque qui libère un flux d’énergie qui a déjà détruit mon village, je ne veux pas faire souffrir plus de monde. Va chercher quelqu’un, je t’en prie. Et si tu ne trouve personne, prends la dague dans le repli de mon coude et achève-moi, je t’en supplie, fais ça pour sauver ta vie et celle des autres. Si tu en viens à la dernière solution, revends mon armure et fais-moi inhumer dans de la roche.

Ses paroles sidérèrent la jeune femme agenouillée auprès de lui. Elle resta quelques secondes perplexe devant le corps de Drazh, éperdument prise de panique. L'homme qui lui avait parlé un instant plus tôt était désormais étendu au sol, sans aucun signe de vie mis-à-part sa respiration bruyante. La seule chose qui le préoccupait, de plus, alors que sa vie était en jeu, était de sauver les gens qui l'entourait. Il était sincère. Il ne méritait pas de mourir. Elle retira alors l'armure de son avant-bras et, par chance, tomba sur la marque dont il parlait du premier coup. Il s'agissait d'une sorte de spirale qui brillait étrangement sur son bras. Mais elle devait pas s'éterniser, les choses pressait, Aaku devrait faire vite.

Elle se releva alors d'un seul coup et courut vers les bibliothèques qu'elle parcourut à une vitesse phénoménale, tout en longeant sans s'éterniser les étagères contenant le livre qui pourrait sauver le Nain. Ce n'était pas ce qu'il lui avait demandé de faire, mais elle avait déjà lu le nom d'un livre qui avait attiré son attention lorsqu'elle était à la recherche des ouvrages traitant de sciences. Elle ne s'était malgré tout pas éternisée. Ce n'était pas le sujet de sa venue à Lotheican.

Elle s'arrêta nette devant les ouvrages qui l’intéressaient : "Magie et Sorts en tout genre". Celui qu'elle cherchait ne devait pas être bien haut car elle ne s'était pas encore décidée à observer les étages dont elle aurait du se servir de l'échelle pour l'emprunter. Elle lit alors chacun des titres écrit sur les bords visible et tomba enfin sur celui qui l'avait intrigué la première fois. Elle fut émerveillée de voir enfin "Marques magique". Elle sortit rapidement le grimoire à la couverture rouge sang et le feuilleta le plus vite qu'elle le pu pour finir par trouver enfin une illustration ressemblant à la marque du Nain, après quelques minutes de recherche. D'après le livre qu'elle tenait entre ses mains, la marque causait une douleur horrible à celui qui la possédait, pouvant mener à sa mort dans les cas les plus extrêmes. L'ouvrage insistait également sur le fait que toucher cette chose pouvait gravement blesser celui qui posait sa main dessus. Plus loin dans les pages se trouvait une formule qui permettait de décharger l’énergie de la marque illuminée. Elle remercia les dieux pour un tel miracle. Les probabilités pour qu'elle trouve cette formule ou même qu'elle existe étaient si faibles !

Elle rejoignit alors finalement Drazh, encore étalé sur le sol et s'agenouilla à côté de lui. Elle n'était pas la plus douée pour les sorts de guérison, mais, elle devait tenter tout ce qu'elle pouvait pour le sauver."Personne ne mérite cela !"pensait-elle

On entendait au son de sa voix qu'elle était terriblement angoissée. La vie du petit être était entre ses mains et c'était beaucoup de pression pour elle. Elle se reprit finalement, il fallait qu'elle soit la plus calme possible, ou cela ne servirait à rien. Avec un calme à toute épreuve, étonnamment, elle récita la formule. Au fur et à mesure de ses paroles, la marque ternissait, jusqu'à perdre entièrement toute brillance. Dans un soupir de soulagement, elle retomba violemment sur le sol. Ce sort lui avait usé énormément de magie, et elle se sentait tout d'un coup rongée par la fatigue. Elle souriait. Drazh était sauvé maintenant.

Aaku était comme vidée de toutes ses forces. Mais, malgré l'immense fatigue qui s'était abattue sur elle d'un seul coup, elle s’efforçait de sourire. Elle était si heureuse de pouvoir voir le Nain en vie. La première chose que fit d'ailleurs ce dernier fut d'enlacer la jeune femme de toute ses forces. Elle sentit des larmes couler sur la joue du petit être collé à sa jambe. Il pleurait abondement. Cela fit chaud au coeur de la jeune femme.

-Merci, merci milles fois ! J’ai une dette immense envers toi, demande-moi ce que tu veux et je t’obéirais !

Mais elle ne souhaitait rien de lui, Drazh était en vie et c'était tout ce qui comptait pour elle. Cela remplissait son coeur de joie de sentir ainsi les gens heureux autour d'elle. Mais, malgré ce bonheur profond, elle sentait vraiment les effets du sort qu'elle venait de jeter. Drazh lui demanda d'ailleurs plusieurs fois si elle allait bien. Mais elle se sentait un peu gênée que l'on se préoccupe ainsi d'elle. Elle n'avait pas l'habitude de cela.

-Merci, mais c'était la première fois que j'utilise un sort d'une telle envergure sur quelqu'un de réfractaire à la magie. J'ai juste besoin d'un peu de temps, ne t'en fait pas pour moi !

Il fut si gentil avec elle. Il l'invita même à aller à la taverne la plus proche, mais elle du refuser car après s'être déjà perdue dans la ville, elle savait que Lotheican ne comptait pas d'endroit pareils. C'était temps mieux, de toute manière, l'alcool, elle devait s'y faire, ce n'était vraiment pas son truc. Elle sentit que le Nain voulait rester un peu plus avec elle, et elle en était plutôt flattée. Elle aimait elle aussi sa compagnie, mais, elle dut refuser qu'il la raccompagne. Elle apprécia l'attention, mais elle ne pouvait accepter. Elle ne voudrait pas qu'il sache que sa demeure soit une simple cabane perdue dans les bois. D'ailleurs, elle n'avait pas vraiment envie d'y retourner tout de suite. Elle s'y ennuyais terriblement...

Elle proposa à Drazh qu'ils restent encore quelques temps à la bibliothèque. Il suffirait qu'il s’assoie à côté d'elle à une des tables et ils pourraient continuer leur recherches tranquillement. Elle ne savait pas si il accepterait, mais, elle aurait en tout cas aimé rester encore un peu en sa compagnie.

Les belladones étaient décidément des plantes très étranges ! Après avoir lu un volume entier sur ces "cerises du diables", Aaku connaissait maintenant bien les effets toxiques de la fleur. Brrr, penser qu'elle en avait déjà vu dans la forêt lui fit froid dans le dos, mais, bien réfléchit, utiliser leur poison pouvait lui être plutôt utile. Il fallait qu'elle expérimente un peu avant de se décider à la mélanger à d'autres substance, quand elle reviendrait chez elle, il faudrait qu'elle teste un peu ses propriétés. Était-ce vraiment des belladones qu'elle avait vu sur le bord du chemin à l'orée du bois? Le doute se creusait chez elle. Oserait-elle seulement manier une plante aussi toxique si même elle en trouvait?

Un appel à l'aide de Drazh la sortit de ses pensées. Elle accourut alors et s'arrêta nette face à lui, perplexe. Il n'y avait là pas un, mais bien deux Nains presque totalement identiques mis à part que le second avait les cheveux et les yeux d'un noir profond. C'était perturbant, même leur équipement était en tout point semblable ! Mais, en une fraction de seconde, le double se mit à courir vers Drazh, brandissant sa masse dans un cri déchirant. Ce dernier fit alors de même tout en poussant un cri que la jeune femme ne put interpréter. Probablement s'agissait-il de cette langue naine qu'elle ne pouvait encore comprendre. Oui, c'était ça. "Nyr Doch", qu'elle intonation étrange. Cela l'intriguait. Il faudrait qu'elle trouve aussi un livre sur les manières de traduire ce langage.

Une bataille s'en suivit. Ils semblaient de forces presque égales, mais, la victoire semblait légèrement pencher vers l'autre Nain. Certes Drazh se battait-il désormais avec une hache, mais la musculature de son adversaire paraissait plus développée que la sienne. Aaku se décida alors à intervenir même si, n'ayant pas d'eau à proximité, elle était plutôt désavantagée. Le seul moyen était d'essayer un sors qu'elle n'avait jamais utilisé auparavant. Effrayée par les la probabilité de rater, elle n'avait jamais vraiment osé le tester.

Elle prit son courage à deux mains et tendit un bras devant elle, face au Nain à la chevelure noire, qui fonça sur elle, debout à environ dix petits mètres, un peu tremblante. La jeune femme n'était pas très confiante par rapport à ce sort, c'était une technique qu'elle trouvait plutôt obscure comparée à celles qu'elle maîtrisait déjà, mais, n'ayant pas d'eau avec elle, sa maîtrise de glace ne pouvait alors marcher qu'avec le seul autre liquide de la pièce. Celui qui, rouge vermeil coulait dans les veines du petit être malveillant présent face à elle. Elle referma doucement ses doigts sur sa main jusqu'à ce que l'on ne vit plus que son poing fermé. Petit à petit, le corps du Nain fut glacé de la tête aux pieds, paralysé sous une minuscule couche de gel.

Pourquoi tout se passait si vite ces temps-ci ? Elle ne venait pas à la bibliothèque pour se chercher des ennuis ! Elle observa finalement Drazh, un sourire sur les lèvres. Mais soudain, une hache traversa la pièce, passant à raz de la chevelure de la jeune femme. Elle se retourna alors et vit l'autre Nain, encore bel et bien vivant, mais affaiblit. Il ne restait plus assez d'énergie à Aaku pour l'attaquer. A moins qu'elle soit obligée de se servir de son poignard, tout reposait sur les épaules de Drazh désormais...

Cette dernière attaque créa comme un déclic chez le guerrier caché au profond du Nain qu'elle considérait comme son ami. Ce dernier se mit à courir dans un hurlement, attrapant au passage un espadon. Aaku trouvait que ces armes étaient les plus gracieuses et destructrices que les épéistes pouvaient manier de toutes, par leur taille souvent impressionnante. Avec une brutalité monstre, Drazh se mit à frapper son adversaire, comme privé de lucidité durant un instant. Ils se battaient tout deux comme si ils ne ressentaient aucune douleur, si bien que même son armure finit par éclater en morceau dans un vacarme effrayant. Drazh se faisait lacérer le torse, mais la jeune femme ne pouvait s'interposer, se sentant totalement impuissante face à la scène, horrifiée.

Après quelques minutes, celui-ci finit par tenter un coup fatal. Il frappa la tête de son double de toute ses forces si bien que ce dernier ne montra plus aucune résistance après cela. Il lui avait totalement défoncé le crâne de sa lame, dans un bain de sang. Le corps gisait par terre à même le sol, sans vie dans une marre de ce liquide rouge. C'était terrifiant qu'une telle rage puisse être enfuie chez lui, mais, elle ne pouvait malgré tout pas détacher son regard de la scène. Si il était devenu comme ça, c'était peut-être à cause d'elle. Avait-il perdu contrôle uniquement car on l'avait attaquée elle ? Si c'était le cas, c'était qu'il ne voulait que la protéger. Quel drôle de sentiment. Tout se mélangeait. Elle ressentait de la gratitude envers lui, mais, également une crainte bien présente, au plus profond d'elle-même. Il avait fait preuve d'une brutalité qui avait plutôt frustré la jeune femme. On ne pouvait l'imaginer si fort en le regardant ainsi, même si on ne pouvait nier sa musculature des plus imposantes malgré sa taille.

Quelle fait étrange. Elle n'avait jamais vraiment lu d'ouvrage sur des doubles ainsi dépourvu de conscience et pourtant presque en tout points semblables à l'original. Mais d'où avait bien pu venir cet être sorti de nul part ?
Elle fixait le cadavre ensanglanté et ne s'était pas rendue compte que Drazh était en train de quitter la bibliothèque, descendant déjà d'un pas pressé les marches devant le bâtiment. Elle courut alors vers lui, le plus vite que ses jambes le pouvaient et d'un mouvement rapide, attrapa une mèche de cheveux grisâtre du Nain, sans tirer, pensant juste l’interpeller, en veillant à ne pas lui faire mal. Elle le fixa alors soudain, de ses yeux ronds aussi rouges que des rubis plongés dans les siens.

Elle lui adressa alors un mot à son tour.

-Merci ! Je peux dire que nous sommes quittent. Je te dois ma vie. Tu as défendu la mienne au péril de la tienne. Je t'en suis infiniment reconnaissante.

Techniquement, elle n'avait jamais vraiment attendu quelque chose de lui. Mais elle lui était si reconnaissante qu'une larme coula, transparente sur sa joue rosée par un sentiment indescriptible. Peut-être, se disait-elle, que, ce n'était qu'un signe pour montrer à ce petit homme qu'il comptait vraiment pour elle.

Il était entrain de courrir quand il sentit que quelque chose le retenait.
Déjà la garde ?
Non, c'était la petite mage qui l'agrippait par les cheveux. Il avait vraiment un problème de force ces temps ci.
Il avait intérêt à aller s'entraîner à nouveau maintenant qu'il courrait les chemins.
Elle était entrain de le fixer des yeux, cherchant sa pupille, il savait que c'était déconcertant pour les gens d'essayer de fixer des pupilles décolorées comme les siennes. On aurait pu croire qu'il était aveugle, c'était un avantage, mais il préférait la compagnie et l'amicalité plutôt que le doute dès qu'on le regardait.
Après une longue hésitation, elle lui dit :

Merci ! Je peux dire que nous sommes quittent. Je te dois ma vie.
Tu as défendu la mienne au péril de la tienne. Je t'en suis infiniment reconnaissante.

Il ne savait pas quoi lui répondre, il savait que maintenant il était libre. Ce genre de serments ne se prennaient pas à la légère. Si elle avait dit qu'ils étaient quittent, ils étaient quittent. Il entendait déjà du bruit dans la Bibliothèque dont il venait de sortir. Il ne devait plus trainer. Il répondit en tout hate à la jeune fille :

Je pars vers Hagor, personne ne m'y connait, je ne serais qu'un Nain parmis d'autres.
Je refuse que tu m'accompagne, tu as déjà assez de problèmes comme ça, je pense.

Drazh avait mal au coeur de dire cela, mais il le fallait, sinon la mage allait vouloir le suivre et il ne voulait pas qu'il lui arrive malheur. Il la considérait comme une amie proche dorénavent. Il savait qu'il pourrait compter sur elle en cas de problème. Mais il ne voulait plus lui en attirer. Maudite journée. Se faire une amie pour ne plus la revoir avant plusieurs mois.

Je t'espère une longue vie heureuse.
D'ici quelques mois, si l'envie de le dis, passe par Tubalcain et demande aux gardes de t'indiquer ma maison, ils me connaissent.

Le bruit se rapprochait, il devait partir maintenant, personne ne devait savoir que c'était lui qui avait causé ce carnage dans le batiment ou alors il allait finir dans une geole pour la deuxième fois de sa vie. Et il ne voulait surtout plus jamais vivre ça. Il embrassa, tant bien qu'il put, la mage sur sa joue et partit au pas de course vers un boyau d'égoût qu'il avait repéré il y avait déjà quelques temps. Il allait devoir s'y cacher pendant plusieurs jours pour attendre que l'affaire se tasse et qu'il puisse sortir de la ville.
Il s'allongea de tout son long dans l'eau stagnante à l'odeur de moisissure. Il était en sécurité. Mais, à peine s'était-il caché qu'il entendait des bruits de pas.
Ils m'ont déjà retrouvé ? Quelqu'un a dû me voir et les appeler. Fichue journée va !

Le Nain parut soudain un peu triste, avant d'annoncer à la jeune fille devant lui d'une voix remplie de déception:

-Je pars vers Hagor, personne ne m'y connait, je ne serais qu'un Nain parmis d'autres. Je refuse que tu m'accompagne, tu as déjà assez de problèmes comme ça, je pense. Il fit une petite pause, avant de reprendre. Je t'espère une longue vie heureuse. D'ici quelques mois, si l'envie te le dis, passe par Tubalcain et demande aux gardes de t'indiquer ma maison, ils me connaissent.

Leur rencontre s'arrêterait-elle ici ? La jeune femme serait des plus déçue de devoir quitter son ami. Il avait l'air désemparé, mais, il devait se dépêcher de partir et elle le comprenait très bien. Ce sentiment de devoir s'éclipser après avoir commis un crime, elle l'avait déjà ressentit. Décidément, on aurait dit que le sort s'acharnait contre elle. Tout lui faisait repenser à cette nuit horrible où elle avait du sortir par la fenêtre, les mains souillée du sang de ses parents adoptifs... Qu'avait-elle bien put faire pour mériter un tel passé ?

Le petit homme embrassa finalement avec difficulté la jeune femme rapidement, cette dernière rougissant d'une telle attention, étouffant un petit "merci" presque inaudible. Il ne dut même pas l'entendre tellement elle le dit d'un ton bas. Mais il devenait fugitif dans cette ville à partir de maintenant et cela devenait dangereux de rester ici plus longtemps. Il se précipita alors vers un boyau d’égout et y entra d'un geste. Il devait vraiment craindre les gardes pour ainsi se cacher. En un instant, il avait disparut sous le sol. Il était partit si précipitamment. Mais elle n'avait pas envie de rester seule.

Elle accourut alors vers l'endroit où il se cachait depuis à peine quelques minutes et le surpris, couché alors dans les eaux dégoûtantes qui remplissaient les égouts. En venir à se cacher là. Mais il avait eut malgré tout une bonne idée. Ici, les gardes ne viendraient pas chercher et l'affaire aurait le temps de perdre de son importance. Elle s'écria alors, avec un sourire béat sur les lèvres :

-Aussi, je pense que je vais rester avec toi. Si ce crime attire les gardes, on risquerait de m'interroger. Il ne faudrait pas qu'ils vérifient mon identité ... Et, de plus, Je ne sais pas bien mentir !

Elle lâcha un petit soupir. Elle venait de se rappeler un détail pourtant décisif. Elle devait fuir l'autorité. Cela ne faisait que trois ans que sa vie avait été bousculée et ce fait divers devait encore être d'actualité pour les gens chargés de rétablir l'ordre dans la ville. Si sa cicatrice était dévoilée, cela attirerait l'attention sur elle et elle pourrait finir sa vie entière au cachot. Ou pire. Elle n'osait pas y penser. A y réfléchir, elle n'avait pas été très intelligente de venir dans cette ville. Désormais, elle ne pouvait s'empêcher de se lamenter, tout bas, mais elle souriait. Elle ne voulait pas mettre le Nain mal à l'aise. Si il lui demandait, elle accepterait probablement de lui dire son histoire. Ce petit homme était digne de confiance. Si il n'y pensait pas, elle n'en parlerait pas. Son but n'était pas non plus de mettre tout le monde au courant. Malgré ça, elle ne l'avait jamais dit à personne et garder un si lourd secret pour elle seule n'était pas chose facile.

La jeune femme s'assit finalement comme elle le pouvait, prenant place en veillant à tremper le moins possible dans les eaux de l'égout. Elle se sentait un peu gênée d'être là avec le Nain. Le petit homme lui fit comprendre qu'elle devait se taire et elle exécuta d'ailleurs son ordre avec malgré tout quelques regrets, mais, il ne fallait pas qu'on les remarques. Elle trouvait ce silence un peu oppressant et elle n'arrêtait pas de penser à ce qu'elle lui avait dit. Elle n'aurait pas du le formuler comme ça. Elle se faisait un peu passer pour une voleuse ou une hors-la-loi aux yeux de son ami en disant cela. D'un côté, hors-la-loi, elle l'était. Elle ne pouvait pas faire marche arrière, de toute façon. Rien ne la laverait de ses péchés. Elle devait l'assumer, ce qui est fait est fait. On ne saurait faire revenir les morts. Ces pensées la perturbèrent si fort qu'elle ne remarqua pas que la nuit était en train de tomber. La pleine lune commençait à montrer le bout de son nez à l'horizon. Aaku ne sentit pas non plus le courant d'air s'engouffrer dans le tuyau. Elle était trop préoccupée pour cela. Tout était trop compliqué. Tout se succédait si vite dans sa vie. D'abord sa jeunesse, sa fuite dans la forêt, puis, plus récemment sa rencontre avec Faörih, la griffonne. Et maintenant, elle rencontre enfin un nouvel ami et elle fait déjà un pas de travers...

Un grognement sinistre la sortit de sa rêverie. Qu'est-ce qui avait bien pu faire un tel bruit ? Paniquée, elle voulut alors se tourner vers Drazh, mais, le Nain avait disparut. Où avait-il bien pu passer ? La jeune femme, face à une ombre inconnue, s'enfuit alors précipitamment vers la sortie. Lorsqu'elle fut presque à la surface, la créature aux yeux brillants et aux pupilles en forme d'amande produit encore un grognement si fort que, surprise, elle dégringola pour finir dans l'eau, poussant un cri aigu dans sa chute qui résonna dans les égouts. Le courant était fort et elle ne réussit à se rattraper. Elle était obligée de se laisser entraîner, retournée dans tous les sens dans les tuyaux, avec une vitesse impressionnante.

Elle finit par retomber dans une grande pièce, faisant un véritable roulé boulé sur le sol.

-Aïe ! fit-elle tout bas en se frottant douloureusement la tête, enfin sur un sol sec.

Elle rouvrit finalement les yeux, craintive. Elle était face au Nain, en position de défense, une arme dans les mains. La salle était grande et, un peu partout, elle put observer des autels dont elle avait déjà pu observer des semblables. Oui, ils ressemblaient étrangement à ceux qui étaient utilisés autrefois pour les sacrifices. Que faisait cette pièce ici ? Et qu'était la bête qui l'avait surprise plus tôt, cachée dans la pénombre de ses égouts ? Tout ce qu'elle savait, c'était qu'elle n'entendait plus aucun grognement, pour son grand soulagement.

Le Nain s'était désormais rassis sur le sol froid de cette pièce étrange remplie de quelques restes de squelettes bel et bien humains. Mais la pensée qu'un monstre puisse vivre ici détourna les pensées d'Aaku sur la créature qu'il pouvait être. Quelle chose pouvait bien peupler ces égouts ? La lueur de ses yeux d'un bleu presque blanc et ses pupilles aussi fines que du papier troublaient la jeune mage au plus profond d'elle-même. Et comment avait-elle bien pu rejoindre une pièce si incroyable en tombant bêtement dans un des courants de l'égout ? Cela semblait si irréel. Même Drazh commençait à se tracasser, hurlant alors et appelant au secours de toutes ses forces. La jeune mage ne s'en préoccupa pas trop. La bête l'omnubulait.

La jeune femme approcha alors les ossements d'un pas léger pour les observer de plus près. Si c'était la mystérieuse créature qui l'avait surprise qui avait fait ça, elle arriverait peut-être à l'identifier de par la marque de crocs ou de griffes sur les restes. Elle examina rapidement des yeux un crâne qu'elle prit alors dans ses mains, mais, à sa stupeur, ce qui les avait tués n'était pas une créature. Étrangement, le reste de tête ne présentait aucune marques de griffures ou morsures ou autres. Le crâne était presque intact. Mais ce qui la surpris le plus fut que son sommet présentait des sutures fort marquées. Or, plus quelqu'un prend de l'âge, plus ces craquelures présentes chez chaque être humain deviennent invisibles. La personne à qui appartenait le crâne qu'elle tenait entre ses doigts devait être une personne plutôt jeune. On aurait même dit qu'il appartenait à un adolescent.

En regardant autour d'elle, en voyant les statuettes posées sur les autels présents un peu partout dans cette salle, elle eut un déclic. Cette salle était destinée aux sacrifices, c'était clair. Il n'a avait pas beaucoup de possibilités qu'elle se soit trompée à en voir les runes également présentes sur ces murs.

-Dis-moi vite, quelle sorte de magie contrôles-tu ? Et surtout, est-ce que tu peux faire quelque chose avec toute cette eau, qu'on puisse sortir d'ici ?

Mais cette paroles soudaine du Nain s'étant arrêté de crier à plein poumons la fit sursauter, lâchant alors l'ossement qu'elle tenait quelques secondes plus tôt qui explosa alors en morceaux sur le sol.

Elle n'avait pas pensé à comment sortir d'ici, c'est vrai. Quelle idiote. Le fait qu'elle puisse transformer toute cette eau en glace pouvait pourtant être décisif sur leur sort à tout les deux. Il suffisait qu'elle gèle ce liquide. L'eau solide prend plus de place que l'eau liquide et les canalisations exploseraient probablement sous l'effet de la pression. Elle répondit alors à Drazh, déconcertée par cet oubli capital :

-Je suis désolée, je suis très distraite, de plus, ma magie est basée sur la maîtrise de la glace. Ow, je suis vraiment désolée, attends quelques secondes ...

Elle se plaça alors, confuse devant les arrivée d'eau et tendit encore la main devant elle, tournant petit à petit ses paumes vers le plafond. Et en un instant, tout le liquide sortant des tuyaux fut gelé. Et puis, quelques secondes plus tard, un bruit sourd se fit entendre. Les murs s'écroulèrent alors d'un côté de la pièce et elle manqua de se faire écraser. Tout ce qui remplissait les égouts de ce côté de la ville était désormais de la glace cassée par endroit, à cause de la chute des tuyaux. Désormais face à eux, une échelle était à leur portée. Ils allaient enfin pouvoir sortir d'ici : le mur détruit, un réseau de souterrains s’étendait devant eux, mais surtout un moyen de s'échapper s'y trouvait.

La pièce commençait enfin à redevenir claire, la poussière provoquée par l'éboulement disparaissant peu à peu. Sur le coup, la jeune femme culpabilisa un peu. Elle avait oublié le pauvre Drazh. Elle avait totalement oublié de lui dire le but de sa démarche. Elle ne cherchait pas seulement à geler l'eau des conduits, mais bien à faire éclater ces derniers à cause du volume de la glace. Elle souhaita de tout son coeur qu'il ne se soit pas fait écraser pas la chute du plafond. Pourvu qu'il soit sain et sauf !

Elle sentit soudain quelque chose dans son dos et sursauta. Il y avait quelque chose dans sa robe ! Quelle horreur ! La jeune femme se débattit dans tout les sens avant d'arriver après quelques secondes à ressortir de son vêtement un petit animal en le tenant par la queue. Elle ne su pas bien voir car la pièce n'était pas fortement éclairée, mais elle cru deviner qu'il s'agissait d'un rat. Elle lâcha de peur le rongeur qui lui était probablement tombé dessus lors de l'écroulement de la pièce et remonta l'échelle de métal rouillé qui menait à la sortie à toute vitesse. Quelle sensation horrible. Beurk !

Elle remonta donc vers la surface le plus vite qu'elle pouvait et arriva à la ville. Quelle sensation agréable que de sentir enfin l'air frai après avoir séjourné un moment dans les égouts. Elle se retourna pour attendre Drazh et remarqua, à sa stupeur, que le petit animal l'avait suivie. Mais en réalité, il ne semblait pas s'agir d'un rat, mais bien d'une petite souris au pelage blanc et aux yeux d'un rouge vermeil, probablement albinos comme Aaku. La jeune femme tomba d'ailleurs en admiration devant le petit rongeur. Elle le trouvait si mignon ! Sous le charme, elle prit l'animal dans sa main et il ne sembla pas agacé ni angoissé par cela. De plus, il était si doux ! Mais elle ne pouvait rester plus longtemps avec lui. La place d'une souris n'est pas avec une humaine. La jeune femme la posa alors sur le sol, mais elle ne sembla pas vouloir partir. La mage la poussa alors de ses talons, en vain. Elle réessaya encore de le repousser, mais il revenait à chaque fois vers la jeune femme.

Elle la reprit alors dans ses mains et la petite souris grimpa sur son épaule en couinant. Elle ne semblait pas vraiment décidée à partir et Aaku n'avait pas le coeur à laisser le rongeur là.

Elle se tint donc face au boyau d'égout et attendit Drazh, le rongeur blottit contre son cou.

La jeune femme aperçut le Nain ressortir, le corps entièrement trempé, de cet égout où ils avaient séjourné plus que ce qu'ils n'auraient voulu. Ils n'avaient décidément pas eu beaucoup de chance durant leur rencontre. Elle aurait aimé pouvoir encore discuter avec lui, après leur aventure dans les souterrains sous plombant la ville de son enfance, sans que quelque chose ne s'interfère. Cependant, cela demeurait impossible. Le temps leur manquaient. Le double que les gardes ressortirent finalement du bâtiment et qui finit en cendre à la lumière du soleil qui berçait le lieu désormais paisible en était la trace. En restant ici, ils risquaient tous deux le cachot, même si la raison qui les y aurait conduit n'aurait pas été la même.

La jeune femme dut alors s'éloigner de son ami et de la ville qu'elle avait toujours souhaité revoir, avec une sensation qu'elle n'aurait pas imaginé ressentir à cet instant. Elle aurait pensé s'en aller sans regrets, ayant pu feuilleter chacun des livres qu'elle souhaitait dans l'immense bibliothèque. Or, elle n'avait pas eut le temps pour cela et les ennuis s'étaient succédés les uns après les autres. Elle n'oublierait jamais le Nain avec lequel elle avait vécut de bon moments comme de mauvais.

« Je pense qu'il est temps de nous séparer, j'ai causé assez de dégâts comme ça.» Lui avait-il dit avant de s'éloigner.

Il y avait eu un peu de regret dans sa voix, mais c'était compréhensible. Elle aussi ne resterait pas de marbre en repensant à leur rencontre. Ils ne se connaissaient pas depuis longtemps, mais, elle le considérait comme si ils se connaissaient depuis toujours. La jeune femme avait essayé de ne pas verser une seule larme devant lui, pour qu'ils ne se mettent tous deux à pleurer comme des madeleines, mais, lorsqu'elle avait aperçut Drazh tourner le dos et se mettre en route, une goutte s'était malgré tout échappée de ses yeux et avait coulé sur sa joue.

« Je pense que tu t'es trouvée un compagnon de route qui sera un peu plus à l'écoute qu'un vieux Nain comme moi.» Avait-il ajouté.

Il était vrai qu'elle allait probablement garder le petit animal semblable à elle dans ses couleurs qu'elle tenait délicatement dans ses paumes. La petite souris au pelage doux et aussi clair que la neige ne semblait pas décidée à vouloir quitter la jeune femme et, cette dernière si seule ne put s'en détacher. Qu'il y avait-il de mal à avoir un animal de compagnie ? Quand elle serait chez elle, elle savait que la solitude la pèserait encore terriblement et avoir quelqu'un, ne serait-ce qu'un petit rongeur comme celui-là, comblerait peut-être un peu se vide.

« N'oublie pas, si d'ici quelques mois tu veux me revoir, passe par Tubalcain !»

Ces mots résonnait dans la tête de la jeune mage. Que ferait-elle après être revenue à sa vie plate et monotone ? Elle n'allait pas rester encore des années entières sans quitter son chez-elle et à vivre en ermite. Elle n'avait jamais vraiment quitté Lotheican, quand elle y pensait. Elle vivait dans la forêt montagneuse sans jamais ne l’avoir quittée sauf lors de sa triste enfance où elle n'avait jamais vécut que dans l'immense manoir désormais rasé, bâtit jadis dans la grande ville.

Elle repartit donc le coeur malgré tout un peu lourd, repensant sans arrêt à son ami qu'elle avait du quitter si précipitamment, marchant sur les petits sentiers pour rajoindre la forêt, seule avec son animal de compagnie blotti sur son épaule. Elle n'oublierait jamais Drazh de toute sa vie.