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" Drazh Thoragrim "
Drazh Thoragrim
Sexe : Masculin
Humeur : Enjouée.
Localisation : Là où le destin m'appelle.
Exp : 3282

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[Forgeron] Drazh Thoragrim

MessageSujet: [Forgeron] Drazh Thoragrim [Forgeron] Drazh Thoragrim Icon_minitime1Ven 9 Nov - 10:02


Midgard

--- Personnage...


  • Nom : Drazh
  • Prénom : Thoragrim
  • Sexe : Masculin.
  • Âge : 52 ans.
  • Race : Nain
  • Classe : Forgeron.



  • Magie & Armes :

Magie : Drazh n’utilise pas à proprement parler de la magie au premier sens du terme, il possède une rune de puissance qui, uniquement quand cela lui chante, peut envoyer un enchantement de manière totalement aléatoire sur une arme qu’il touche lors de sa réalisation, bien que cela est plus que rare et que le petit homme s’applique pour pouvoir contrôler cela.

Armes : Avant qu’il ne la perde définitivement, Drazh se servait d’une masse d’arme forgée dans une pierre tombée du ciel, elle était sa fidèle compagne et ne quittait jamais sa ceinture, après l’avoir irrémédiablement abîmée, Drazh fit ressortir les plans d’un ancien mécanisme qui n’avait jamais abouti et ajuste un bouclier et un marteau de guerre, le premier frappé d’une tête de gorgone et portant le nom d’Aegis, le second représentant les Nains sortant du corps d’Ymir le géant et nommé Mjollnir. Ils sont reliés à un catalyseur magique, une espèce de grosse pierre noire dans laquelle Drazh pousse de l’or et des minerais aux propriétés magiques à l’intérieur. Tout cela est bien beau me direz-vous, mais à quoi sert tout ce système si sophistiqué, et bien, l’énergie tirée du catalyseur sert à alimenter un sort de poche de vide continu dans lequel est disposé un assemblage de rouages qui déplient pièce par pièce, mais à une vitesse phénoménale, chaque partie du bouclier et du marteau.


  • Stats :

Vitalité [Forgeron] Drazh Thoragrim 3447514628[Forgeron] Drazh Thoragrim 3447514628[Forgeron] Drazh Thoragrim 3447514628[Forgeron] Drazh Thoragrim 3447514628[Forgeron] Drazh Thoragrim 1746354786
Attaque  [Forgeron] Drazh Thoragrim 3447514628[Forgeron] Drazh Thoragrim 3447514628[Forgeron] Drazh Thoragrim 3447514628[Forgeron] Drazh Thoragrim 3447514628[Forgeron] Drazh Thoragrim 3447514628
Magie [Forgeron] Drazh Thoragrim 3447514628 [Forgeron] Drazh Thoragrim 1746354786  [Forgeron] Drazh Thoragrim 1746354786  [Forgeron] Drazh Thoragrim 1746354786  [Forgeron] Drazh Thoragrim 1746354786
Déf. Physique [Forgeron] Drazh Thoragrim 3447514628[Forgeron] Drazh Thoragrim 3447514628[Forgeron] Drazh Thoragrim 3447514628[Forgeron] Drazh Thoragrim 1746354786[Forgeron] Drazh Thoragrim 1746354786
Déf. Magique  [Forgeron] Drazh Thoragrim 3447514628[Forgeron] Drazh Thoragrim 1746354786 [Forgeron] Drazh Thoragrim 1746354786[Forgeron] Drazh Thoragrim 1746354786[Forgeron] Drazh Thoragrim 1746354786
Vitesse [Forgeron] Drazh Thoragrim 3447514628[Forgeron] Drazh Thoragrim 1746354786[Forgeron] Drazh Thoragrim 1746354786[Forgeron] Drazh Thoragrim 1746354786[Forgeron] Drazh Thoragrim 1746354786


  • Caractère :

Que vous dire de ce cher Drazh, c’est un Nain et comme beaucoup de ses compagnons, il est colérique, facilement influençable et jovial, mais au-delà de tout cela, son travail est l’une des choses qu’il aime le plus au monde, c’est une véritable passion, mais ce que peu savent, c’est qu’il martèle l’acier jour et nuit pour oublier, enfouir plus profondément un passé qui lui a coûté beaucoup. Il a suivit une formation militaire - ce n’est pas mentionné dans l’histoire, elle est déjà assez longue comme ça – et a plus appris en volant des livres de stratégie dans la bibliothèque personnelle de son supérieur que sur le terrain, c’est pourquoi il n’est peut-être pas le meilleur des combattants mais il connait un rayon en déplacement de troupes, techniques diverses pour contenir une percée ennemie, et tout ce qui va avec.

Il est particulièrement attaché aux anciennes traditions, plus que ceux de sa race, car il aurait une foi absolue en elles et pense que c’est un retour aux origines qui permettrait à son peuple de se relever de sa longue chute. Attiré par toute forme de gloire, on ne peut pas vraiment le qualifier de « modeste », un de ses plus vieux rêve d’enfance étant de devenir roi à la place du roi, c’est dans ses gènes de vouloir être le centre d’épopées héroïques, certainement un complexe d’infériorité venant de quand il jouait avec son cousin, que tout le monde préférait.

Elevé dans les hauteurs des montagnes, il n’est pas enclin à se plaindre facilement, la vie n’y étant pas toujours facile, bien qu’habitant maintenant Tubalcain, il a gardé des traces de ce passé, ses amis lui ayant découvert un appétit d’oiseau comparé à eux, une vie rude mais qui lui plait, il regrette souvent son ancien chez-lui, trouvant la ville trop bruyante.

Je pourrais aussi parler du soin qu’il accordait à son ancienne arme, « Brise Colonne », un nom un peu barbare pour une confection de toute beauté, c’était un peu un équivalent à une femme, il la chouchoutait, la gardant le moins possible à l’air libre pour ne pas qu’elle s’abîme, il a assez mal pris le fait de la perdre d’une manière complètement idiote, il s’en veut d’ailleurs assez depuis lors et n’en est que plus méticuleux auprès de l’état de son matériel.

Drazh est quelqu’un de très curieux, s’intéressant à tout forme de savoir, il a toujours été quelqu’un de plus intellectuel que manuel, même si travailler de ses mains ne le rebute pas, loin de là, il a appris à prendre plaisir de se retrouver exténué en fin de journée après avoir gagné sa croûte de la manière la plus honnête quoi soit.

Il n’est pas à proprement parler quelqu’un de foncièrement bon, jalousant facilement ceux qui ont plus que lui, devisant sans agir, mais il a appris beaucoup de choses de la vie et sait qu’il faut faire tout ce que l’on peut pour offrir de petits plaisirs à ceux qui vivent autour de lui.

Pour en finir avec le caractère de mon cher Nain, quiconque pourrait s’imaginer qu’il prend assez mal les quolibets concernant sa taille réduite, au vu de son appartenance au Petit Peuple, mais il n’en a strictement rien à faire, étant plus grand que la majorité des siens, il se moque d’être sujet à moqueries auprès des Humains, là où on le félicite plus souvent pour sa taille dans son pays.


  • Physique :

Petit, trapu, mais d'une force physique hors du commun, comme tous les siens, Drazh possède un corps musculeux et sculpté par l'âge, ce qui n'en fait pas un vieillard sénile qui souffre de nanisme pour autant. Il est capable de soulever des masses allant jusqu'à dix fois son poids, ce qui lui est fort pratique pour manier tous les styles d’armes « lourdes ».

Son visage, très renfermé est constellé de rides et de balafres qui remontent à sa jeunesse. Ses yeux sont d'un blanc hors du commun, ce qui lui donne un aspect de revenant, surtout quand il vient de livrer bataille et que le sang cascade sur sa face. Ceci lui donnant une bouille peu engageante en totale opposition avec son caractère.

Lâché sur les routes à un âge où ses poils grisonnaient déjà, la fatigue et la faim n’ont pas arrangé son aspect de vieillard, ses cheveux son poivre-sel et sont souvent cachés sous un casque lorsqu’il est en voyage, il a également une longue barbe tressée de la même couleur que sa chevelure.

Il possède une multitude d’anneaux qu’il porte à ses doigts, lui donnant un air faussement bourgeois qu’il apprécie tout particulièrement. L’armure qu’il utilise en combat, il l’a forgée lui même, elle est assez lourde, du fait qu’elle a été réalisée dans un alliage d’acier et de vrai-argent, elle est conçue dans un style assez classique, ne laissant apparaître aucune spécificité, Drazh n’appartenant à aucune famille de noblesse, aucune armoirie n’y est gravée.

Sur son avant bras gauche, un marque, une tâche de naissance - ce qui est fort peu probable -, en forme de spirale et se teintant d’une lueur nacrée de temps à autres, souvent en concordance avec des évènements que le forgeron ne peut vraiment maîtriser …

  • Thème :
  • Adore : L’or, les bijoux, les armes, son métier, Angus, la bière, les cavernes …
  • Déteste : Les prétentieux, la pleine lune, les séparations …


Midgard

--- Joueur...

  • Pseudonyme ou Prénom :  Drazh ou Drazhinou/Drazhounet pour les intimes ~
  • Âge & sexe : Entre 16 et 18 ans (c'est très propable que ce soit 17)
  • Expérience Role Play : J’écris maintenant sur Midgard depuis début novembre, je pense avoir fait mes preuves ^_^
  • Avez-vous lu le règlement ? En effet, je l'ai lu et je connais même le code secret mais vu que c'est une vieille fiche ben je suis pas obligé de le mettre /o/

Fiche fraichement réécrite parce que l'autre sentait le moisi ~
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" Drazh Thoragrim "
Drazh Thoragrim
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MessageSujet: Re: [Forgeron] Drazh Thoragrim [Forgeron] Drazh Thoragrim Icon_minitime1Ven 23 Aoû - 5:45


Midgard

--- Histoire...

Voilà quelque temps que j’erre déjà sur la Terre des Hommes, depuis que je suis tout petit, ce qui est assez amusant de penser que je fus plus petit que ce que je ne suis déjà, je n’ai qu’une seule ambition, devenir un grand de ce monde, guerrier, politicien, homme de bien ou artisan méritant. Pour que vous puissiez en savoir un peu plus sur ma personne, voici ma petite, mais néanmoins intéressante, histoire.

Je suis né dans la Maison de Duncaïn il y a de cela cinquante deux années, mes parents s’étaient rendus à la ville de Shor pour que ma mère me mette au monde, Shor, la Belle de Nuit, traversée par un filet d’eau qui, en contrebas des falaises abruptes rejoint moult autres petites rivières pour former le Kharadrë, qui continue sa route, longe la Cité Mère et finit sa course tumultueuse dans la mer à quelques distances de la ville de Kür. Je naquis par une rude nuit d’hiver, ma douce maman et moi-même passèrent à deux doigts de perdre la vie, mais nous réussîmes à survivre et après quelques mois, tout allait pour le mieux. Mes parents purent faire route jusqu’au village de mon Clan, j’y passai toute mon enfance, aidant mon père à la forge du village, lui apportant le matériel dont il avait besoin, m’écrasant sous de lourdes charges pour lui offrir le plaisir d’avoir un fils travailleur, chaque matin j’allumais les fournaises, chaque soir je veillais jusqu’à ce qu’elles soient éteintes. Je ne pouvais m’éloigner trop loin du minuscule bourg car, derrière les hautes palissades en bois, sur lesquelles patrouillaient tout le temps mon oncle et son fils, nommés respectivement Bör et Angus, vivaient des créatures que nous nommions Golems, faites de cailloux ou de boue et se jetant sur toute proie à sa portée pour absorber, suite à sa mort, ses souvenirs, ses sentiments, pour se sentir plus vivant. Ces monstres n’étaient pas nombreux et leur nombre commençait à s’amenuiser suite aux multiples interventions des mercenaires Duncans mais il fallait que je fasse attention, je n’avais pas encore la robustesse et la force nécessaire pour tenir tête au plus frêle d’entre eux.

Angus était mon seul compagnon de jeu, au vu du nombre d’enfants … seulement nous deux. Il était un peu plus jeune que moi, il était né l’été suivant ma naissance, mais il était déjà plus hardi que moi et n’hésitait pas à user de son don d’éloquence qui lui permettait d’inventer des histoires abracadabrantes et de les faire durer pendant des heures. Il se vouait plus à rejoindre un corps de l’armée qui, à l’époque, était encore une unité rémunérée et ne pouvait être dissolue. A cette époque, également, le roi Gulnyr Oldor n’était pas encore obsédé par la recherche de la Forge des Ancêtres, il était un monarque plein de vie et avait de grandes idées pour notre peuple, malheureusement, il n’eut jamais le temps de terminer un seul de ses projets, il fut frappé par une crise de démence après s’être rendu dans les marais de Phalahaïn et piqué par un insecte des plus dangereux, du moins, c’est ce que raconta longtemps la rumeur. Personne ne sut vraiment ce qui se passa réellement pour qu’il devienne obsédé par cette chose qui n’existait peut-être déjà plus, depuis les temps oubliés où elle avait été perdue au sein des galeries.

Quand j’atteins mon seizième hiver, mon cousin et moi-même prîmes route vers Tubalcain pour nous lancer dans des études, nous avions fortement insisté auprès de nos parents, qui voulaient nous garder auprès d’eux, et nous avions finalement obtenu ce que nous voulions. Ils nous avaient accordé un petit pécule et nous avaient dit au revoir, ils nous avaient répété sans cesse de faire attention en chemin, même si nous suivions la grande voie qui menait de Shor vers la Cité Mère qui était parsemées de tours de garde, ce qui en faisait la route la plus sûre jusqu’à notre destination.

Notre périple commença, nous nous éloignâmes à peine des palissades qu’un Golem, à peine plus grand qu’un gamin de ma race, nous fonça dessus. Comme je l’ai déjà dit, ces créatures tuent des êtres vivants pour se sentir plus vivant en volant leurs émotions, passées et présentes, mais elles ne sont pas stupides pour autant, ce qui fait que cette pauvre petite chose devait être vraiment désespérée pour charger deux jeunes Nains, plein de force et de vigueur, comme nous. J’eus mal au cœur de lui ôter la vie, mais il le fallait bien. C’est donc d’un coup de maillet que j’envoyai l’être de boue s’écraser en bas de la falaise sur laquelle passait le sentier.

Nous continuâmes par monts et par vaux, nous arrêtant de temps à autre pour admirer la beauté du paysage que nous offraient les Dieux. C’est après six lunes que nous arrivâmes enfin à rallier Shor, nous avions trainé en route et ce n’était pas bon, nous étions parti fin de l’été en pensant arriver à destination avant que les arbres ne se dénudent, mais il en fut autrement. Nous bivouaquâmes dans la ville noire, six ou sept jours passèrent sans même que nous nous en rendions compte, j’avais rencontré un Maître dans l’art du travail du métal, dont le nom m’échappe malheureusement, qui m’appris certains de ses secrets, car, d’après lui, on ne pouvait pas refuser d’enseigner à un jeune Nain plein d’enthousiasme comme moi. Angus, pour sa part, passa des journées entières aux côtés de chef de la garde de la ville, Malëfoï Grandüril, qui, et c’est bien triste, périt quelques jours après notre départ dans une embuscade contre des orcs qui avaient quitté les marécages d’Asunia en quête de richesse.

Le chemin défila, tout comme la saison avançait, les premiers flocons tombèrent sur le sol durant une nuit où nous dormions profondément, c’est au réveil que nous fûmes bien surpris en découvrant le paysage recouvert d’un manteau blanc, nous n’avions jamais vu beaucoup du pays avant ce voyage, nous fûmes subjugués par les arbres, recouverts d’un feuillage immaculé et gelé, du sol uniforme, des buissons s’étant paré de la couleur pure, des lapins blancs bondissant et réussissant, par un tour de force, à ne pas s’enfoncer sous la neige, qui nous arrivait à la taille. Heureusement pour nous, nous étions déjà en vue des hautes murailles de notre destination. Nous marchâmes encore deux jours, complètement frigorifiés, quand nous arrivâmes aux hautes portes de fer sculpté. Les gardes nous regardèrent, un peu surpris de voir deux jeunes gens comme nous, bleu de la tête au pied et habillés comme pour une petite promenade sous le soleil, et nous ouvrirent la porte. Nous étions enfin arrivés !

L’endroit était à la hauteur de mes espérances, de hautes tours filaient dans les cieux et de leur sommet s’échappait une fumée grisâtre, les murailles qui ceinturaient la ville étaient immenses et couvraient l’horizon de leurs pierres blanches, sans doute du marbre, de nombreuses tourelles étaient dispersées sur l’ensemble du complexe et étaient là pour anéantir l’espoir de toute invasion. Les innombrables soldats patrouillaient sur les chemins de ronde et leur armure luisaient sous la lumière du petit matin, donnant l’impression qu’une foule d’étoiles protégeait la cité. Au centre de la ville, dominant tous et toutes par sa splendeur et sa prestance, un immense château de marbre se dressait fièrement, des flèches venaient gratter le haut du ciel en compagnie des cheminées. Des entrées prenait naissance une large avenue au centre de laquelle poussaient de vieux marronniers, recouvrant de leur ombre protectrice ce qui s’avérait être le quartier commerçant, qui donnait un accès directe à la grande place, ornementée de tant de fontaines d’où jaillissaient des eaux de toutes les couleurs, que surplombait le domaine royal. Le soleil commençant seulement à darder de ses rayons, on pouvait admirer, de là où nous nous trouvions tous deux, l’impressionnant éclairage du bâtiment. Pas une seule fenêtre n’était sombre.

L’argent de la cotisation de nos familles en poche, nous nous dirigeâmes vers les magasins les plus proches pour nous restaurer, profiter de la chaleur d’un bon feu et questionner toute personne sur l’emplacement des appartements de notre nouveau maître. Angus et moi avions tous deux choisi de suivre un enseignement pratique, durant sept ans, et concernant l’artisanat en général, après quoi nous reviendrions auprès des nôtres pour quelques années et finalement reviendrions pour terminer ce que l’on pourrait qualifier d’études après avoir remboursé nos parents. En plus de suivre des cours dans la capitale, nous serions obligés de dénicher un petit boulot de commis ou autre pour pouvoir assurer notre subsistance, tant alimentaire que pour nous conserver un toit sous lequel nous abriter.
Les premiers jours dans Tubalcain se passèrent à merveille, nous fîmes connaissance avec Thorël Aragrim, celui qui s’occuperait de notre enseignement, il était affublé d’une longue barbe poivre-sel qui lui tombait jusqu’au torse et renforçait l’air sévère qu’inspirait son visage, parcheminé par les années. Malgré cet aspect peu engageant, il était bon et était très doué dans son métier, il était commerçant mais avant tout artisan. Dans son échoppe pouvaient se trouver d’une chaise en roseaux tressés à un lot de casseroles en fontes faites main ; il nous offrit une chambre commune, nous expliquant que nous n’aurions qu’à assurer notre pain et que nous devrions lui rendre cette pièce bien rangée lorsque nous partirions. Les premiers jours furent très rudes, nous devions être sur tous les fronts en même temps, courant dans les dédales des rues de la ville pour acheter tout ce dont notre maître avait besoin, tenir la boutique, en évitant de nous tromper dans nos comptes, sans quoi, il nous l’avait expliqué, nous devrions nous même débourser la somme manquante ou retrouver la personne à qui nous avions demandé trop d’or et le lui rendre. Après cela, je passais mes soirées dans une auberge où je travaillais à la fois comme serveur, plongeur et caissier ; Angus, quant à lui, m’avait dit avoir déniché un poste à la gare du chemin de fer où il embarquait les bagages des passagers, il était, semblait-il, même mieux payé que moi. Nous rentrions à des heures différentes, j’étais celui qui était chargé de fermer à double tours la porte du magasin. Après quoi je pouvais enfin monter à l’étage  pour profiter d’une bonne nuit de sommeil.

Une année passa, nous avions pris un peu en taille et notre barbe commençait à poindre. Nous avions un petit duvet au menton qui nous donnait un air sérieux qui ne me déplaisait pas. Je laissai mes cheveux pendre, ils étaient autrefois attachés en une queue qui me pendait le long de la tête. Angus, lui, se rasa le crâne, ne laissant que les quelques poils roux sur son menton lui servir de toute pilosité, car, oui, mon cousin était roux. C’était quelque chose qui n’arrivait pas souvent dans nos hautes montagnes, mais son père avait épousé une Numenoise, personnages qui avaient, eux, tendance à tirer vers le blond et le roux, ceci expliquait cela. Il me confia que ce que ce pourquoi nous nous donnions corps et âme depuis tant de temps ne l’intéressait pas, il ne rêvait que d’une chose, c’était de se battre, une vie tranquille comme marchand à sa propre solde ne l’intéressait pas, il voulait de l’action, s’engager dans l’armée ou la marine ; mon peuple avait, en effet, un petit contingent de navires de guerre qui stationnaient dans les villes côtières du sud, notamment Kür, Väl et Möd. Je tentai de le raisonner, un voyage de Tubalcain jusqu’à l’un de ces bourgs était éminemment dangereux, mais il ne voulait pas m’écouter. Il resta parmi nous jusqu’à la fin de l’hiver puis s’en alla sans mot dire, j’espérais qu’il revienne au village d’ici là et que je le retrouve sain et sauf à siroter de l’hydromel devant la cheminée, sous la mansarde, de la ferme de son père.

Le temps défila à une vitesse folle, je me retrouvai très vite vers la fin de mon apprentissage et mon maître et ami, se faisait vieux, il n’était déjà pas de première jeunesse lorsque je l’avais rencontré, mais à ce stade-ci, il ressemblait à des os recouverts d’une fine couche de chair et de quelques poils, il s’était complètement dégarni et il ne lui restait plus que de petites touffes de barbe. J’avais appris beaucoup de choses sur lui, plus que je ne l’aurais jamais imaginé, il n’avait jamais eu d’enfants et n’était pas marié, il avait combattu dans l’armée pendant des décennies avant de se retrouver amputé d’un pied à cause d’une blessure qui aurait pu s’infecter. Je ne m’en serais jamais douté, mais, comme il me l’avait expliqué, avec un peu de matériel et une bonne dose d’ingéniosité, on peut faire disparaître des défauts physiques comme on réparerait une mécanique.

Le jour de mon retour au bercail, je lui promis de revenir au plus vite et lui me promit de survivre jusqu’à ce que je sois à nouveau là. J’entamai en sens inverse la route qui m’avait amenée ici, les dernières années avaient été merveilleuses, j’avais fait la connaissance de nombreuses gens et j’avais eu la chance de voir le roi en personne et de lui adresser la parole, ce n’avait été que quelques mots bien sûr, mais c’était déjà beaucoup pour moi, j’avais aussi observé une éruption du volcan qui se trouvait assez proche de la ville, c’était un spectacle à couper le souffle. Le chemin se passa sans embuche, bien que, maintenant, après avoir vécu vingt-trois années, j’étais déjà plus habile avec les armes, j’avais profité de mon temps libre pour m’entraîner à leur maniement.  Je fus rapidement chez moi, quelques cycles lunaires tout au plus, je fus accueil à bras ouvert par tous, sauf Bör, qui, inquiet de ne pas voir son fils, ne m’adressa qu’un regard noir.

Dans la soirée, un festin fut organisé en mon honneur, après celui-ci, quand les chants et les musiques se turent, je me dirigeai vers la ferme de mon oncle pour mettre les choses au clair avec lui, ce ne fut pas long de lui expliquer pourquoi son fils avait décidé de déserter la Ville Mère, il avait toujours su qu’il n’était pas fait pour une vie tranquille, ils parlaient toujours des grandes guerres d’autrefois et Angus lui avait promis de devenir un grand guerrier, quand il était tout petit. Par contre, ne sachant pas ce qui lui était arrivé, j’inventai un mensonge, lui affirmant qu’il m’avait fait parvenir un courrier dans lequel il m’expliquait être arrivé dans le sud et qu’il avait rejoint un équipage ; à l’entente de ces paroles, son père sourit amplement, ce qui me tordit un peu plus le cœur, je n’aimais pas mentir, mais il n’aurait pas supporté de voir son gamin égaré et risquant de perdre la vie à tout moment.

Une année passa, j’avais encore grandit et appris beaucoup de chose, j’avais beaucoup aidé mon père dans ses travaux et à sa forge, plus qu’auparavant dans tous les cas, il avait même décidé d’enfin me prendre sous son aile, son atelier m’étant destiné à sa mort. Il me transmit sont savoir que son père lui avait transmis et que le père de son père avait révélé à son fils, le travail des métaux m’intriguait tout autant que la guerre intéressait mon cousin, je fus contenté, recevant un enseignement répondant à la majorité de mes questions ; dans mon clan, il existait une tradition qui voulait que les forgerons, avant d’être reconnus comme tels, devaient fabriquer leur première arme, celle qui leur serait destinée et qu’ils ne pourraient en aucun cas abandonner, celle qui serait la plus belle, la plus résistante, la plus meurtrière de leurs créations, seuls. On m’annonça que j’avais l’exact temps de trois couchers de soleil, la tâche fut ardue, je ne savais pas comment j’allais m’y prendre, mais, comme il fallait que je donne mon maximum, je ne fis pas de demi mesure, il existait, dans les vieux contes que les quelques habitants du village se racontaient au coin du feu, une pierre que les dieux auraient laissée tomber des cieux le jour de leur départ, ou plus précisément, une des pierres qui tomba en même temps que l’Objet Divin, celui que beaucoup d’entre-nous assimilent à Mjollnir, le marteau de Thor, et elle se trouvait dans une vallée proche. Je m’y rendis, avec mon matériel, courant à flanc de montagne et sur des escarpements plus dangereux les uns que les autres. Je la trouvai facilement, mais j’eus à défaire un ours qui rôdait autour, ce ne fut pas des plus aisés, mais je parvins à m’en débarrasser après une lutte âpre. C’est sur place que je me devrais de façonner mon chef-d’œuvre, celui qui m’accompagnerait en tout lieu, je n’aurais jamais eu le temps de ramener suffisamment de cette pierre pour pouvoir la travailler à l’aise dans la forge de mon père. A quelques pas du rocher se trouvait une cavité qui serait le refuge idéal ; j’érigeai un fourneau de briques, que j’avais emportées avec moi, ce qui n’avait fait qu’alourdir ma charge déjà pesante, et préparai mes outils, je m’en allai ramasser du petit bois pour allumer un feu qui ne cesserait d’être alimenté pendant encore deux jours, la pioche que j’avais emportée me fut utile pour décrocher un pan de pierre mélangée au métal de ma taille, je devrais d’abord raffiner cela, c’est pour cette raison qu’une telle quantité m’était nécessaire, ma tâche n’aurait pas pu être plus laborieuse, les maigres objets que j’avais à ma disposition me serraient plus que précieux. Je n’avais aucune idée de ce que je réaliserais, mais mon père, avant que je ne parte, m’avait chuchoté que mon cœur me guiderait et que sa décision serait sans appel, mes mains lui obéiraient et de cette union naitrait une unique arme.

Ma soirée ne fut pas de tout repos, trimant pour que le feu devienne de plus en plus chaud, usant de tout l’enseignement que j’avais reçu, mettant en pratique tout ce qui m’avait été conseillé, je n’arrivais qu’à avoir une flamme vacillante au-dessus d’un tas de bois mouillé, je désespérais d’arriver à mes fins, jusqu’à présent, mon travail n’avait été que catastrophe et je m’en désolais, je décidai de prendre une nuit de repos et de commencer mon œuvre le lendemain, car il ne valait mieux pas que je m’acharne encore, usant de mon énergie si précieuse. Ma nuit fut agitée, n’arrivant pas à trouver le sommeil, soucieux de ne pas arriver à remplir ma mission, quand j’arrivai à enfin m’endormir, la lune était déjà haute dans le ciel, je fis un rêve étrange, comme si j’étais transporté hors de mon corps, je me voyais, allongé sur la pierre si inconfortable, bougeant, troublé, puis une lumière nacrée enveloppa ma main, comme une espèce de magie des temps anciens. La rune inscrite profondément dans ma peau commença à se mouvoir, prenant des teintes rouges, puis, une étincelle jaillit de mon index, je sentis une grande vague d’espoir m’envahir, comme si ce scintillement était la clé d’une énigme inconnue. Je fus à nouveau aspiré dans ma chair, retrouvant ma place originelle, comme si rien ne s’était passé, tout était redevenu normal. Un sentiment de chaleur m’accompagna toute la nuit, comme si un grand feu de joie était allumé et que je me reposais à côté.

Aux premières lueurs de l’aube, je fus réveillé par le chant d’un coq, la vallée était plus proche de mon village que ce que je ne pensais, pour que l’écho du cri du roi de la bassecour  se répercute jusqu’ici. Et c’est à mon grand étonnement que, ouvrant mes yeux, je vis une haute flamme s’élever du petit tas de bois que j’avais entassé là où j’avais désiré travailler, mais qui ne m’avait apporté aucune satisfaction. Je fus émerveillé de voir cette langue bleue danser au-dessus d’un tas de cendres, ne s’éteignant pas, il s’était passé quelque chose durant la période où le soleil s’était effacé pour laisser place à sa sœur lune, quelque chose de magique. Je ne demandai pas mon reste, remerciant les dieux dans une courte prière, je m’attaquai à ma tâche, m’arrachant à ma torpeur j’enfilai mon tablier de cuir ainsi que mes gants, vidai mon sac de voyage de tout ce qui me serait utile et laissai mon cœur guider mes mouvements.

Une journée durant, je ne fis que l’extraction du minerai qui m’intéressait, un petit ruisseau coulait à proximité de ma grotte et me servit à remplir de grandes bassines d’eaux que j’avais emportées, démontées. C’est une fois la quantité nécessaire obtenue que je cessai de travailler, me donnant une heure de repos pour me restaurer et dormir, à la nuit tombée, ma besogne reprit, je ne me souviens plus exactement ce qui se passa ce soir là, tant la chaleur du feu me monta à la tête et mon ouvrage m’obnubila, mais au levé du troisième jour, une arme était née. Il s’agissait d’une masse d’arme, noire comme l’obsidienne, légère et facile à manier, une garde recouverte de cuir pour faciliter l’empoignement, voilà ce que j’avais créé.

Je retournai à mon village, confiant et mon orgueil gonflé à bloc, j’avais réussi, j’étais officiellement un forgeron de la lignée des Thoragrim ! Cette fois-ci, le chargement me parut bien moins lourd, même si j’étais exténué et que mes membres n’avaient presque plus de mobilité après tant d’agitation, les escarpements me parurent être de larges voies pavées, m’offrant une facilité déconcertante pour faire rebrousse-chemin. Mes mains s’agrippant aisément sur les interstices des parois rocheuse, lorsque je devais jouer les fils de l’air car le vague chemin tracé dans le roc était impraticable suite à un éboulement ou autre soucis de parcours.

Un fois en vue des hautes palissades de bois qui clôturaient mon village, le protégeant sommairement des attaques des golems ainsi que des rares troupes de brigands qui parcouraient la Lame, ceux-ci étant souvent traqués par des groupes de guerriers venant des grandes villes et payés à cet effet, devenant de moins en moins nombreux, mais suffisamment dangereux pour causer des soucis que je ne pouvais, à ce moment, encore imaginer, j’aperçus des cheveux d’une couleur qui ne m’était pas inconnue, flamboyante masse sous les rayons du soleil de midi, mais je pensai à une hallucination, sachant que cette personne ne pouvait se trouver ici, elle devait être, à l’heure qu’il était, morte, son cadavre gisant sur une route et servant de festin aux rares charognards qui habitaient le pays, je continuai sur le chemin de terre battue. Ce n’est que devant les portes qui donnaient accès à mon chez-moi que j’entendis le son d’un cor retentir et venir frapper les montagnes de plein fouet, c’était un son clair et pur, une tonalité peu connue dans nos contreforts mais qui laissait un moi le vague sentiment d’une odeur saline.

La porte s’ouvrit en grand et je vis, derrière celle-ci, devant les miens, amassés pour me souhaiter la bienvenue, mon vieux cousin, il avait la dégaine d’un guerrier mais portait un accoutrement étrange, il ne s’agissait pas d’une lourde armure mais bien de vêtements en tissu, un tricorne dans lequel était fiché une plume rouge et bleue, sous celui-ci, un bandeau de tissu pourpre, deux boucles d’oreilles en argent pendaient aux lobes de ses oreilles, scintillantes, une chemise en tissu, rayée, lui tombait jusqu’à la taille et était retenue par une pièce de toile ainsi qu’un ceinture à laquelle était accroché un sabre à la garde travaillée et au pommeau enchâssé d’un rubis, un pantalon bleu ciel lui tombait jusqu’aux mollets où de hautes bottes cachaient sa suite. Sa barbe avait aussi fortement poussée et, là où, chez moi, elle était lâche et emmêlée, la sienne était longue et tressée avec soin, de nombreux anneaux venant en son sein pour l’agrémenter. Un brassard en cuir teint de noir venait compléter son attirail, celui-ci orné d’un emblème représentant le haut du corps d’un cheval et la queue d’un poisson, donnant un étrange motif mais qui avait une allure qui lui était propre. Il y avait aussi cette fameuse corne de bœuf qui avait retenti un instant plus tôt, elle était de toute beauté, peinte en blanc et en or et sur laquelle étaient gravées des scènes de combats navals. Son teint avait également changé, il était plus basané que jamais, ce qui lui donnait un air de grand seigneur.

Nous nous fîmes une accolade, une étreinte qui aurait pu ne jamais cesser tant ces retrouvailles m’allégeaient d’un lourd fardeau, un son vague et étouffé d’applaudissements retenti, je n’y prêtai aucune attention, trop heureux de retrouver mon ami de toujours, lui semblait frais et dispos alors que moi-même je n’étais qu’une loque, exténué et affamé, je fis mine de me laisser aller au sol, mais je réussi à rester debout, au prix d’un grand effort, on m’amena directement au centre du hameau où, sous la tonnelle où se tenaient d’habitude les anciens lorsque l’astre solaire tapait dur, avait été dressée une grande tablée avec plus de nourriture que je n’en avais jamais vu dans ce coin reculé de la Province de Duncaïn. Je ne savais si elle était destinée à célébrer ma réussite ou le retour de mon cousin, mais dans l’était où je me trouvais, j’étais simplement heureux de pouvoir passer un moment avec ma famille et mes voisins de toujours. Le soir fut consacré aux chants, aux danses, au festin, rythmé par les quelques instruments que nous avions en notre possession. Mon père me félicita longuement pour le travail que j’avais fourni, il semblait très fier de moi et je n’en étais pas mécontent. La plus grande partie du repas fut pour moi un rêve éveillé, ne goûtant à rien, mais profitant de la joie d’être tranquille, assis dans une vieille chaise en hêtre, voyant le vieux Bör ravit de se trouver à nouveau au côté de son fils adoré, qu’il avait chéri et gâté depuis sa plus tendre enfance.

Angus était quelqu’un de très orgueilleux et avait, ce que l’on pouvait appeler des instants de crise où il ne pouvait s’empêcher de se mettre en scène et d’exagérer ses propos, c’était exactement le cas en ce moment qui se voulait festif, j’en étais certain car, comme à son habitude, une veine sur sa tempe droite saillissait sous l’effet d’un afflux sanguin causé par ces accès de mythomanie. Il semblait raconter ce qui lui était arrivé, bien que je ne comprenais pas un traitre mot de son aventure, je comptais lui en parler plus tard, que nous ayons une discussion claire et sans mensonges à ce sujet.

Je trouvai tout de même la force d’ingérer quelques plats, m'obligeant un peu, sachant que je devrais récupérer au plus vite pour entreprendre un nouveau voyage. Les instruments  sur turent petit à petit, les voix s’éloignèrent, il ne resta bientôt plus que mon cousin, et nos parents respectifs. Ces derniers nous quittèrent et nous nous retrouvèrent seuls, assis nos chaises, chacune en bout de table. Il me fit signe de tête.

- Allez ! Tu ne vas pas rester tout seul quand même ! Viens t’asseoir à côté de moi, dit-il enjoué.

- Angus, tu sais que je suis trop fatigué pour me lever, je n’ai plus de forces, c’est plutôt à toi de ramener ton gros arrière-train ici, réussis-je à souffler tout en essayant de rester le plus bon enfant possible.

- Je m’incline cousin, lâcha-t-il dans un rire tonitruant.

Il vint à côté de moi et s’assit, il semblait plus fort, plus mesuré, et déterminé que jamais, son départ ne lui avait pas été défavorable finalement, s’il en était revenu grandi. Il prit une grande inspiration.

- Le Maître va-t-il bien ?

- Tu sais qu’il n’était plus de première jeunesse, ton départ l’a touché, il t’appréciait énormément, plus que ce qu’il n’avait d’estime pour moi, dis-je, ça n’a jamais été un secret pour aucun de nous deux. Il se fait vieux maintenant, il n’est plus en état de travailler, je lui ai promis de revenir le plus vite possible, mais j’ai peur que le temps ne défile trop vite.

Il me regarda, gêné, il n’aurait jamais cru que je puisse être aussi franc avec lui, il n’imaginait pas non plus que le Maître puisse mourir, il avait été un modèle pour lui, même s’il ne l’avait pas apprécié à sa juste valeur et ne lui était pas resté. D’une certaine façon, si ce n’était pas mon cousin qui s’en était allé, c’eut été moi, j’étais toujours dans l’ombre d’Angus, il avait des dispositions à s’attirer la sympathie de tous, ce qui m’avait toujours rendu jaloux, même si je savais au fond de moi que je pouvais faire de grandes choses. Je rapprochai mon visage du sien et le regardai droit dans les yeux.

- Maintenant tu vas me raconter ce qui t’es arrivé quand tu t’en es allé et que tu m’as laissé seul.

- Cousin, tu sais bien que ce n’était pas contre toi, s’exclama-t-il outré.

- Je n’en doute pas un seul instant, mais je ne sais pas si tu te rends compte que toutes ces années, je me suis inquiété pour toi, mon ami, celui que je considérais comme un frère.

- Drazh ! Mon vieux ! Tu aurais dû te douter que je te reviendrais ! La mort ne nous séparera jamais, tu le sais !

- Je ne le sais que trop bien, mais mon amitié t’a toujours été destinée, je ne pouvais me résoudre à penser que tu avais trouvé d’autres compagnons, murmurais-je le cœur serré.

- Alors comme ça mon noble cousin, celui qui donnerait tout à la veuve et l’orphelin, serait jaloux, me questionna-t-il en riant de bon cœur.

- Pire que ce que tu ne peux t’imaginer, m’exclamais-je en riant également.

Je le regardai à nouveau dans le blanc des yeux, j’avais cessé de rire.

- Arrête de te défiler et raconte-moi ce qui s’est passé, soufflais-je.

- Bien ! Bien ! Comme tu voudras, cracha-t-il.

Il commença son récit, le matin où nous ne l’avions pas retrouvé, il s’en était allé par la porte de la cours arrière après avoir rassemblé quelques affaires qui lui seraient utiles, il avait eu la présence d’esprit de prendre la moitié de l’argent que nous avions gagné, qui se trouvait dans une vieille armoire en face de sa couche, je n’avais jamais osé le dire au Maître, Angus avait bien le droit d’avoir sa part

Il partit le cœur lourd, avec pour toute arme un vieux bâton noueux retrouvé le bord de la route, il chemina vers le sud, la ville de Kür, moins prisée qu’Alcombord par les navigateurs car trop éloignée des cités humaines. Le temps n’était pas avec lui mais il allait là où le soleil dardait de ses chauds rayons, même durant la période hivernale, il était confiant et ne souffrait pas trop du froid, il pensait y arriver en en lune, voire deux, il n’y arriva qu’en quatre, les chemins étant difficilement praticables, même si les neiges ne venaient pas ralentir sa marche, le terrain était boueux et à de nombreuses reprises il dut s’arrêter pour faire une pause et reprendre des forces, le comble étant que la nourriture fut la première chose à manquer, l’obligeant à se rationner et à laisser son ventre réclamer son dû à corps et à cris.

La province de Numenaïn ressemblait à la fois à un désert de roches, de larges zones dégarnies étant réparties de manière aléatoire sur le paysage, sur toutes les terres restantes poussaient de hautes forêts, verdoyantes en temps normal, mais qui avaient perdu tout leur éclat. Aucun gel ne venait orner ces feuillus, seul un crachin venait s’incruster dans ce tableau morbide pour lui donner une apparence encore plus triste.

C’est par la grande voie, tracée lorsque cette Maison avait été affiliée au royaume, qu’il arriva aux portes de celle qu’il nommait l’une des plus belles cités, enclavée dans une baie, autour de laquelle s’élevaient des monts, n’ayant besoin que pour tout rempart d’une séries de portes, toutes travaillées avec un grand soin et sur lesquelles étaient tracées les emblèmes de la ville, soit un hippocampe entouré d’un triangle formé par des étoiles de mer, celles-ci étaient disposées dans un tunnel aux dimensions gigantesques, presque aussi haut que le plus petit des pics. Jamais personne n’avait pu se vanter d’avoir pu rentrer dans la cité, même si il avait déjà dû se rendre à plusieurs reprises à cause d’un blocus et d’une garde serrée des routes marchandes, Kür avait la qualité d’être à la fois l’endroit le plus sûr et le plus facilement prenable de tout le royaume. Pour en revenir à cette baie dans laquelle était entravée la citadelle, ses deux extrémités étaient ornées de deux statues gargantuesques, plus hautes elles-mêmes que les contreforts qui entouraient la localité, représentant des guerriers des anciens temps, grands, fiers, dégageant une aura d’autorité. Au-delà de la barrière naturelle qui la protégeait, s’élevaient des bâtiments de toute beauté, construits d’une main de maître, de larges ponts passaient au-dessus de la crique, des tours s’en allaient chatouiller les nuages, une forteresse servant de palais aux nobles qui dirigeaient la ville en parfaite harmonie avec les familles bourgeoises, le Roi faisait spécialement surveiller la noblesse de cette région car elle était fougueuse et prête à n’importe quoi pour retrouver son ancien statu de dirigeante d’une cité-état prospère, ils n’en étaient que plus dédaigneux avec les voyageurs venant de Tubalcain.

Le jour de son arrivée, partout dans le ciel volaient mouettes, goélands, poussant leurs cris, les uns riant, les autres pleurant, le présage n’en était que plus obscure pour ce jeune Nain qui ne s’était jamais intéressé aux arts de la divination, que je considérais pour ma part comme une science inexacte mais qui pouvait se révéler utile. Il se retrouva sur une immense plateforme d’où partaient trois avenue, l’une vers les casernes, l’autre vers la forteresse et la dernière s’enfonçait droit dans la ville, tout dans Kür n’était qu’architecture aérienne, c’était à se demander comment tout cela tenait, Angus s’en alla vers le port, choisissant la troisième avenue de manière hasardeuse, se disant qu’il trouverait bien quelqu’un pour l’orienter, il arriva en finalité devant les quais et les docks où les navires mouillaient, se dressant, hautains, se voulant plus prestigieux que la cité même. Angus fit directement halte dans une de ces tavernes où passaient le plus clair de leur temps les matelots qui ne pourrissaient pas en mer et où ils dépensaient l’entièreté de leur solde en boisson et en filles, car, oui, la majorité de ces établissements étaient également des bordels tenus par des organisations peu scrupuleuses qui tiraient profit de ces pauvres moussaillons qui ne rêvaient que de deux choses en revenant à terre.  

Pour résumer clairement ce qu’il se passa dans cet établissement de peu de bonne foi, la phrase que mon cousin employa convient à merveille.

- On ne m’avait jamais jeté hors d’un bar avec une telle violence, s’exclamait-il.

C’est pour bien vous faire comprendre qu’il n’avait pas vraiment fait bonne impression, n’ayant jamais navigué, ne sachant même pas ce qu’étaient proue et poupe, ignorant même l’existence de ceux que l’on nommait les « galériens », forçats condamnés à ramer sur les navires du Roi et étant revendus comme marchandise aux commerçants pour que leurs embarcations puissent voguer en l’absence de voiles. Il n’avait jamais été très malin Angus, mais de là à annoncer de prime abord qu’il était incompétent, j’avais rarement vu pire, même de sa part.

Evidemment il dût se contenter de petits travaux pendant une année, vendant du poisson, des fruits et légumes et toutes autres marchandises, servant de commis, comme moi à Tubalcain à la même époque, touchant un peu à tout, se bagarrant pour les yeux d’une demoiselle, buvant tout son saoul d’alcool pour oublier l’erreur qu’il avait faite en quittant ce qui nous servait de foyer ; il n’avait même plus assez de monnaie pour s’offrir un quignon de pain à la boulangerie aux prix les plus bas. C’était une mauvaise année qu’il passa, mais c’est en touchant le fond que l’on se relève plus fort.

Plusieurs lunes se suivirent, après qu’il eut réalisé qu’il était arrivé dans la ville portuaire il y avait un an jour pou jour, il sombrait de plus en plus dans la débauche, hésitant même à se vendre dans un de ces établissements où les marins venaient se « détendre » de retour des mers, il y en avait pour tous les goûts comme il disait. C’est un matin où le froid était rude, il était allongé dans une des rares ruelles qui se trouvait au sol, une grande silhouette s’avança dans sa direction.

- J’étais certains que je voyais venir la mort, me dit-il, j’avais dans l’idée qu’il s’agissait d’un assassin venu s’enquérir des sommes que je devais mais au lieu de cela …

Au lieu de cela, il s’agissait d’un navigateur, un grand homme blond aux cheveux courts et bien coiffés, portant une longue balafre partant de son œil jusqu’à son torse, il avait dû avoir le temps de sentir la lame comme disait, pour plaisanter, mon gredin de cousin, il lui proposa un travail, une petite rente pour subvenir à ses besoins et vivre une vie décente, pensez-vous que mon cousin refusa, même s’il se fourrait à nouveau dans un sacré pétrin sans s’en rendre compte, comme d’habitude j’ai envie de dire.

La « Rascasse », voilà le nom du bâtiment auquel il était affecté, un navire d’explorateurs mais qui servait communément au transport d’objets de valeurs, pierres précieuses, minerais, tabac, soie, épices et officieusement … Au trafic d’esclaves. Le rouquin fut affecté à nettoyer le pont, s’arrachant les paluches du matin au soir sur un bois plein d’échardes, frottant, astiquant, faisant briller chaque pouce de ces planches, mais il n’était pas fortement apprécié, certainement car il était le seul courtaud de l’équipage, tous étaient grands, certains à la peau basanée, d’autres pâles comme des linges, mais tous étaient d’au moins deux têtes supérieurs à lui, ce qui lui valait pas mal de moqueries, qui plus est il était roux, ce qui lui valait l’obtention de sobriquets attachants …

La nuit tombait sur cette nouvelle journée, terminant un nouveau mois, entamant une nouvelle année, il était à bord, malmené par ces Humains aux scrupules inexistants et se passant les nerfs sur plus petit qu’eux, l’océan était calme, trop calme, il terminait de récurer la cabine du capitaine, à l’extérieur, à part quelques lanternes, tout était noir comme le plus profond d’une caverne, ils se reposaient, esclaves comme marins, ils étaient en vue de terres, l’une des îles qui formaient cet archipel du nom de Kynthnos, une barque avait été envoyée en reconnaissance il y avait de cela treize heures et ils pouvaient voir leur feu qui dansait sur le sable blanc, tout allait à merveille, le capitaine venait de trouver une nouvelle planque pour l’alcool de contrebande, qu’il avait envoyé avec les éclaireurs. Tard, très tard dans la nuit, un grincement de la coque le tira aux rêves d’un avenir plein de richesses, il dormait à la belle étoile, avec ses seaux et ses torchons, il ouvrit l’œil et eut la vision d’horreur d’un homme penché sur lui, un sabre dans chaque main, s’apprêtant à l’envoyer avec ses ancêtres, il fit tout ce qu’il put, implorant la pitié de son agresseur, il n’obtint aucune réponse de celui-ci, c’est un autre, encore un humain, portant un grand tricornes noir, qui lui adressa la parole, il lui demanda où se trouvait le capitaine, s’il le lui indiquait, il aurait la chance d’être gracié, même s’il serait obligé d’intégrer l’équipage de cet homme effrayant. Angus accepta sans poser de questions et livra celui même qui était venu le sortir de la rue, se montrant aussi consciencieux  que ce que ses « collègues de travail » l’avaient été avec lui.

- Et depuis, je rançonne les marchands en échange d’un peu de plomb dans leur cervelle, termina-t-il.

- Tu n’as pas honte de faire ce que tu fais, m’offusquai-je.

- Il n’y a pas de sot métier, cousin, dit-il calmement.

Son histoire ne pouvait pas se terminer ainsi, lui qui avait toujours été quelqu’un de charmant et aidant, devenu un truand de la pire espèce, ce n’était pas possible, je voulais en savoir plus, je voulais tout savoir … Quoique, je n’avais rien à savoir de plus, j’étais maintenant persuadé qu’Angus gardait une partie de secret pour une raison que nous connaissions tous les deux, il ne voulait pas me gâcher la surprise, il avait raconté avec tout son art, si bien que je croyais à tout, qui sait, il pouvait avoir tout inventé, je savais ce qui s’était passé ces dernières années dans les grandes lignes et j’étais satisfait. Sacré cousin !

La soirée se termina là où le soleil commençait à poindre, Angus ivre mort et moi-même exténué par les évènements des derniers jours, je portais toujours ma massa à ma ceinture d’ailleurs, elle luisait faiblement dans cette aube de irisée, comme si la pierre envoyait un signe aux dieux. Je m’assoupissais à peine qu’un martèlement sourd me réveilla, quelqu’un frappait et réclamait à la porte du village, Bör, qui devait être le seul d’entre nous à pouvoir tenir à une nuit ainsi et être levé aux aurores, frais comme un gardon, ouvrit celle-ci, c’était un messager portant les emblèmes de Tubalcain, monté sur un poney, venu me délivrer un message, il semblait que le maître était gravement atteint par la maladie et que sa fin approchait, ce message datait de la semaine précédente. Ni une, ni deux, je fis mes bagages et partis à nouveau vers la capitale, le courrier mes laissant sa monture car il serait gratifié d’une augmentation s’il le faisait, comme quoi ses motivations n’étaient pas des plus héroïques.

Ce chemin, je commençais à la connaître, mais à dos de poney, c’était une toute autre histoire, les escarpements n’en étaient que plus dangereux, les éboulements plus problématiques et il fallait que la bête se repose de temps à autres car je la poussais souvent à bout, en un peu plus de huit jours j’arrivai devant les portes de la Cité Mère, m’engouffrant dans l’avenue principale, déboulant dans cette petite boutique atelier qui était la sienne, je possédais toujours un double des clés, que je fis tourner dans la serrure, la main tremblante, les yeux remplis de larmes, je ne voulais pas me résoudre à voir celui qui avait été un père pour moi pendant de nombreuses années mourir sans que je sois là, je ne voulais pas le voir mourir, tout simplement, il comptait trop pour moi, il était un modèle, un exemple, la preuve qu’avec la foi on peut arriver à réaliser ses rêves, c’était trop bête qu’il s’en aille, il y avait tellement de choses qu’il devait encore m’apprendre, ce faisant, je n’avais toujours pas réussis à ouvrir ce fichu battant, des larmes coulant, coulant, coulant …

Une demoiselle, mesurant à vue de nez un peu quelques pouces de plus que moi, aux cheveux blonds comme le blé et tressés en deux nattes, un peu plus jeune que moi et aux yeux marron comme des noisettes, vint à mon aide, prenant la clé de mes mains et la tournant dans le loquet, de sorte que le battant s’ouvrit presque instantanément, je courus à l’étage, laissant celle qui m’avait aidée seule à l’entrée, je me précipitai dans la chambre de Thorël, il était alité, le teint plus pâle que celui de la demoiselle qui venait de me secourir, celui d’un linge, il toussait abondement, il était au bout du rouleau, je m’écroulai à genoux devant lui, pleurant toutes les larmes de mon corps, j’étais arrivé trop tard, on ne pouvait plus rien pour lui. D’une voix faible, remuée par mes sanglots, je lui dis :

- Je suis désolé, désolé, désolé ! Je suis en retard … Je … Angus est en vie Maître, il va bien, mais ce n’est pas votre cas, me pardonnerez-vous un jour ?

Il tourna la tête, plantant ses yeux d’acier dans les miens, de neige, rassemblant ses dernières forces, il réussit à articuler quelque chose.

- Tu n’as pas à t’excuser, c’est plutôt à moi de le faire, un peu plus et je ne tenais pas ma promesse, mais je suis toujours en vie, tu le vois, mais ce ne sera plus pour très longtemps, il y a une lettre dans la commode, dit-il en réprimant une quinte de toux et désignant le vieux meuble.

Je restai à son chevet une, deux, peut-être trois heures, puis il soupira pour la dernière fois et je le laissai en paix, jusqu’à ce qu’on vienne le chercher pour le sceller dans la roche, avec sa famille. Je consultai enfin cette fameuse lettre, il me léguait son atelier, sa maison, l’entièreté de ses biens. Deux bagues étaient aussi contenues dans l’enveloppe, sur lesquelles étaient gravés deux bustes de chevaux, je savais à quoi elles serviraient, le jour venu, il me considérait vraiment comme un fils …

Je descendis l’escalier en bois, il commençait à craquer à chaque pas, le temps avait aussi un effet sur lui. En bas, devant le comptoir, assise sur une chaise, la jeune fille m’attendait, voyant mes yeux, rouges, tous les petits vaisseaux sanguins qui les parcouraient étaient dilatés après avoir tant pleuré, je n’étais que l’ombre de moi-même, cela ne m’empêchait pas de me demander ce que cette demoiselle faisait là, il semblait qu’elle était humaine et n’avait aucune raison de rester ici, j’avais déjà été grossier en la laissant sur le pas de la porte, mais elle était restée, c’était un petit rayon de soleil dans ma journée, ce visage se beau, remplacé par une moue de tracas, qui la rendait encore plus belle, ses lèvres étant arrêtée sur une grimace des plus adorables, je lui adressai la parole :

- Ateliers Aragrim, nous sommes désolés de ne pas pouvoir vous recevoir pour le moment pour des raisons du domaine privé.

- Je … Je suis désolée, balbutia-t-elle, je pensais que vous auriez besoin de réconfort, c’est moi qui m’occupe de Monsieur Aragrim depuis que vous êtes parti et c’est moi qui vous ai fait mander.

Je ne savais pas que Thorël avait demandé d’avoir quelqu’un pour l’assister pendant mon absence, certainement qu’il n’avait pas voulu me le dire en pensant que je serais jaloux, il n’avait pas tout à fait tort, j’étais aussi têtu que jaloux, c’est pour cela que j’enviais tellement Angus dans ces relations avec les gens, il savait ne pas se montrer excessif. J’avais toujours les deux anneaux en mains, je les rangeai dans un coffre, sous le comptoir, un de ces vieux modèles qui s’ouvrait au moyen de deux clés et qui était quelque peu obsolète. L’Humaine se leva et s’approcha de moi, prenant de sa petite main, la mienne.

- Je me nomme Élise Mel, enchantée de faire votre connaissance, dit-elle de sa petite voix.

- Moi de même, même si j’aurais préféré vous rencontrer dans d’autres circonstances, je suis Drazh Thoragrim, dis-je encore sous le choc.

- Que diriez-vous de venir vous balader, il ne faut pas vous morfondre plus longtemps, je sais ce que c’est que de perdre un être cher, il faut se réjouir pour lui, il ne souffre plus.

Me trainant un peu de force hors de ce qui était maintenant chez moi, elle m’emmena vers une journée meilleure qui en conditionnerait bien d’autres. A mon retour, le corps de Thorël n’était plus là, on l’avait déplacé, pour qu’à jamais il repose parmi les siens. Je ne pus m’empêcher de verser une petite larme, même si j’avais promis que …

[…]Aujourd’hui était une journée comme les autres, je travaillais tranquillement, frappant de mon marteau l’acier pour lui donner forme, une importante commande de flèches pour les gardes, je ne pouvais pas passer à côté, cela devait me rapporter assez pour que je n’ai plus de soucis d’argent pour au moins trois lunes, surtout que maintenant j’avais de plus en plus de mal à joindre les deux bouts avec tout ce qui m’arrivait. Cela faisait maintenant cinq ans que mon Maître était mort et que la jolie demoiselle Mel m’avait emmené loin de la tristesse, tout était au beau fixe, sauf peut-être l’argent. Elle m’avait sorti de l’angoisse de la mort. La petite sonnette sur le comptoir sonna trois fois, Angus avait décidé de me rendre visite, il semblait plus vieux que moi à force de vivre dans les embruns, les cicatrices n’arrangeaient rien, mais il semblait tout aussi heureux que moi du train de vie qu’il menait.

- Alors mon vieux ! Comme ça j’ai appris qu’on courait les jupons ! Tu t’y mets enfin, à presque trente hivers ça devenait inquiétant, dit-il en affichant un grand sourire.

- Allons, tu sais bien que ce n’est que des bobards, mon amour est mon travail, ça ne changera jamais, bafouillais-je en rougissant.

Il fit un mouvement théâtral accompagné d’un « Et bien si c’est comme cela, meurs seul », mais il ne réalisa pas immédiatement qu’il avait fait tomber un coffret qui se trouvait sur une étagère, quand il le vit, il s’excusa, je lui dis que ce n’était pas grave, il ne m’avait pas vraiment servi et ne me servirait plus, le mécanisme était complètement détruit, quelque chose en était tombé, je le ramassai en vitesse et le fourrai dans ma poche. Oh non, je n’en aurais plus besoin de ce coffre.

[…]Je fis, deux ans plus tard, la rencontre d’un Elfe du nom d’Aegan Fëanor, un peu effrayant mais foncièrement bon, après avoir eu quelques projets insensés ensemble, nous nous dîmes au revoir et je n’entendis plus parler de lui avant un long temps, c’est en nous quittant que je réalisai à quel point j’étais heureux, j’avais une famille, des amis, des gens qui m’attendaient chez moi et lui n’avait personne … Une grande leçon de vie que j’avais reçue.

[…]Treize ans passèrent, je m’étais assombri, des choses s’étaient passées en tout ce temps, mais ce n’était pas qu’en bien, j’avais perdu quelque chose qui tenait énormément pour moi mais je ne me souvenais plus dans quelles conditions, je m’en voulais terriblement, au point que j’en avais fait des cauchemars pendant des mois, j’avais décidé qu’il était temps de revenir pour de bon à la maison et d’y finir mes jours, j’avais assez donné et la vie calme et reposante des montagnes me manquait, je fis à nouveau mes bagages, pensant que toute mon existence n’avait été qu’un éternel aller-retour entre mon village et cette ville que j’aimais tant, c’était une bien triste conclusion mais on ne peut changer le passer, il faut mettre toutes les cartes sur la table pour que le futur soit à notre envie, même si la surprise n’est jamais mauvaise et peut même être agréable.

Une antépénultième fois, je fis ce voyage qui me menait du sud au nord, un peu plus de résistance, voilà tout ce que je rencontrai, beaucoup de loups et d’ours mais qui n’étaient pas un véritable problème, j’étais armé, bien armé, ma masse voltigeait souvent et finissait par un saut de l’ange dans la nuque de ces quadrupèdes carnivores, ce qui était pratique avec cette arme était qu’il n’y avait pas ou peu de sang qui était versé, ce qui m’évitais de devoir la laver à chaque fois pour ne pas que le liquide rouge ne coagule et que le métal ne s’oxyde, bien que j’avais des doutes sur les possibilités d’oxydation du métal provenant de ma pierre céleste.

Mon bric-à-brac sur le dos, avancer n’était pas toujours facile, j’avais emporté tout ce que je pouvais, fermant précieusement toute entrée à l’atelier, je ne comptais pas revenir, c’est pourquoi j’avais fait le grand ménage. Je ne me résolvais pas à me séparer du bien de Thorël, c’était tout ce qu’il restait de lui, le dernier souvenir que je conservais, je l’avais aménagé pour ma vocation, remplaçant l’ancienne salle d’exposition en une forge convenable, trois hauts fourneaux et tout le matériel allant avec.

De retour devant cette fameuse porte en bois, Bör ne voulut pas m’ouvrir, me charriant car j’avais pris un peu de poids et mes cheveux avaient grisonné, d’après lui, je n’étais plus même, quelque chose avait changé en moi, j’avais ma petite idée sur la question. Il me laissa finalement entrer, ceux que je croisais me posaient tant de questions sur la vie en ville, mais une revenait très souvent, s’il y avait moins de dangers là-bas. Je ne savais pas vraiment quoi répondre, était-ce une question piège ? A chaque fois que cette phrase ressortait, je l’ignorais cordialement. Je fus ravi de voir les frimousses réjouies des gamins qui étaient nés pendant ces vingt dernières années. Mes parents n’étaient pas là, s’en doute n’avaient-ils pas été avertis, je me dirigeai à grandes enjambées vers la maison de mon enfance, je voulus tourner la poignée du gros cadre en bois pour y rentrer mais il ne voulut pas bouger, j’essayai encore, me disant que, depuis le temps, mon père n’avait pas pensé à huiler les gonds, mais il ne se passait rien. Je commençais sérieusement à me questionner, ils n’étaient pas avec Bör puisqu’il gardait la palissade, peut-être qu’ils se trouvaient à la forge … Non, elle était éteinte à mon arrivée.

Je sentais mes mains à nouveau trembler et ma vision s’embuer, j’accostai une gamine qui devait avoir une dizaine de printemps et lui demandai où étaient passées les personnes qui vivaient dans la grande maison tout près de la forge, elle me répondit que personne n’y habitait et que les enfants ne pouvaient pas y entrer car elle était hantée par un couple fantôme. Je me dirigeai, fou de rage, ne demandant qu’à venger mon père et ma mère, vers la maison de mon oncle, ma masse battant violement sur mon flanc, je voulais me montrer fort, même si je n’avais jamais su l’être, je fis sauter le battant d’un seul coup, hurlant le nom du frère de mon père, il déboula de son salon, un pieux en bois à la main. Je vis alors pour la première fois la peur sur le visage de cet homme si courageux, autre chose attira mon attention, il lui manquait l’index à la main droite, Bör n’avait jamais perdu de doigt, les seules activités qu’il exerçait étaient la sieste et la patrouille. Malgré cet instant où je ne trouvais plus pied, troublé et en plein débat personnel, je levai la tête et le regardai droit dans les yeux.
- Où sont mes parents, hurlais-je en faisant tourner mon arme, je veux des réponses, dis-je en retrouvant mon calme.

Il me fit m’asseoir et me raconta tout ce qui s’était passé depuis mon départ, de sa voix rocailleuse. […]Mes parents étaient morts dans l’attaque du village par une meute de loups, mais pas n’importe quels loups, des créatures énormes, plus grosses que celles qui vivaient dans les montagnes, des monstres venu d’au-delà du mur d’Utguard, ils avaient été réveillés par quelque sombre maléfice et s’étaient déplacés dans les terres de Midgard sans jamais se faire repérer, jusqu’à ce jour. Mon père et ma mère étaient à l’extérieur lors de la pleine lune - je déteste la pleine lune – lorsque ces géants avaient enfoncé la palissade et s’étaient jeté en premier lieu sur mon paternel, il avait résisté avec acharnement mais ils l’avaient emmené avec eux, ma mère s’époumonait à appeler de l’aide et quand mon oncle déboula, c’était déjà trop tard, il fit ce qu’il put pour la sauver et y perdit ce doigt, depuis, en hiver, à chaque pleine lune, le hurlement des loups se fait entendre et de temps à autres on voit leurs yeux luire dans la pénombre.

***

[…]Cinquante et unième hiver, je n’arrivais pas à m’endormir, comme beaucoup d’ailleurs, la lune n’avait jamais été aussi grosse et elle était enveloppée dans une lueur rouge sang, j’avais soif, très soif, je sortis de ma couche et me rendis jusqu’au puits pour récupérer un peu d’eau, étrangement, nous étions tous debout, je voyais la lumière des chandelles dans chaque habitation, je voulus faire remonter le vieux seau de bois qui nous servait à obtenir de l’eau, ce faisant, je sentis qu’il était plus lourd que d’habitude, je tirais de toutes mes forces et quand il arriva à ma hauteur, je le posai sur le rebord en pierre taillée, à l’intérieur se trouvait une forme blanche, je la sortis du récipient et l’observai à la lumière de l’astre lunaire, c’était un crâne … Un hurlement à déchirer le ciel retentit, il était puissant et avait en lui toute la haine du monde, il dura, dura, dura, je sentais la terre trembler sous mes pieds, les fondations du monde étaient altérées par ce cri de colère, je ne connaissais pas beaucoup de choses aux mythes des Hommes, mais ça, je savais ce que ça annonçait et ce n’était rien de bon …
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MessageSujet: Re: [Forgeron] Drazh Thoragrim [Forgeron] Drazh Thoragrim Icon_minitime1Ven 23 Aoû - 5:52


Midgard

--- Suite...

[…]A l’aube de mon cinquante-deuxième hiver, la marque que je portais à l’avant bras gauche et qui ne m’avait jamais vraiment posé de soucis, même si je ne savais pas d’où elle venait, se mit à émettre une lueur nacrée, je supposais qu’il s’agissait de mes yeux qui défaillaient. Je me levai, tranquille et confiant, j’avais du travail et surtout un apprenti à qui inculquer les rudiments du métier, je me dirigeai vers la forge, installée à l’intérieur d’une paroi rocheuse, le père du père de mon père l’avait creusée à la seule force de ses bras sans demander d’aide et depuis, nous étions forgeron de père en fils, j’ouvris la porte d’un rapide tour de clé dans la serrure et pénétrai à l’intérieur du bâtiment, le gamin ne tarda pas à me rejoindre, le métier de forgeron ne l’enchantait pas plus que cela mais il le préférait à celui de puiseur d’eau, c’est pourquoi il m’avait choisi, il n’était pas le plus appliqué des élèves, ni le plus assidu, mais il faisait du bon travail. Je lui avais promis de le libérer pour toute l’après-midi car il venait d’avoir une petite sœur et voulait impérativement aller la voir.

Je partis faire un petit tour du côté des enclos où, une fois de plus, les poules s’étaient échappées, je refermai le portillon qui permettait de les garder dans un lieu où on pouvait éviter qu’elles ne se fassent dévorer par les chiens du village. Je profitai d’un repos bien mérité en ce petit jour de fête, personne n’était venu me souhaiter le bon anniversaire car, de ceux qui se rappelaient de moi, il ne restait plus que Bör qui était mort le mois dernier, les autres décidaient de m’ignorer, sauf quand ils avaient besoin de mon aide, évidemment.

Au petit matin du lendemain, un homme s’avança devant la palissade, il était un voyageur qui cherchait le gîte et le couvert, ce que nous lui offrirent, il semblait heureux d’avoir trouvé un village dans ces montagnes, et répétait constamment « parfait, parfait ». Shor n’était pas si lointaine que cela pourtant, et elle était plus visible que notre petit hameau reculé, mais je n’étais pas là pour le juger.

Cet Homme était plutôt grand, portait un long manteau dépenaillé et avait une multitude de bagues aux doigts, un long collier ceinturait son cou, je n’arrivais pas à voir ses yeux car quand on tentait de regarder ceux-ci, il fuyait et laissait son regard se perdre dans l’horizon. Quand le soleil fut à son zénith, il vint me trouver alors que je travaillais avec mon apprenti sur les plans d’une bêche, il me dit qu’il avait besoin de mes services pour quelque chose d’important, d’autres membres du village étaient derrière lui, il s’agissait du chef de clan, de brave gars qui s’occupait de mettre dans un registre toutes les « richesses » que nous possédions et du gardien de la palissade.  Nous étions au centre de la petite bourgade et l’Humain ne cessait de s’agiter, finalement, le chef de clan m’adressa la parole, me disant que comme j’étais le seul à avoir vécu plusieurs années dans une grande ville, je connaissais le mieux les tarifs de vente des pierres précieuses, je voulus lui répondre que depuis le temps, les prix avaient dû évoluer, mais je n’en eu pas le temps. Le voyageur nous dit d’une voix d’outre-tombe :

- Mes amis les courtauds, pas besoin de négocier un prix, dit-il, la mine de notre chef de réjouit en pensant que nous allions recevoir un beau pesant d’or, j’emporte le tout contre la valeur de vos vies.

Le gardien de la palissade commença à l’insulter de tous les noms, ne comprenant pas que nous étions face à un sorcier, un mage d’ombre, il emporterait tout ce que nous avions sans quoi nous y laisserions tous notre peau. Je savais ce que je devais faire, je cherchai ma masse à mon côté mais elle n’y était pas, je pestais dans ma barbe, je l’avais laissée avec le gamin. L’Homme était trop occupé à répliquer aux injures du gardien pour me voir m’éclipser, ce que je tentai, mais avant même d’avoir touché la poignée de la porte, il se retourna et, d’un mouvement de la main, me fit voltiger pour que j’atterrisse dans un ballot de foin bien loin de toute arme.

De sa voix caverneuse, il commença à psalmodier des incantations dans une langue que je ne connaissais pas, certainement un langage noir inventé pour ce genre de sorts, je sentais la terre trembler, comme il y avait de cela un an, mais c’était avec moins de puissance qu’auparavant. Son chant ténébreux ne cessait de s’intensifier, j’entendais des poutres de bois grincer, j’avais peur pour tous ceux qui se trouvaient ici, je voulus hurler, le dire de fuir, mais je n’arrivais pas à émettre un seul son. C’est au moment où je pensais que tout était perdu que je sentis un léger picotement le long de mon bras, je … Je savais ce que c’était, je l’avais déjà senti, je ne savais plus quand, mais je connaissais cette sensation. Le picotement devint l’équivalent de la douleur d’un muscle déchiré, puis celle de la perte d’un bras, la lumière était plus forte à mesure que celui qui me voulait du mal intensifiait son sort, puis, d’un seul coup, sans prévenir, une terrible déflagration se fit entendre, je ne vis plus rien, tout était confus, je voguais entre le réel et l’irréel, j’étais en plein rêve et une phrase retentissait dans ma tête : « … Maître Thoragrim, faites attention aux étrangers, surtout quand ceux-ci se baladent dans les hauteurs de Duncaïn ... ».

En retrouvant mes esprits, j’étais au milieu d’un lieu désertique, il ne restait que quelques pans de murs qui tenaient encore en place, tout avait été détruit, mais je n’avais rien, j’eus alors un sursaut d’espoir en pensant que tout le monde était sain et sauf, je courus vers la forge, mais je n’y découvris personne, il n’y avait que ma masse qui trainait au milieu de la pièce, légèrement maculée de poussière, j’essayai de la faire partir avec ma main, mais en la touchant, je sentis qu’elle était collante, poisseuse, je comprenais enfin, une troisième fois dans ma vie, je venais de perdre quelque chose qui m’était très cher, je me mis à pleurer comme je l’avais fait par le passé, ne pouvant m’arrêter car cette fois-ci, il n’y avait plus personne, tout était fini, ma vie n’avait plus de sens. Je revins, le pas lourd vers là où se trouvait l’Humain, au sol trainaient ses bagues qui n’avaient pas été affectées par l’explosion, une attira mon attention, deux chevaux étaient gravés dessus, je la récupérai et l’observai, un léger sourire se dessina sur mon visage … Non, je n’avais pas tout perdu …

Et puis la suite … Vous la connaissez mes amis …
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