La Lune était vraiment l'astre le plus pur et beau que j'avais pu voir durant ma courte vie qui n'était pas prête, du moins je l'espérais, de se terminer. Les rayons argentés éclairaient doucement la terre et les arbres. Dans cette immensité argent, je volais sous ma forme originelle. Le vent glissant  sur mes plumes, planer tranquillement dans le silence reposant et serein. Mon vol n'était pas des plus silencieux, mais planer l'était. Je parcourais les cieux, les yeux verts aux pupilles invisibles presque entièrement fermés. Tous mes sens me permettaient de me repérer. Mais de toute manière, je n'allais nul par, je n'avais plus nul par où aller, c'était fini. Autrefois je passais mes journées de ville en ville pour faire respecter la justice d'une horrible manière, mais c'était fini. Je n'avais plus de but, à part détester les humains en les voyant faire... les humains. Ola stop, je secouai la tête. Je ne peux pas penser ça, c'est mal. 

Dans la nuit, il y avait une griffonne qui se baladait sans but précis. Il y avait une poule dans ses pattes. Dans mes pattes, il y avait non pas mon dîner, mais mon compagnon, Mary. Mary qui aimait vraiment voler et qui ne bougeait pas d'un poil quand je la tenait entre mes grosses pattes velues. De ses grands yeux inexpressifs, ses plumes virevoltant avec le vent, elle regardait le paysage défiler sans éprouver une fois de plus la moindre résistance. C'était vraiment un poulet étrange. 

Je volai toute la nuit, n’atterrissant qu'à l'aube. Les ailes endolories, je me posai souplement en prenant gaffe à ne pas écraser la gallinacé. J'étais fatiguée, mais je m'en foutais. J'avais faim, et je savais maintenant que Mary pondait après un long vol. Étrange phénomène je l'admettais. J'attendis ainsi en forme originelle qu'elle pondit deux trois oeufs avant de les gober avec la coquille. C'était quand même plus simple que de les faire cuire sous forme humaine. Je savais parfaitement que ce repas n'était pas suffisant. C'est pourquoi j'avalai également tout le fromage que j'avais acheté avant. Peut-être devais-je acheter une autre poule pour avoir plus d'oeufs, c'était une option. La tête dans ma sacoche, fouillant avec mon bec acéré, j'engloutis jusqu'à la dernière miette. Ça me contenterait pour l'instant. Il fallait que j'aille en rechercher. C'était d'ailleurs les seules raisons qui me faisaient rentrer en ville, la nourriture. Depuis ma résolution et l'adoption de Mary, je n'y avais remis les pieds que pour ça. Les villes m'oppressaient, je voyais toutes ses personnes faire le mal avec tant de facilité sans que personne ne leur disent quoi que ce soit. Ça me met en rogne, j'ai envie de hurler. Mais je me devais de me calmer, car je ne voulais plus tuer, c'était fini, c'est fini.

Je relevai la tête pour me repérer. Une grande forêt épaisse, je reniflai, levai la tête. Forêt du vergeau, ça ne faisait aucun doute. J'avais déjà parcouru plus d'une fois Midgard dans son entierté, je le connaissais comme ma besace. Je m'étirais à la manière d'un félin et regardai Mary qui picorait le sol dans son silence quotidien. Je fouille ma besace et sors une boule de graine trouée à plusieurs endroit, laissant apercevoir les graines sans les faire tomber. Inspirant profondément, je reprends forme humaine. J'ouvre mes yeux vairons, inspirant profondément. Cela faisait un petit temps que je n'avais pas repris cette forme. Je m'étirai et attachai la boule de graine à ma botte droite. Mary qui avait prit l'habitude, trottina vers moi pour aller chercher à manger. Nous pouvions nous mettre en route. Je repris ma besace et mon épée toujours enroulée d'un bandage noir comme la plume d'un corbeau. 

Une simple balade, alors que Mary me suivait à la trace pour arriver à attraper des graines qui pendaient à ma botte. J'étais fière d'avoir trouvé ce stratagème qui marchait parfaitement bien avec cette poule étrange. Mais, cette simple balade s'arrêta. Il y avait une odeur étrange. Je ne savais pas ce que c'était. Un ennemi? Un monstre? Il attaquait peut-être quelqu'un! Je n'en savais rien, ce n'était rien de normal, pas dans cette forêt, j'étais curieuse, il fallait que j'en aie le coeur net. Mais je ne pouvais pas y aller sans un minimum pour me défendre. On ne sait jamais

C'était juste là, je me concentrai. Je n'avais pas besoin de mon épée, les griffes de ma forme originelle était mon arme préférée. J'avais appris depuis longtemps à mélangé forme humaine et ma forme originelle, mais je n'en avais jamais  vu l'utilité. Dorénavant, j'avais une raison. Je retirai mes gants en métal et les rangeai. Lentement, mes ongles durcirent et s'allongèrent. Je crispai un peu les mains. Quand ce fut terminé, je griffai un arbre, laissant des longues traces, c'était bon. Je sortis des fourrées, prête à neutraliser d'éventuel assaillants. 

Mais, ce ne fut pas ce à quoi je m'attendais. C'était un jeune homme assez grand aux cheveux noirs aux reflets bleutés. Ses yeux avaient une belle couleur bleu cyan. Je reniflai, il n'était pas humain. Il n'avait pas l'odeur humaine. Je souris légèrement, les griffes toujours sorties, mais nullement agressive. Je balayai la scène du regard. Il était là, main sur son épée, surement à cause de mon arrivée.Rien de grave. Mary débarqua pour picorer les graines à ma botte. Je me demandais de quoi je pouvais avoir l'air, arrivant comme ça, griffes sorties, l'air prêt à combattre. Cette air avait d'ailleurs rapidement disparut pour faire place à un sourire un peu gêné. 

-Je suis désolée d'avoir débarqué comme ça, j'étais curieuse de ce qui pouvais avoir une odeur pareille héhé. Je ne voulais pas vous déranger, dis-je en levant ma main griffue en signe d'excuse.

Mes sens étaient tous en éveil, prêt à détecter l’éventuel ennemi. Qu’était-ce ? Un des bandits qui faisaient partis de la bande dont j’avais tué le chef suite à un contrat ? Peu probable, cela faisait quand même un petit bout de temps que cette affaire était finie et il me semblerait très étonnant qu’un simple humain s’amuse à vivre seul dans la forêt depuis tout ce temps. Oui, je sais, y a le cas de Taomi, mais c’est un cas sur un million.

Je scrutais donc les environs jusqu’à ce que l’intrus surgisse enfin. Je dégainais alors mon épée, prêt à me défendre face à l’inconnue. Je prenais à présent le temps de détailler mon adversaire et qu’elle ne fut pas ma surprise. Je ne savais décrire ce que j’avais face à moi, je n’avais jamais rien vu de tel. C’était une femme, une femme humaine en apparence, car l’extrémité de son bras n’avait rien d’humain. On aurait dis une patte féline munit de griffe. Elle était justement prête à s’en servir contre moi, mais elle s’était ravisée et s’excusa de son attitude, m’ayant pris pour une menace.

Je restais sans voix pour le moment, je la détaillais rapidement, me demandant toujours face à quoi je me tenais. Alors qu’on ne pourrait penser plus étrange, une poule surgit du même endroit que cette…femme et se mit à picorer à l’arrière de sa botte. Comment trouver plus étrange comme rencontrer ? Autre étrangeté, elle avait des yeux de couleurs différentes, un fait rare mais pas impossible. Elle avait également une longue chevelure d’or qui lui tombait derrière le dos.

Après ce long moment à détailler l’inconnue, je fini enfin par lui demander, l’épée toujours prête à frapper

« Vous êtes qui et quoi ? Pourquoi vous me suivez ? »

[HRP : Un peu court désolé ^^]

Il était sur ses gardes. Normal d'un côté, voir une jeune femme sortir des fourrées, prête à en découdre, ce n'était pas ce qui avait de plus rassurant. Son épée brandie devant moi, il me jugeait tranquillement. Moi, je reniflais. Il n'était pas humain, pas elfe, pas nain. Un changeling alors? Ou une créature. Cette idée m'enchantait particulièrement. Les créatures étaient les seules "personnes" en qui j'avais une totale confiance. Ils me comprenaient, ils avaient souvent la même vision des choses. C'était mon "peuple". Tout différents, mais semblables dans un sens. Vivant pour la liberté, dans la nature. Je ne pensais pas qu'il y eu une créature qui aimait vraiment les Humains, qui désiraient vivre avec eux, les aider, les servir. Non, c'était impossible qu'il y ai une créature pareille. Enfin, peut-être que si, celles qui n'avaient pas le pouvoir de se transformer en humain. Je me disais que c'était des créatures inférieures, moins évoluées. Mais ce n'était que des suppositions. Je ne pouvais pas le savoir et je ne cherchais pas à le savoir non plus. Ce n'était pas ma priorité. 

Mais en avais-je une, de priorité, désormais? Je ne savais plus, mes piliers étaient brisés, je n'avais plus que de maigres repères et certitudes. Il fallait vraiment que je réfléchisse. C'était d'ailleurs pour ça que je cherchais un endroit propice pour la réflexion, calme, sans être dérangée, ou seulement par les animaux curieux. Il n'y en avait pas beaucoup, en tant que super prédateur, je n'étais pas approchée. 

-Vous êtes qui et quoi ? Pourquoi vous me suivez ?

Sa voix me tira de mes pensées. Il était un peu paranoïaque. D'un côté, moi aussi, mais bon, je trouvais quand même cela amusant. Mon sourire se fit plus amusé et moins gêné. J'étais à l'aise vraiment vite, ce devait être son odeur animal qui faisait ça. Je ne faisais plus confiance qu'à une humaine, et c'était tout. Rien de plus, rien de moins. Mais là, cet inconnu aux yeux cyans, bien que méfiant et potentiellement agressif, ne m'inspirait pas de mauvaises choses. Je reniflai encore, sans répondre à sa question. Je me demandais bien ce qu'il était. Et ça allait influencer ma réponse. Je ne pouvais pas dire à un humain que j'étais une griffonne, non, c'était trop dangereux. C'était ce que je pensais tout du moins. Je regardai mes griffes. Bon, il devait quand même se douter que je n'étais pas totalement humaine non plus. Et puis, des yeux vairons, c'était bien de ma propre initiative s'ils étaient ainsi. Ou plutôt, un accident que j'avais décidé de garder. Pourquoi, je ne le savais pas vraiment. Pour me sentir différente j'imagine. J'étais différente de tous ces humains corrompus, c'était certain, mais bon... Je me comprends. 

Son quoi était assez éloquent, je ne pouvais plus nier ma nature, et à quoi bon mentir? Je n'aimais pas mentir, pas du tout. Ainsi, je lui dis la vérité et rien que la vérité, d'un air toujours aussi joyeux, même avec toutes les pensées noires qui tourbillonnaient dans ma tête et ma faim que je me forçais d'ignorer.

-Je suis... Faörih Xseih, et, je ne peux nier que je suis une créature avec ça, je montrai ma main, puis la fis redevenir humaine. Je suis une griffonne, plus précisément, un opinicus, mais passons. Je ne te suivais pas! Je t'ai senti et j'étais curieuse. Ne te méprend pas. Toi non plus tu n'es pas humain. Je me trompe?

Je lui fis un sourire complice. Si je pouvais seulement revoir une créature, j'en serais vraiment heureuse. Je pourrais avoir peut-être un avis extérieur, ou faire un vol avec lui, s'il était une créature volante. Il n'y avait rien de mieux que de voler avec quelqu'un. Ma première et pour l'instant seule rencontre de créature était un pégase, mais nos vols étaient trop différents pour que l'on puisse réellement voler ensemble, dans le silence du ciel, tranquillement.

Je continuais à détailler l'étrange " femme" qui se trouvait devant moi. Sachant qu'elle n'était pas humaine, j'essayais de savoir à quelle race elle appartenait. J'avais déjà croisé quelque créature, comme moi, de toute sorte. La plupart du temps, la rencontre était...amicale, on n'allait pas devenir ami pour autant, mais notre condition commune nous rapprochait et nous unissait. Cependant, ces rencontres pouvaient mal tourné, très mal tourné...J'en gardais des souvenirs et les cicatrices de mon corps en témoignaient parfaitement. C'est pourquoi je préférais rester méfiant désormais, même face à d'autres créatures.
 
Quand à elle, elle ne semblait pas gêner, elle souriait plutôt. Notre rencontre l'amusait-elle? Où était-ce mes questions précipitées? En tout cas, elle semblait à l'aise et pour être tout à fais franc, cela ne me plaisait guère. Je peux sembler un peu paranoïaque, mais quand je tombe sur quelqu'un de trop confiant face à un parfait inconnu au milieu de nulle part, je trouve cela suspect.
 
L'inconnue finit par se présenter. Elle se nommait Faörih Xseih et se présenter en tant que créature. Elle en profita pour exhiber sa main et la rendre humaine. Elle finit par donner le détail le plus important, ce qu'elle était. Une griffonne. La première que je rencontrais. Cela expliquait sa main qui ressemblait plus à des serres qu'autre chose. N'ayant jamais rencontré des membres de son espèce, je n'avais pas de préjugé à son encontre.
 
Puis, elle m'expliqua que son désir n'était pas de me suivre mais de faire connaissance. En effet, elle m'avait "senti" et souhaitait savoir qui était l'émetteur de ces phéromones. Faörih savait que je n'étais pas humain et me le faisait savoir. Son flair ne pouvait pas la trahir la dessus et je ne pouvais nier. Il restait maintenant à savoir si je lui révélais ma nature ou non, du moins à quel type de créature j'appartenais.
 
Je cessais de me montrer méfiant, rengainant mes armes et lui disant:
 
 " Nier serait futile si tu es une créature. Cependant, j'émets quelque réserve quand à te dire ce que je suis. Ne le prend pas pour toi, mais en tant que créature tu dois savoir qu'on est plus traqué, qu'accueillis chaudement. Et mon expérience passé m'a appris à me fier à un peu de monde, humain et créature. Je m'appelle Kalec Suru, je peux au moins te dire cela."
 
Peut-être avait-elle entendu parler de moi? J'étais un peu connu chez les humains pour exécuter quelques petits contrats contre rémunération. Evidement, ils ignorent ma réel condition et le pourquoi de ma nécessité d'obtenir de l'or. Personne peut réellement le comprendre, hormis un autre dragon.
 
Je me focalisais à nouveau sur Faörih et non sur mes pensées.
 
" Alors, Faörih, qu'es tu venir faire ici en pleine forêt? C'est un endroit que vous fréquentez peu vous, les griffons. Ma vision de ta race est peut-être faussé, mais il me semblait que vous viviez plutôt dans les montagnes."
 
"Toi aussi" pouvait-elle me rétorquer si elle connaissait ma nature. Il est vrai que j'aurais préféré rester dans les montagnes, dans la nature sauvage. Mais mon addiction à l'or m'avait poussé à fréquenter d'autres contrées et le monde des hommes..
 
[HRP: Désolé pour ma longuuuueeee absence, mais j'avais plus la tête à rp. C'est un peu court, mais faut que j'arrive à me remettre dans le bain ^^ /HRP]

Enfin il rengaine. Est-ce dû au fait que je sois une griffonne et donc une créature ? Tout comme moi, ressent-il le besoin d’être solidaire avec les personnes comme lui, et moi ?
 
J’ai toujours ressenti ce besoin, comme si ce ne pouvait être autrement, comme si c’était mon devoir, dans ma mentalité et que je ne peux y échapper. Mais ce n’est pas comme si cela me dérangeait, au contraire, je suis contente de ressentir ce besoin. C’est important de soutenir une espèce si rare, mon espèce. Nombre d’entre nous sont pourchassés et tués pour une seule et unique cause : notre puissance. Car ils ont peur de nous, peur de ce que nous pourrions faire. Peur de notre différence.
 
-Nier serait futile si tu es une créature. Cependant, j'émets quelque réserves quand à te dire ce que je suis. Ne le prend pas pour toi, mais en tant que créature tu dois savoir qu'on est plus traqué, qu'accueillis chaudement. Et mon expérience passée m'a appris à me fier à un peu de monde, humain et créature. Je m'appelle Kalec Suru, je peux au moins te dire cela.
 
Ainsi, Kalec ne me fait pas vraiment confiance. Pourtant nous sommes semblables. A l’exception faite que je n’ai jamais été rejetée par mon clan, même en sachant ma véritable nature. Il y a de tout dans ce clan, une griffonne de plus ou de moins ne changeait pas grand-chose. Ils avaient toujours été aimants avec moi. Je ne peux donc pas vraiment le comprendre. Je ne sais pas encore ce que cela fait d’être rejetée pour ce que je suis. Et pourtant, je sais que ça viendra, un jour. Ça ne peut être autrement. J’ai toujours caché ma véritable nature aux humains, aux nains et aux elfes, car c’est ce que mon maître m’a dit.
 
Il parle de son expérience, il serait donc un vieux ? Enfin, une créature âgée ? Mais quel âge a-t-il donc ? Je ne pense pas encore avoir vraiment d’expérience, même si je me rends bien compte que j’ai grandi depuis le début de mon voyage. J’ai changé aussi. Pas physiquement, non, ça, je peux le faire quand je veux. Ma mentalité a changé, mon régime. Moi.
 
Et les gratouillements dans ma tête me le répètent sans cesse. Mais il faut que je les ignore, sinon, j’ai l’impression de me perdre. Rester concentrée sur la discussion, continuer de sourire. Rester positive.
 
-Alors, Faörih, qu'es-tu venir faire ici en pleine forêt? C'est un endroit que vous fréquentez peu vous, les griffons. Ma vision de ta race est peut-être faussée, mais il me semblait que vous viviez plutôt dans les montagnes.
 
Les montagnes ? Les griffons arpentent les montagnes ? Je n’en ai aucune idée. Je n’ai jamais vraiment fait attention, et je n’ai jamais demandé où mon clan m’a trouvé à ma naissance. J’ai toujours voyagé avec eux, jusqu’au jour où j’ai décidé de prendre la route seule. Mais, j’ai toujours été nomade. Je n’ai jamais songé à rester à un endroit précis, pour me reposer. Je n’ai pas de maison comme les autres personnes. Pourquoi ? De « peur », si je peux dire ça comme ça, qu’on me découvre justement.
 
Il est assez sec à parler de race comme cela. Ne sommes-nous pas tous égaux ? Bien sûr, il y a beaucoup de sous catégories, mais je pense que nous sommes une grande famille, en fin de compte. Tous dans la même liberté. Tous dans la même galère.
 
Je me force à garder mon sourire enthousiaste et, marre de rester plantée là, je m’avance vers lui, et vers un arbre sur lequel je m’appuie avant de croiser les bras sur ma poitrine. Mon épée bien emballée me rentre un peu dans le dos, mais je n’y fais pas attention. Au moins, je ne reste pas debout, les bras ballants.
 
-Je suis une voyageuse, une grande marcheuse qui arpente Midgard. Je n’ai jamais pensé à me poser quelque part. Je me laisse portée par le chemin au fil des jours. Je n’en connais pas beaucoup non plus sur ma propre race, à vrai dire, donc je ne peux te dire si tes connaissances sont exactes.
 
Je marque une pause. Grande Arpenteuse, c’est comme ça que j’ai décidé de me désigner. Je ne fais que ça après tout. Je marche, je vole, je cours, je nage. J’erre, sans but précis. Quand est-ce que je vais enfin trouver une raison de rester, d’avancer, d’évoluer ? De grandir ? Je ne sais pas, je ne sais plus. Je suis perdue depuis un moment. Mon sourire s’adoucit, il s’efface partiellement. Je ne peux m’empêcher de rajouter d’un ton un rien plus amer :
 
-Alors, tu as fait les frais de la bêtise humaine ? Personnellement ? Tu dis avoir été persécuté ?
 
Je sais pertinemment que de dire ça, et ne pas le nier, atteindrait à la dignité de Kalec, et qu’il s’énerverait, ou simplement, répondrait négativement. Je réagirais pareillement si j’étais lui. C’est normal. L’honneur, la fierté, on ne pouvait pas me l’enlever.
 
A vrai dire, dorénavant, je ne sais même pas s’il m’en reste ; de la fierté.
 

-J'ai fait les frais et j'ai profité de la bêtise humaine. J'ai un besoin d'or, d'être en contact avec ce minerai, comme le simple besoin de manger, j'ai la nécessité de m'octroyer de l'or. Ne me demande pas pourquoi, je ne saurais te dire.

Son besoin d’or est un peu comme mon besoin de chasser, on dirait. Enfin, je n’ai pas besoin de chasser, non, aucunement. Ce n’est que par nécessité, je n’ai pas besoin de tuer pour survivre. C’est vrai, c’est vrai, c’est vrai, je te dis, petit gratouillement. Mes yeux se plissent alors que je secoue la tête sans vraiment le faire. Un mouvement très léger, comme si ça allait pouvoir changer quelque chose. Heureusement, il continue, et je peux me concentrer sur autre chose.

-Quoiqu'il en soit, je "rend" service à des humains. Ils me prennent comme un des leurs évidemment, je ne préfère pas savoir ce qu'il se passerait si c'était pas le cas. Bref, ces humains me payent pour assouvir leur besoin de pouvoir, vengeance et tout un tas d'autres vices.

Un mercenaire, en somme. Je n’avais fait qu’une seule fois la garde du corps pour un prince. A l’époque, j’étais encore naïve et pleine d’entrain à me faire traiter comme une esclave sans volonté ni droit. Mais c’est fini maintenant. Je ne veux plus qu’on se serve de moi comme ça, je suis quelqu’un, je suis une personne.

Je suis une griffonne, et depuis peu de temps, j’ai envie de le crier haut et fort, de ne plus me cacher. Mais à quel prix ? Je ne sais pas, je ne vois pas l’avenir. Mais, ce que je sais, c’est qu’autour de moii, les Humains, les elfes, les nains, n’ont jamais vraiment accepté les différences. Et surtout quand ces différences les places dans une position inférieure. Une minorité plus puissante devient une race de monstre à chasser. Cependant je me rappelle encore de ce que m’a dit mon maître, quand j’étais triste de ne pas être comme les autres, d’être différente.


Désormais, j’accepte plus que n’importe quoi ma vraie nature. J’aimerais tant leurs montrer à tous. Mais je ne peux pas, pas maintenant. Pas seule.

-Donc oui, je suis confronté à la bêtise humaine, car je passe beaucoup de temps dans leur monde, mais j'en profite tout autant. Tiens par exemple, il n'y pas longtemps, on m'a payé pour éliminer des bandits qui se trouvaient dans cette forêt. En ce qui concerne les persécutions, des commanditaires ont essayé de me doubler et de m'éliminer lorsque j'avais fait ce qu'ils souhaitaient, sans avoir besoin de me payer. Pour le moment, je m'en suis toujours tiré à bon compte. Enfin, je suis plus persécuté pour ma fausse identité que pour ma réelle nature.

L’argent, le profit, ils n’ont que ça à la bouche. A l’encontre de Kalec qui rassemble de l’argent par nécessité, eux, n’ont surement pas vraiment besoin. Avant, j’aurais tué Kalec, pour les crimes qu’il a commis. Mais ça ne me choque même plus. Je me contente de serrer les dents, alors que des flammes d’énervement dansent dans mon regard. Des filaments rouges brisent l’harmonie des couleurs de mes yeux vairons. Ces humains m’énervent. Ils trahissent leurs propres races sans pitié, sans même penser à la vie des leurs.

Depuis un temps, je ne contrôle plus certains aspects de mon humanisation. Je ne cherche pas à savoir, techniquement, je ne le vois même pas. Je ne sais même pas comment ça fait. Je ne sais pas, non, je ne sais pas. La créature reprend, mes yeux redeviennent comme avant. Ça n’a duré que quelque secondes, heureusement.

-Je souhaite rejoindre une grotte où loger la bande que j'ai éliminée. Si tu veux m'accompagner, libre à toi.

Je n’ai rien à faire depuis un long moment. Je le regarde simplement chercher où il doit être en ce moment. Il parle d’une grotte, il y en a pas mal dans les environs. Je connais tout Midgard presque dans les moindres détails. C’est mon  objectif en ces temps de vide ; voir tout ce que je peux voir sur Rune Migard. Tout.

Un sourire apparaît sur mes lèvres. Je me décolle du tronc, mon épée cesse de s’enfoncer dans mon dos. Cela fait longtemps qu’elle n’a pas servi. Et je ne compte pas m’en servir de sitôt. Cet instrument de mort n’a que trop servi, et regarder sa lame jaune me fait voir toutes les vies que j’ai prises. Je ne peux pas le supporter. Je songe d’ailleurs à retirer son enchantement, pour qu’elle cesse de battre comme les cœurs que j’ai arrêtés sans ressentir la moindre émotion.

-Très bien, je t’accompagne. Qui sait, je pourrais bien trouver quelque chose d’intéressant dans le lot, s’il s’agit de leur camp. Tu comptes aussi y faire tes courses ?

Je m’approche de lui, mains dans le dos. Arrivée và sa hauteur, à moins d’un mètre, mais pas trop près quand même, je le renifle. Par curiosité, peut-être, pour l’identifier, certainement. L’odeur, c’est très important, ça porte loin, on peut suivre des traces avec. Tels sont les capacités des chasseurs de nuit. Je renifle, je renifle un peu plus en me penchant légèrement. Mes mains restent dans mon dos, en signe de paix. Ensuite je me relève, je lui souris, l’air de rien.

-Je te suis, évidemment, je connais toutes les grottes, mais je ne sais pas de laquelle tu parles. Si tu n’es pas perdu, aussi.

Je rigole un peu, de ma voix dont le ton parait fort et autoritaire, mais dont l’intonation, démontre tout le contraire.

La réponse de Faörih ne se fit pas attendre, elle souhaitait m'accompagner jusqu'à la grotte, espérant trouver quelque chose pour elle. Quand à sa question, je lui répondis simplement:
 
" On peut dire cela "
 
Elle prétendait connaitre toutes les grottes. J'avais des sérieux doutes à ce sujet, moi-même ayant beaucoup voyagé, je savais que j'avais encore beaucoup à découvrir. Il faut bien plus d'une vie pour explorer entièrement le monde, même pour une longue vie de dragon.
 
Bref, si je comptais rejoindre la grotte des bandits que j'avais éliminé il y a peu, c'était à cause d'une rumeur qui m'étais parvenu jusqu'aux oreilles. La disparition de ce groupe de malfrats se fit rapidement savoir, mais on racontait que leur butin n'avait pas été trouvé et qu'il se cacherait toujours dans leur repère. Voilà mon but, retrouver cette grotte et mettre la main sur leur butin.
 
Je continuais à progresser dans cette épaisse forêt, Faörih me suivant de près. J'essayais de me rappeler la fois où l'humaine Taomi m'avait mené à l'endroit désiré. Mais dans une forêt, tout peut changer si rapidement, rien qu'entre le moment où les arbres ont leur feuillages ou non, on pourrait croire être dans un endroit différent.
 
Soudain, une odeur de charogne me vint jusqu'au nez, l'odeur que j'approché du but. Et en effet, la grotte était en vue et son lot de cadavre aussi. Au vue de leur état, la faune locale avait du bien profiter de mon carnage. Plus j'approchais de la grotte et plus l'odeur devenait insupportable, mais rien n'est difficile pour un butin d'or. Je me tournais vers Faörih et lui dis:
 
" Je dois entrer la dedans, si tu ne veux pas me suivre à cause de l'odeur, libre à toi."
 
Si elle ne venait pas, cela m'arrangerait. Je ne savais pas si elle serait intéressé par le trésor, mais je n'étais pas très disposé à le partager.
 
Je pénétrais finalement dans la grotte, essayant d'oublier l'odeur de la mort omniprésente. A mon grand " regret" Faörih me suivit. On ne tarda pas à arriver dans la grande cave principale. Tout était encore là, même le cadavre sans tête de mon ancien contrat.
 
Je me mis donc à chercher dans les moindres recoins, fouillant pour trouver un éventuel passage ou cache secrète. J'avais informé mon invité du pourquoi j'étais revenu ici et je l'invitais cordialement à m'aider à trouver le butin.
 
Après plusieurs minutes, il fallait se rendre à l'évidence, aucun butin. Ce dernier avait été soit déjà découvert, soit n'avait jamais existé. Contrarié pour avoir perdu du temps pour rien, je reprenais le chemin de la sortie. Quand j'arrivais à l'extérieur, j'eus juste le temps de me mettre de nouveau à l'abris dans la grotte avant que plusieurs flèches m'effleurent. Il y avait plusieurs hommes dehors, je ne pourrais dire combien exactement. Une voix s'éleva alors:
 
" Tiens donc ne serais-ce pas Kalec Suru?"
 
Etonné, je répondis, toujours en étant à l'abri:
 
" Lui-même, mais je ne crois pas que nous nous connaissons. En tout cas si c'est le trésor que vous cherchez, quelqu'un est passé avant moi."
 
" Je suis Doren et les autres sont mes compagnons d'armes. Quand au butin, il n'y en a aucun crois-moi..."
 
" Je vois que nous allons avoir un différent et c'est vous qui avez lancé cette fausse rumeur de trésor"
 
" Exact, il fut facile de te piéger, je savais que tu ne résisterais pas à l'appel de l'or."
 
Pour faire simple, Doren était le dis de Jon le fou, une sacrée famille.
 
" Bref, tu as tué mon père et tu le paiera de ta vie"
 
" Ton père était un meurtrier et un bandit, il a tué plusieurs marchands sans défense."
 
" Il n'en restait pas moins mon père."
 
Je repensais soudain à Faörih que j'avais totalement oublié.
 
" Il y a une femme qui m'accompagne, elle n'a rien a voir la dedans, laisser la partir."
 
" C'est pas mon problème..."
 
Comment sortir de ce mauvais pas? Le couloir de la grotte était trop petit pour que je puisse me transformer et sortir serait une bien mauvais idée. Il restait la salle principale où je pouvais prendre ma forme de dragon, une ouverture existait au plafond, mais cette dernière était aussi trop petite pour ma forme reptilienne. J'étais à cours d'idée...

[HRP; elle se fit attendre mais la voilà enfin ^^. Dur dur de reprendre...]

-On peut dire cela.

Le départ se ne fait pas attendre. Nous partons rapidement entre les arbres. Il ne parle aucunement pendant la marche. Ce silence ne se révèle pas vraiment dérangeant. La nature constitue une musique bien plus mélodieuse que tous les discours. Bien sûr je désirerais en savoir plus sur lui, mais il s’avère que la situation ne s’y prête pas. Trop tôt, je n’ai pas eu l’occasion de prouver ma valeur. Et pourtant, jamais je n’oserais trahir une cause de mes semblables. Les créatures méritent d’avoir ce qu’ils désirent, après tout ce qu’on leur a pris. Je secoue la tête doucement, le moment ne devrait pas être gâché par une telle pensée. Me voici enfin en présence d’un des miens, cela fait beaucoup de temps que j’attends cela. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais j’ai besoin d’eux pour me sentir bien. Je renifle l’air, je regarde le sol, le moindre caillou, le moindre terrier, le moindre filet d’eau me suffit à retrouver mon chemin. A ma droite, une ancienne marque de griffure m’indique précisément l’endroit où nous nous trouvons.  Un simple sourire de contentement se dessine sur mes lèvres. Je connais si bien cette forêt. Il s’agit peut-être même de celle que je connais le plus. L’Ile de Kynthnos se trouvant être un endroit totalement inconnu. Un jour, je la visiterai et apprendrai à la connaitre aussi bien que cet endroit. Ce n’est malheureusement pas le moment. Je renifle de nouveau, et une odeur plus âcre me parvient aux narines. Je ne connais que trop bien cette odeur caractéristique. Elle me torture désormais dès qu’elle me parvient. Je me force à respirer par la bouche, même si je n’ai pas l’habitude.

Pourtant l’odeur continue de me tourmenter tout au long du trajet que j’espère de tout mon cœur s’éloignant de tout ça. Je deviens stressée. Elle me fait penser à la chasse, à la mort, à la viande. A mon ancienne vie. Je ne peux plus y penser, cette vie est terminée. Finie à jamais. J’ai fait une promesse à Ourya, je dois l’honorer jusqu’à ma mort. Malheureusement, nous nous approchons toujours plus de cette odeur de sorte que j’abandonne rapidement l’idée de nous y écarter. Néanmoins je ne peux faillir à ma tâche qui consiste à l’accompagner. Bientôt, nous voici devant une grotte sombre et nauséabonde. J’inspire tant bien que mal par la bouche, lentement. La créature se tourne vers moi, je le regarde, l’air neutre, luttant intérieurement contre cette odeur qui me fait tourner la tête. Je me sens bizarre, sur les nerfs, prête à exploser au fur et à mesure que l’air s’introduit dans mes narines sans que je ne le veuille.

-Je dois entrer là-dedans, si tu ne veux pas me suivre à cause de l'odeur, libre à toi.

Une fois de plus, il tente de m’écarter de son aventure. Mais s’il croit une seule seconde que ma force se trouve être une invention pure, il va voir le contraire. Je secoue la tête et lui emboite le pas, déterminée. Je le suis sans un mot, j’ai trop peur de ce que je pourrais dire. Mes poings se ferment, s’ouvrent, j’ai l’impression que je ne tiens pas en place. Tout cela à cause de cette stupide odeur. Mais je continue, encore, je marche, entourée, tourmentée par ces relents de mort. Il ne prête absolument pas attention à moi. A croire que ma présence se révèle invisible, totalement inintéressante à ses yeux. Je n’ai que faire de son opinion hâtive. Je peux prouver ma valeur et je le ferais, quand bien même cette odeur me vrille le crâne, comme si une malédiction me hantait, riait à mon nez, chantonnant que je ne peux plus rien avaler contenant du sang. Je soupire, relève les yeux. Je le suivais automatiquement et je n’ai même pas remarqué que nous sommes arrivés à bon port. Il est en train de fouiller une salle totalement vide. Qu’est-ce que je fais là encore ? Je ne m’en souviens même plus. Je n’ai rien à faire là, je me retourne, regardant si ma poule de compagnie me suit bien. C’est le cas, elle picore le plus tranquillement de Midgard les graines accrochées à ma botte. Je n’ai pas envie de chercher quoique ce soit. Il a été froid avec moi, je ne suis pas son esclave. J’ai de la compassion avec les créatures mais je ne suis pas stupide pour la cause.

Quelques temps après, il décide de repartir. J’ai fait un peu semblant de chercher, sans essayer de dissimuler le fait que je ne m’abaisserais pas à lui obéir. Je n’obéis à personne et ce n’est pas nouveau. Je le suis de relativement loin, préférant m’atteler à mes pas et à ma sainteté d’esprit. J’ai vraiment hâte de sortir de cet enfer cadavérique. Au fur et à mesure de notre avancement, je peux sentir l’air de la forêt qui semble me rafraichir les idées. Malheureusement ce qui nous cueille à la sortie n’est pas un vent pur venant secouer les feuillus, mais bien une salve de flèches qui ne m’atteignent même pas. Les assaillants ne m’attaquent pas visiblement, mais bien la créature.

S’en suit une discussion que j’essaye d’écouter, vraiment, mais je n’arrive pas vraiment à comprendre la situation. Ils semblent se connaitre, le père de l’attaquant a été dévoré par le jeune homme, il va le payer. Une pure vengeance, bien. Je soupire légèrement, on ne veut pas m’exclure du combat et c’est tant mieux. Je ne veux pas rester en arrière. Les flèches peuvent tomber d’un moment à l’autre et ni lui ni moi n’avons d’armes de distance. Je m’approche un peu, me mettant en vue. La grotte est petite, malheureusement, et les flèches sont des choses que mon corps originel craint. Par contre, mon armure est assez résistante et j’ai de bon réflexe. Tout en évaluant le terrain, je lui chuchote, assez bas pour que seul lui l’entende :

-Je pourrai te couvrir, j’attire les flèches, mon armure peut les repousser, peut-être quelques-unes, je ne sais pas. En tout cas, pour que tu ais le temps de sortir, sous ma forme originelle les flèches me seront fatales.

Je le regarde et lui adresse un léger sourire, signe que je n’ai aucune mauvaise intention. Je ne veux que l’aider, le soutenir. Il fera ce qu’il veut des bandits, moi, je vais juste faire du soutien. J’inspire, mon armure couvre mes organes vitaux ainsi que mes jambes. Je décroche l’épée dissimulée par un vieux morceau de tissu, la laissant telle quelle. Je ne compte pas m’en servir. Mais seulement me protéger le crâne, les bras et les épaules. Je la place devant moi. Je dois être rapide. Une autre inspiration signe mon départ, je m’élance sans réfléchir le moins du monde. La lumière du soleil m’éblouit légèrement, je cours vers le côté, longeant la grotte, la lame placée contre mon épaule, dissimulant ma tête. Je prie pour que ça marche. Je ne fais que diversion. Je pourrais en mourir lamentablement, mais je bouge vite, je les vois arriver et j’en esquiverai surement plusieurs. Ma lame me protège. Ça n’a rien de désespéré.

Quel idiot. Je ne cessais de pester contre moi-même, d'être assez bête pour tomber dans un piège pareil.  Maudite grotte, si ils avaient tenté la même chose dans un endroit plus dégagé, la situation aurait été tout autre, là ils auraient compris le dicton, joue avec le feu et tu risques de te brûler...et je suis le feu...Mais avec des si on refait le monde et penser de la sorte n'allait pas m'aider à m'en sortir. C'est finalement ma compagne de fortune qui émit une idée, une idée assez folle. Elle comptait sortir pour attirer le feu des archers tout en se servant de son armure pour augmenter son espérance de vie, elle souhaitait me donner une diversion pour que je puisse sortir de cette impasse. Une idée assez folle, mais je n'allais pas la contredire. Elle proposait cette idée, elle en connaissait donc les risques et ce n'était pas dans mon genre de retenir une inconnue qui essaye une stratégie pour me sauver la mise. Quoiqu'il en soit, nous allions suivre son raisonnement.  
 
Nous étions prêt, elle me regarde, me lance un sourire et s'élance dehors. Pendant un moment, je me suis demandé si les archers allaient lui tirer dessus, après tout c'est à moi qui en voulaient. Finalement, ils ouvrirent le feu sur elle, j'avais déjà préparé mon arc et pu profiter de sa diversion pour abattre quelques archers. Ils ne faillaient pas qu'il la tue, sinon qui m'offrirait une autre diversion.  Je dus lâcher mon arc quand un des hommes se jeta sur moi avec son épée brandit. Je pus l'esquiver sans soucis et après m'être emparer de mon arme, lui asséna un coup mortel. D'autres vinrent m'affronter, je restais toujours un peu en retrait pour éviter les flèches des quelques archers qui ne se préoccupaient plus de la créature. Ils étaient nombreux, mais j'étais habile, l'étroitesse du couloir formé dans la roche me permettait de les affronter presque un à un, ils ne pouvaient m'encercler. Un autre s'effondra au sol, j'enjambais son corps pour combattre ses autres compagnons.
 
Soudain, j'entendis un bruit derrière moi. Je n'eus le temps de réagir avant de recevoir un violent coup à l'arrière du crâne, je tombais à genoux, désorienté. Ils en profitaient pour me désarmer. L'homme qui m'avait surpris par derrière n'était autre que celui dont je venais d'enjambais le corps juste avant. Je croyais l'avoir tué, j'aurais dû me montrer plus prudent.  Ils me trainèrent dehors, auprès de leur chef, Doren. Il attendait auprès d'un feu de camp, l'air satisfait par ma capture. Ses hommes me déposèrent à ses pieds et, avec le large sourire de sa réussite, me dis:
 
" Je penserais que le combat serait plus difficile, tu es bien une déception à mes yeux, je m'attendais à beaucoup mieux. Ne t'en fais pas pour ton amie, mes hommes la talonnent et s'ils me la ramène vivante, on aura de quoi s'amuser ce soir...
 
Après son rire, il me mis un coup de pied au niveau des côtes.
 
" Tenez le moi" Dit-il à ses hommes avant de se saisir d'un bois incandescent dans le feu de camp " Je pourrais te couper directement la tête, mais je préfère que tu me supplies de le faire après qu'on se soit un peu amusé."
 
Il posa le bois à moitié en feu sur l'un de mes bras qu'un de ses hommes le tenait tendus. Doren commença à perdre son sourie quand il remarqua que je ne réagissait pas à la contact du feu sur ma peau. Je me mis à rire pour plusieurs raisons. La première, il avait fais ce que je cherchais désespérément à faire, me trouver dans un espace dégagé. La deuxième raison était:
 
" Le feu ne peut tuer le dragon."
 
Je transformais alors dans ma véritable forme, l'onde de choc provoquée par la métamorphose repoussa tous les hommes à plusieurs mètres. Une fois ma transformation terminé, je vis le visage terrifié de Doren avant que, d'un puissant coup de patte, je le sectionnais en deux à la fonction tronc et jambes. J'embrochais, avec l'un des nombreux pics présents sur ma queue, un homme suite à coup de queue de ma part. Je n'étais pas bien grand comme dragon, un peu plus gros qu'un cheval, mais je disposais néanmoins d'une grande force et agilité. Un autre coup de patte me permis de me débarrasser du dernier homme auprès de moi. Je ressentis alors une douleur au niveau de l'épaule gauche, un coup d'œil rapide me permis de voir qu'une flèche avait réussi à se faufiler entre mes écailles. D'autres flèches suivirent, mais mes écaillent les arrêtèrent. Je vis plusieurs archers et d'autres hommes regroupaient au même endroit, je pris une grande inspiration avant de cracher des flammes d'un bleu intense. L'herbe et les feuilles environnantes se noircirent immédiatement suite à la chaleur et les hommes ne purent que pousser un cri de terreur avant que les flammes  les engloutissent. Plusieurs arbres avaient pris feu suite à ma démonstration pyrotechnique.
 
Il n'y avait plus personne, tous ces imbéciles humais avaient été éliminé. Je vis alors Faörih, elle avait dû s'occuper des hommes qui l'avaient suivis. Enfaite, je ne savais pas comment cela s'était déroulé de son côté. Je lui dis:
 
" Je crois que tu as la réponse que tu voulais."
 

Elle savait enfin ce que j'étais.