Loteïcan, cité toujours animée tant par les nombreux commerces que par l'étalage de la magie, omniprésente dans la ville. Perdue dans ses pensées, Amilya traversait les foules de passants sans vraiment leur prêter la moindre attention, évitant simplement de bousculer qui que ce soit. La jeune mage était de retour sur le lieu qui l'avait vu grandir pour une raison bien précise. En effet, une rumeur comme quoi plusieurs livres qui devaient se trouver dans la bibliothèque, et qui étaient liés à celle-ci par enchantement, avaient disparu, se répandait même au-delà des murs de la cité. La majorité de ces livres ne l'intéressait guère, mais l'un d'eux traitait de la magie d'invocation, et les ouvrages à ce sujet sont loin d'être aussi courant que les tomes sur les magies plus «classique».


La matinée était déjà bien avancée lorsque la Mage arrivait sur la place de la cité, d'où l'on pouvait apercevoir les bâtiments de la bibliothèque et, plus au sud, l'académie de magie et ses imposantes tours. De nombreux étals se trouvaient ici, vendant tant des produits de premières utilités que d'autres plus exotiques, rassemblant un grand nombre d'habitants comme de voyageurs.


-Il aura fallu plusieurs mois pour qu'on commence à en parler réellement, il peut bien attendre encore quelque temps. se dit elle, tout en observant le va et viens de la foule à la recherche d'un endroit convenable, avant de finalement se diriger vers une zone délaissée par les étals, déposant son sac de toile sur le sol
se saisissant enfin de sa flûte, elle commença à jouer quelques mélodies, attirant peu à peu des passants, jusqu'à la formation d'un arc de cercle autour d'elle. Changeant de mélodies, passant d'un rythme entraînant à un plus calme, Amilya laissa finalement libre cours à sa magie, matérialisant une flamme écarlate devant elle. D'un mouvement commun, les gens autour d'elle reculèrent d'un pas, non pas de surprise, pour la majorité, mais juste pour laisser à la mage l'espace nécessaire pour faire démonstration de sa magie, ce qui n'était pas rare.
Ce qui créa une vraie surprise fut plus le fait que cette flamme, après avoir pris de l'ampleur, commença peu à peu à prendre forme humaine jusqu'à matérialiser, au moins d'apparence, une jeune femme aux cheveux noirs et écarlates. Celle-ci fit une brève révérence à l'intention des spectateurs pendant qu'Amilya, toujours sur le même air de musique, commençait à laisser le vent porter les paroles d'une chanson, avant de commencer à danser sur le rythme de la musique, ses pieds ne touchant à aucun moment le sol. La mage continua ainsi quelques minutes, le temps d’enchaîner deux chants, avant de s'incliner, elle et Frea, pour remercier la petite foule qu'elle avait assemblée, avant de laisser son esprit revenir à l'état de flammes, puis disparaître.


Alors que la place retrouvait lentement son activité habituelle, Amilya reprenait son souffle tout en comptant les quelques joyaux que l'on avait daigné lui laisser. Ce n'était qu'un petit plus, le but premier de ces petits spectacles étant plus un entraînement en soi, mais cela se révélait toujours utile. Ce ne fut qu'une fois son souffle revenu à un rythme régulier qu'elle fit attention au jeune garçon aux cheveux blancs qui s'était approché d'elle, et semblait vouloir lui parler. Et elle ne lui prêta qu'une attention minime, à comprendre, aucune, jusqu'à ce que celui-ci commence à parler d'invocation et de livre.


-Je suis désolée, je ne suis pas sure d'avoir bien entendu. Faisant résonner ces quelques mots à l'oreille du garçon, elle daigna finalement tourner la tête vers lui. Pourrais-tu répéter ce que tu viens de dire, s'il te plaît?

La ville de Lotheican se résumait a un tas d’individus possédant un vague talent magique, cause suffisante pour ces petits êtres imbus d’eux même, se sentant supérieurs à la moyenne sous prétexte qu’ils avaient pour don de pouvoir cuire un rôti à l’aide de leur esprit ; sans quoi cette cité restait fort banale, ayant écopé de son lot de murailles, de sa banlieue crasseuse et de ses bâtisses poussiéreuses. Un marché magique était au rendez-vous, des mystificateurs et autres charlatans ayant pris la place des saltimbanques habituels, et la foule blasée par une surabondance de magie  les observaient d’un œil distrait ; tantôt, un homme jonglait avec des balles enflammées, tantôt un autre lévitait, les jambes croisées, ou encore d’autres amusaient les fillettes en faisant apparaitre des arc-en-ciel, et malgré mon humeur morose, je devais avouer que cela ne pouvait que m’être bénéfique. La diversité apportait un air de fraîcheur, de renouveau, et me faisait oublier les vulgaires tours de carte de la ville portuaire ou de Lumïa, terriblement répétitifs. Il fut un temps ou j’avais envisagé de m’y représenter, à l’aide de mon violon et de mes talents, mais, après mûre réflexion, cela m’apparut d’avantage comme de la prostitution magique ; user de ses dons pour épater la foule… Ce n’était pas fait pour moi.

 
Je n’étais arrivé que ce matin, ayant loué un cheval – après quelques difficultés pour ne pas en tomber – afin de visiter la bibliothèque, et avait pris connaissance par une quelconque gazette traînante que de rares ouvrages étaient recherchés ; apparemment censés se trouver dans un coin de la mine de savoir de cette ville, ils l’avaient quitté pour une raison toujours inconnue, et nul n’avait ouï le nom du félon responsable de ce méfait pourtant flagrant, au vu de la liaison magique qui reliait les vieux bouquins à leur lieu d’origine. En plus de e fournir des joyaux – certes, j’avais toujours la possibilité de chaparder dans les étals, mais cette cité n’avait eu vent de mes méfaits et je souhaitais garder cette innocence, un certain temps du moins - et du savoir, cette mission m’offrait la possibilité de prendre connaissance du lieu que je souhaitais visiter, mêlant l’utile à l’agréable ; malheureusement, je n’en savais plus sur les biens à retrouver n’ayant aucune information sur la quête, et il m’était indispensable de trouver un individu natif de Lotheican pour m’assister.
 
Dans le charivari général et l’anarchie sonore qui régnait en ces lieux, une oreille avisée aurait pu distinguer quelques notes fluettes, au loin, douces friandises pour les tympans qui, hélas, s’en allaient trop vite, la distance n’y arrangeant rien ; guidé par mon ouïe, je cherchai la source de ces sons provenant sans aucun doute d’un instrument à vent fait de bois, car jamais un cuivre ou un autre outil à cordes n’aurait eu ce ton primesautier, pour enfin en découvrir la source : c’était une jeune fille qui s’exprimait par sa flûte ainsi que par sa magie, et également par ses pas de danse rapides. Ses cheveux blonds jouaient dans le vent, comme au rythme de la musique, ainsi que ceux noir d’ébène de la jeune femme devant elle, comme née dans les flammes, sans aucun doute une œuvre faite à l’aide de ses arts des arcanes. Peut-être était-ce là la personne que je cherchais, et, dans le cas contraire, elle pourrait probablement
 
Je m’approchai donc de l’individu devant moi, une fois sa représentation achevée et la foule dispersée, afin de l’interpeller.
 
Excuse-moi, je cherche un individu originaire de Lotheican pour m’assister dans la recherche d’ouvrages perdus, ou tout du moins quelqu’un pour me renseigner à ce sujet. Aurais-tu des informations ?
 
Pour cette demoiselle, j’avais employé un ton courtois ; il valait toujours mieux être sympathique avec les personnes dont on attendait quelque chose. Elle me répondit, mais quelque chose n’allait pas avec sa voix ; je ne savais dire quoi avec précision, mais elle ne semblait pas réellement parler comme tout le monde l’entend. Je laissai ce mystère de côté pour l’instant cependant afin de répondre à sa requête.
 
 
Bien sûr. Je recherche un individu originaire de cette ville afin de m’assister dans la recherche de livres traitant de magie, et tu sembles, pour utiliser un art aussi complexe et te donner en représentation en ces lieux, une mage locale ; c’est pourquoi je me suis adressé à toi. Si ce n’est pas le cas, sache au moins que je suis à la recherche d’informations à ce sujet, n’ayant pas pu recueillir toutes les données de la quête.

-Bien sûr. Je recherche un individu originaire de cette ville afin de m’assister dans la recherche de livres traitant de magie, et tu sembles, pour utiliser un art aussi complexe et te donner en représentation en ces lieux, une mage locale; c’est pourquoi je me suis adressé à toi. Si ce n’est pas le cas, sache au moins que je suis à la recherche d’informations à ce sujet, n’ayant pas pu recueillir toutes les données de la quête.

Son ton était très courtois, et si on ajoutait à cela une voix assez grave, le contraste avec le jeune garçon qui parlait avait de quoi surprendre au premier abord. Passé cette première surprise, Amilya fit le point sur les informations qu'il venait de lui donner. Elle leva les yeux au ciel un instant, se laissant un petit temps de réflexion, avant de se re-concentrer sur son jeune interlocuteur.

-On ne peut pas vraiment dire que je suis une mage locale, se décida-t-elle enfin à lui répondre, mais j'ai passé suffisamment de temps au sein de cette ville pour pouvoir... assister quelqu'un dans ses recherches, surtout s'il est question de livres traitant de magie.

Elle s’arrêta un instant, repensant aux derniers mots du garçon.

-Tu as bien parlé d'une quête? Lui souffla-t-elle doucement à l'oreille sans pour autant bouger de place, s'adossant simplement au mur derrière elle.

Si effectivement il était bien là pour une quête, malgré son jeune âge, et recherchait des livres de magie, il y avait fort à parier que son objectif était le même que le sien. Elle aurait préféré pouvoir faire ses recherches tranquillement, sans avoir à se soucier de quelques aventuriers venus dans l'espoir de gagner quelques joyaux.

-Il se trouve que je comptais faire quelques recherches à la bibliothèque, donc si tu veux, je peux t'accompagner.

Tout en lui disant cela, Amilya avait remis sa cape, plaçant le capuchon sur sa tête. À peine quelques pas fait en direction de la bibliothèque qu'elle s’arrêta, avant de se diriger plus au sud, lui faisant parvenir ses paroles sans chercher à se retourner.

-Si c'est une quête officielle, il faudra passer par l'académie de magie. La requête provient sûrement de l'un des enseignants en magie.

A vrai dire, elle avait même sa petite idée sur qui pouvait bien avoir lancé cette quête jusqu'en dehors des murs de Lotheïcan, un soupir silencieux lui échappant en repensant à ce professeur.

-Par contre, peux-tu me dire ce que tu sais pour le moment, concernant cette quête? Lui demanda-t-elle tout en s'arrêtant à un étal à la sortie de la place, utilisant une petite partie des joyaux qu'elle venait de gagner pour s'offrir quelques pommes. Elle n'en donnait pas l'air, mais son petit spectacle avait plus puisé d'énergie qu'elle ne l'aurait voulu, maudissant son manque de pratique tout en croquant dans un des fruits.

La foule et le brouhaha incessant qui s’en échappait s’était enfin peu à peu dispersé à l’achèvement du spectacle de la jeune femme, laissant derrière elle quelques joyaux, bien maigres pour le travail fourni ; invoquer une créature magique, jouer de la flûte et danser simultanément ne devait pas être de tout repos. Je m’étais adressée à elle sans que mon visage ne change un seul instant, comme si je n’avais cure de mon interlocutrice ; en vérité, j’avais les yeux rivés sur son instrument, fasciné par sa finesse mais également une légère présence, je ne savais bien déterminer laquelle. Si elle était magique, je le détectais pas et ne pouvais l’affirmer avec certitude, et je préférai me tourner vers une vulgaire erreur plutôt qu’une arme avec pour but l’ensorcellement, refoulant ma paranoïa loin au fond de mon esprit. Elle sembla surprise au premier abord, et ensuite intéressée par mes mots ; il semblait, à son expression, qu’elle en avait, elle aussi, eu vent.

 
-On ne peut pas vraiment dire que je suis une mage locale, mais j'ai passé suffisamment de temps au sein de cette ville pour pouvoir... assister quelqu'un dans ses recherches, surtout s'il est question de livres traitant de magie. 
 
Décidément, quelque chose clochait avec son moyen de communication ; je ne la regardais pas, fouillant mon sac à la recherche de ma blanche cape, et ne pus donc déterminer la cause précise de mon léger malaise, mais j’étais certain que quelque chose clochait. Comme si j’entendais ses mots au creux de mon oreille, alors qu’elle venait de s’adosser au mur, quelques pas plus loin ; j’en profitai pour la détailler un peu plus attentivement. Pas tant plus grande que moi que cela, la jeune femme à la frange dorée m’observait de ses jolis iris vert clair mouchetés d’or, dans sa tenue essentiellement composée d’une cape rouge, élément non unique mais qui sautait cependant le plus aux yeux, et c’était celui-ci que l’on repérait en premier lieu en l’apercevant.
 
-Tu as bien parlé d'une quête?
 
Une fois encore, j’avais reçu ses mots chantants au creux de mes tympans ; comment et pourquoi étaient deux mots qui me trottaient indéniablement en tête.
 
-Il se trouve que je comptais faire quelques recherches à la bibliothèque, donc si tu veux, je peux t'accompagner.
 
Elle enfila, tout comme moi, sa cape, et je plaçai mon sac à dos sur mes épaules ; elle s’avança alors de quelques pas, avant de se stopper et de s’adresser à moi, sans se retourner.
 
-Si c'est une quête officielle, il faudra passer par l'académie de magie. La requête provient sûrement de l'un des enseignants en magie.
 
Cette fois, j’en étais certain, le procédé était magique. Restait à savoir pour quelle saugrenue raison ressentait-elle le besoin de s’adresser à moi de cette façon…
 
-Par contre, peux-tu me dire ce que tu sais pour le moment, concernant cette quête?
 
Pour ainsi dire rien ; même pas la nature des livres. Il ne m’étonnerait pas que la mission soit officielle, et nous devrions nous presser d’aller la réserver.
 
Tout en lui emboîtant le pas, tandis qu’elle s’achetait quelques fruits, j’en sortis un de mon sas, une belle pomme rouge pas trop séchée, achetée en arrivant ; je la lançai dans les airs et y fichai une petite lame minérale – un peu plus grande qu’une pointe de flèche – à l’intérieur, afin de pouvoir la faire flotter devant mes yeux et de pouvoir y goûter lorsque je le désirais – un kit main libres, en quelque sorte. Je n’aimais pas avoir les mains pleines dans une ville que je ne conaissais pas, et gardais à l’esprit le carquois vide sur mon dos. Bien vite, nous nous retrouvâmes à l’académie, guidée par sa connaissance de la ville ; par méfiance plus que par galanterie, je la fis passer en premier lieu par les lourdes portes de la bâtisse.

-Pour ainsi dire rien; même pas la nature des livres. Il ne m’étonnerait pas que la mission soit officielle, et nous devrions nous presser d’aller la réserver.



Elle était un peu surprise par cette réponse. Si quête il y avait, la demande devait surtout concerner un ou des livres en particulier, et elle s'imaginait plus quelqu'un se lancer à leur recherche dans l'espoir de pouvoir les consulter avant de les restituer... Comme elle comptait bien sûr le faire. Tournant brièvement son regard sur le garçon, elle put le voir manger lui aussi un fruit, tout en le faisant léviter devant lui.


«-De la télékinésie? Pas une magie des plus rares, mais au moins, il semble pouvoir se débrouiller un petit peu.»


Le chemin depuis la place jusqu'à l'académie de magie n'était pas de plus long, et ils eurent tôt fait d'arriver devant l'entrée, ou plutôt, l'une des entrées, de celle-ci. Deux imposantes porte en bois, sculptées avec soin par des artisans de renom, constamment ouvertes pour laisser passer le flot continue des étudiants, professeurs et autres gens venus chercher conseils et savoir en ces lieux.
Si la bibliothèque de Lotheican était une mine de savoir, s'enrichissant toujours plus au fil des âges, l'académie trônait fièrement comme un véritable temple dédié aux arts de la magie et de son application sous toutes les formes possibles et imaginables, et les fidèles étaient nombreux à venir y chercher connaissance et maîtrise.
Au milieu de la cohue régnant dans le hall principal, Amilya indiqua à son jeune compagnon de venir à ses côtés. Leurs capes pouvaient être voyantes en ville, mais dans ce mélange, à la fois anarchique et ordonné, de couleurs toutes plus voyantes que les autres que les mages semblaient apprécier, il aurairtété gênant de se trouver séparer.


-Reste prêt de moi, lui souffla-t-elle à l'oreille, sa magie lui permettant de faire résonner ses paroles très clairement malgré le bruit environnant, tout en plaçant une main dans son dos, le guidant jusqu'à l'autre côté du bâtiment avant de monter l'un des escaliers, s'engageant ainsi dans l'une des nombreuses tours de l'académie.
Ils arrivèrent à la base de l'édifice, la pièce s'ouvrant face à eux pour mener sur un vaste jardin intérieur, et au centre de la salle, proche de l'escalier permettant d'accéder aux étages, se trouvait un panneau avec de nombreuses notes accrochées. Au sein de l'académie, tout étudiant ou professeur pouvait afficher ici des requêtes en tout genres, et permettait ainsi aux mages de trouver facilement de l'aide de la part de leurs confrères, et nombreux étaient ceux à se fier exclusivement à ce système, se montrant méfiant des «non-mages» et préférant régler autant que possible entre eux leurs problèmes. Faisaient exception ceux plus ouverts d'esprit, qui n'avaient pas un complexe de supériorité... ou les plus impatients. La personne ayant lancé cette quête sur les livres disparus appartenait certainement à la seconde catégorie.
Un rapide coup d’œil au tableau permis à Amilya de confirmer ses soupçons. Trônant fièrement au centre, et avec des dimensions presque surréalistes comparées aux autres, se trouvait la «quête» qui les intéressait, placé ici sous forme d'une simple requête, sans la moindre récompense, et signé du nom d'Aodren. Elle ne put s’empêcher de hocher la tête de désespoir.


-Ce vieux fou ne changera donc jamais! S'exclama-t-elle, oubliant sa magie alors que sa « voix » résonnait comme un écho dans toute la pièce, attirant les regards amusés des quelques élèves présents. Ignorant leurs rires, elle préféra se tourner vers son jeune compagnon.


-Je suis désolée, mais je préférerais que tu ailles seul pour officialiser cette quête. Elle détourna le regard avant de continuer. Le bureau du professeur Aodren se trouve au troisième étage... Et je pense que tu ne pourras pas le manquer, dit-elle tout en jetant un rapide regard sur la note aux couleurs... chatoyantes. Surtout, précise lui bien que tu ne viens pas de Lotheican, et que tu es là pour une quête, au risque de te retrouver à faire les recherches contre aucune récompense. Pour ma part, la récompense ne m'intéresse que peu.


Et pour cause, le livre en question était très connue par les mages de l'académie. Rien que le fait d'avoir été, selon les dire, écrit par le grand mage Sigurd lui-même suffisait à sa notoriété. Avoir en plus été le premier livre à disparaître de la bibliothèque, il y a bientôt un an déjà, n'avait que renforcé celle-ci à grand coups de rumeurs en tous genres. Du coup, les «thèses sur l'origine des esprits» pouvaient être considérés comme ouvrage mythique, au moins parmi les mages de Lotheican.


-Je t'attendrais ici. Je n'ai aucune envie de le revoir, et parler de quête avec lui si je suis là serait très compliqué. Nous irons à la bibliothèque dès que tu seras de retour.

Spoiler:

Pour ainsi dire rien; même pas la nature des livres. Il ne m’étonnerait pas que la mission soit officielle, et nous devrions nous presser d’aller la réserver.
 
Ses pas, animés par sa bonne connaissance de la ville au vu de ses origines locales, nous guida rapidement aux lourdes portes de bois de l’académie dont les tours et toits pointus, hachées par le soleil de midi en cette partie sud de Lotheican, nous offraient leur délicieuse ombre fraîche, sauvant mon pauvre corps de sa température trop élevée sous cette veste en cuir qui, malgré son épaisseur, n’allait pas quitter mes épaules, mes lames y étant accrochées ; en cas de problème, elles pouvaient me sortir d’un bien mauvais pas de manière plutôt discrète tandis que mon épée, si l’on escomptait uniquement le temps de la dégainer, me désignait pour tous comme individu hostile et, par conséquent, cible à abattre au plus vite. Malgré mon mépris pour beaucoup des individus de cette cité, force était d’avouer que, dans cet impressionnant édifice, véritable fourmilière grouillant d’élèves et professeurs, et malgré qu’imbus d’eux-mêmes et prétentieux, la plupart n’en restaient pas moins instruits, la proximité de la plus grande et riche bibliothèque de tout rune Midgard y jouant un rôle certain, et je n’oubliais pas le but principal de mon voyage qu’était de l’investir et de la visiter, avant de chercher par monts et par vaux des vieux ouvrages poussiéreux ; elle se trouvait un peu plus à l’ouest, à quelques milliers de pas de ma situation actuelle, et je n’avais encore pu l’apercevoir, étant entraîné par la quête et sa réservation obligatoire si j’espérais obtenir mes joyaux tant attendus. L’argent ne m’était aucunement indispensable ; le mot se rapprochant le plus à l’idée recherchée restait « confortable », car elle m’amenait non pas à l’oisiveté comme certains aiment à l’user mais à la possibilité de ne pas passer tel un gamin des rues hors-la-loi et de garder ma factice innocence, ce qui  m’arrangeait bien pour l’instant, d’avantage encore si je prenais le temps de reconsidérer ma bourse qui s’aplatissait au fil des jours et des nuits à l’auberge.
 
La jeune femme, dont nous ignorons tout deux toujours les noms respectifs, n’hésita pas à m’attirer dans l’innommable cohue régnant au centre du grand hall, et, malgré la présence importante d’individus, il y régnait une fraîcheur des plus agréables, probablement un procédé magique offrant un soupir d’aise à chaque pénétration dans le bâtiment, au vu de l’appréciable différence de température, et en ces lieux, je ne regrettais ma cape blanche ; tout autour de nous, une foule cosmopolite et désordonnée s’agitait, de tous âges, tout visages et toutes races, et malgré que les courtauds soient en minorité, il était tout de même fréquent d’en apercevoir un ou l’autre, tantôt jeunes imberbes aux livres sous le bras, tantôt vénérables enseignants au bâton tordu surmonté d’une jolie gemme, flanqués de leur inséparable barbe grise trop longue pour leur corps. La jeune femme, que je conclus atteinte de mutisme – du handicap physique, à proprement parler, c’est-à-dire l’incapacité d’émettre des sons à l’aide de ses cordes vocales – s’était à nouveau adressée à moi, au creux de mes tympans, par un doux murmure que j’avais pu écouter malgré l’anarchie sonore qui résonnait ici jusque sur les hauts plafonds de la pièce.
 
Reste près de moi.
 
Sa main était posée sur mon dos tandis qu’elle me dirigeait vers l’un des escaliers au bout de la pièce, probablement une base d’une des nombreuses tours qui parsemaient ces lieux telles des piques dévorant les cieux ; débouchant sur un vaste et somptueux jardin intérieur peuplé en abondance de fleurs et plantes diverses, et non loin de nous se trouvait ce qui s’apparentait à un tableau d’affichage, couvert de missives, tantôt parfaitement calligraphiées – probablement par des professeurs – tantôt griffonnées sur une petite note salie par l’encre. Au centre de ce panneau de bois trônait fièrement une annonce qui, par sa taille démesurée lorsque l’on la comparait aux autres, dominait les feuillets divers l’entourant, et l’écriture parfaite ne pouvait que renforcer ce sentiment ; récompense il y avait probablement, cependant, l’expéditeur, qui n’avait que signé de par son nom, n’avait pas souhaité la stipuler clairement, de peur d’attirer étudiants roublards désireux de se faire des joyaux facilement.
 
Ce vieux fou ne changera donc jamais! Je suis désolée, mais je préférerais que tu ailles seul pour officialiser cette quête. Le bureau du professeur Aodren se trouve au troisième étage... Et je pense que tu ne pourras pas le manquer. Surtout, précise-lui bien que tu ne viens pas de Lotheican, et que tu es là pour une quête, au risque de te retrouver à faire les recherches ne contre aucune récompense. Pour ma part, la récompense ne m'intéresse que peu.
 
J’ignorais tout de cette jeune femme tout comme elle ne savait une traitre information sur ma personne, cependant, il semblait confirmé qu’elle ait suivi des études en ces lieux, ou au moins ait eu quelques entrevues avec l’un des professeurs, du nom d’Aodren, en l’occurrence, notre potentiel employeur ; il faudra tout de même que je prenne connaissance de son nom, à un moment ou à un autre.
 
Je t'attendrais ici. Je n'ai aucune envie de le revoir, et parler de quête avec lui si je suis là serait très compliqué. Nous irons à la bibliothèque dès que tu seras de retour.
 
D’accord.
 
Sans attendre d’avantage de peur de se faire chiper la mission par quelque étudiant incompétent, je me dirigeai vers l’escalier que j’avais aperçu précédemment, entament l’ascension qui promettait d’être longue ; même la moins haute des tours me semblait déjà gargantuesque, et, même si le bureau du mage n’était qu’au troisième étage, les plafonds étaient hauts pour compenser le manque d’espace, rendant  l’escalade longue et fastidieuse, les marches raides n’y arrangeant rien. Finement décorées, gravées avec soin, elles me menèrent jusqu’à une porte des plus… originales, délabrée à souhait, et pourtant accompagnée d’orbes roses et jaunes, éclairant le couloir pentu  de lueurs colorées. Je frappai à la porte.
 
Qu’est-ce que tu veux ?
A travers la porte, une voix s’était élevée, emprunte de vieillesse et d’aigreur.
 
Je viens pour la quête.
 
Des pas résonnèrent et, à mon étonnement, il ouvrit de ses propres mains la porte, me laissant découvrir l’univers loufoque qu’était son bureau, tenant plus d’un rassemblement de livres désordonnés dans un fouillis incroyable, et malgré le nombre incalculable d’étagères pleines à craquer, nombreux ouvrages jonchaient le sol ; en guise de source de lumière, des sphères lumineuses à l’image de celles de l’entrée flottaient dans les airs, de diverses couleurs, offrant un mélange pictural étrange et coloré. L’homme, grand et maigre, aux cheveux gris en bataille et à la barbiche drue et pointue, m’observait de ses yeux acier et impitoyables, dans une robe de chambre rouge, à l’image de la moquette qui recouvrait la pièce.
 
Si jeune, tu maîtrises les roches de façon correcte…. Intéressant. Mais je n’en ai que faire, du moment que tu me ramènes les écrits. D’où viens-tu, petit garçon ?
 
De Lumïa.
 
Je ne posai pas de question sur son irréprochable détection de mes arts des arcanes ; cela semblait évident qu’il avait usé de ses dons pour le découvrir. 
 
Bien. Tu recevras peut-être une récompense si j’estime ton travail bien fait. J’aurais besoin de ton nom – non pas qu’il m’intéresse, pure broutille administrative.
 
Michaelis.
 
Allez, va ! Tu n’as pas toute la nuit, petit insolent !
 
Je n’avais pas bougé du pas de sa porte, et à peine avais-je prononcé mon nom qu’il me l’avait claqué au nez, manquant de me l’écrabouiller sur la figure ; huit mots m’avaient suffi pour la réservation, et au vu de son attitude, je n’avais pas estimé nécessaire d’en faire plus, et je comprenais désormais la raison qu’avait la jeune fille de vouloir l’éviter.
 
Comment, tu es toujours là ? Enfin, j’ai oublié ça. Maintenant, décampe avant que je me fâche !
 
La porte s’était ouverte à la volée, et à peine eut-il le temps de me flanquer une feuille de papier en plein visage qu’il l’avait déjà claquée ; probablement une attestation officielle stipulant que j’avais l’autorisation de fouiller la bibliothèque, ou autre idiotie bureaucratique qui, pour nous trouver un point commun, semblait nous agacer tous deux au plus haut point. Rapidement et quatre à quatre, je dévalai les marches trois fois plus rapidement qu’à l’aller pour retrouver ma compagnonne, en bas. Je lui tendis le document et énonçai mon nom, malgré qu’après réflexion, il devait être indiqué sur la feuille.
 
Voilà. Au fait, moi c’est Sam. On y va ?

Amilya avait regardé son jeune compagnon du moment les étages de la tour après un simple "d'accord" de sa part. Il semblait être paraissant du minimalisme, ne cherchant pas à faire de formes, tant dans sa façon de parler que son comportement, et s'en souciant guère. Au moins sur ce point, lui et Aodren se ressemblaient.
Elle s'installa dans un coin, à proximité du panneau d'affichage, adossée à un des murs, son sac à ses pieds et les escaliers bien en vue, guettant le retour du jeune garçon qu'elle imaginait assez rapide, tout en se laissant aller à un brin de nostalgie. Pas forcément tous bon, mais elle avait passé tellement de temps dans cette académie qu'il lui était dur de ne pas y penser en ces lieux.

Aodren, en particulier, occupait nombre de ses souvenirs les plus marquants, sa personnalité, quelque peu excentrique, aidant fortement à cela. Mais en dépit de son caractère particulier, il était un mage de talent comme l'on en trouve peu, même au sein de la cité des mages. C'est auprès de lui qu'elle apprit à utiliser la magie d'invocation, au travers de cours particulier. Normalement, il est enseigné aux apprentis les bases de l'invocation avant de former un premier pacte, pour prévenir tout risques. De très loin moins dangereux qu'un pacte avec un démon, se lier avec un esprit présente des risques pour l'invocateur, et il est vital d'avoir la puissance et les connaissances nécessaires pour le maîtriser.
Pour tout ce qu'il lui avait enseigné, elle lui était reconnaissante, mais elle ne pouvait simplement pas adhérer à ses idées, et lui ne pouvait accepter que l'on le contredise. Le résultat maintenant était, pour elle, un sermon interminable dès qu'il la rencontrait, et pour lui, une oreille entièrement sourde.

Elle n'eut pas le temps de se laisser aller plus au passé que le jeune mage revenait déjà, descendant les escaliers avec vélocité avant de lui tendre un document, tout en annonçant son prénom.

Voilà. Au fait, moi c’est Sam. On y va ?

Elle prit le temps de regarder le document, y trouvant son nom, Michaelis, aux cotés d'une validation officielle de la quête qui les intéressait. Au moins, ils pourraient rechercher les recoins de la bibliothèque de Lotheican sous l’autorité d'Aodren, ce qui devrait leur ouvrir quelques portes. La mage reporta enfin son attention vers Sam.

Bien, il ne nous reste plus qu'à nous diriger vers la bibliothèque et commencer nos recherches.

Sans plus de mots pour le moment, elle reprit son sac, se dirigeant vers la sortie après s'être assuré qu'il la suivait bien. Heureusement, le hall s'était un peu vidé, bien que toujours fourmillant de monde. Ce n'est qu'une fois sortie de l'académie qu'elle se décida à souffler de nouveau quelques mots à Sam, sans arrêter sa marche.

Tu peux m’appeler Sylphia.

Elle préférait ne pas donner son nom au premier venu. De toute façon, on la connaissait tout autant, si ce n'est plus, sous ce surnom que son vrai nom.

Le chemin jusqu'à la bibliothèque depuis l'académie de magie n'était pas extrêmement long, et principalement usité par les étudiants et professeurs de magie, se trouvant du coup encadrer par de nombreux étals vendant divers artefacts et outils magique en tout genres, bien plus que dans tout autre partie de la ville. Le temps du trajet, elle expliqua à son compagnon ce qu'elle savait sur la quête et les livres disparus. Principalement le fait que tout livres de la bibliothèque étaient placés sous un enchantement complexe, le liant au bâtiment en lui-même, et permettant au personnel de vérifier leur emplacement à tout moment, pouvant ainsi indiquer où trouver un livre en particulier. Pourtant, malgré cela, ils ne parvenaient pas à localiser les livres manquant, bien que l'enchantement répondait normalement, confirmant leur présence entre les murs de la bibliothèque. Elle n'eut le temps de rentrer plus dans les détails que déjà, ils arrivaient à leur destination.

Je vais aller vérifier de moi-même si les enchantements répondent bel et bien normalement auprès des bibliothécaires. En attendant, tu peux essayer de chercher de ton coté. Elle posa sa main sur son épaule, lui adressant un sourire. Il y a beaucoup de choses à voir ici, je pense que beaucoup de choses devraient attirer ton attention. Et ne t'inquiète pas, je te retrouverais facilement.

Relevant la main, elle laissa apparaître un petit cercle magique au niveau de l'épaule de Sam, celui-ci brillant un petit instant avant de disparaître. Elle plaça ensuite, de la même façon, le même symbole au niveau de son épaule.

Un simple sort de liaison. Place ta main là où se trouve le cercle, et concentre un peu de magie à cet endroit. Tu pourras ainsi ressentir où se trouve la personne liée. Elle ajouta, tout en se dirigeant vers les portes de la bibliothèque, sur un ton calme. Cette magie devrait rester active environ 12 Heures, pas plus. Tu n'as donc pas à t'inquiéter que je cherche à te suivre par la suite.

A vrai dire, c'est plutôt elle qui souhaitait ne pas rester garder un tel lien plus que nécessaire, mais pour le moment, il serait très certainement pratique. Surtout que le bâtiment, bien que bien moins grand que l'académie depuis l'extérieur, offrait un intérieur aux dimensions incroyables grâces à de nombreux et complexes enchantements, ces derniers se jouant purement et simplement de l'espace.

petite idée de l'intérieur de la bibliothèque:

source:

L’entretien avec le vieillard loufoque qui s’avérait être un mage – professeur, qui plus est – fut rapidement expédié, par une mutuelle avarice des mots et politesses, et par son caractère pour le moins revêche, le dénommé Aodren m’avait clairement fait comprendre la raison du refus de m’accompagner de la jeune fille ; ou alors, c’était tout simplement une espionne des Michaelis en chasse et connue à Lotheican par les sages – et donc les enseignants – qui ne souhaitait s’exposer au danger. D’ailleurs, je n’aimais donner mon nom complet, à mon habitude, cependant, le tour était finement joué car ma dénomination légale et complète était inscrite noir sur blanc à l’avant de la missive dont elle s’était emparée; elle disait d’ailleurs se nommer Sylphia – ou plutôt m’ordonnait de la désigner de cette façon -, simple prénom s’il n’était pas inventé ou servant de sobriquet, ce qui ne me félicitait pas la tâche en cas d’agression. Certes, j’avais, à tout instant, la possibilité de lui trancher la gorge à l’aide des projectiles qui étaient dans ma poche, aiguisés et prêts, ainsi que mon fourreau vide qui trônait dans mon dos, parfait pour tromper l’adversaire plein d’incompréhension devant le non-sens qu’était de s’encombrer  d’une protection pour lame ; ou alors, la paranoïa dévorait mon esprit comme souvent, et je n’avais pas à m’en faire. C’était une éventualité qui n’était pas à écarter.
 
Sans attendre beaucoup plus longtemps, nous nous mîmes en route, et je fis venir mon sac dans mes mains pour le passer sur mes épaules avant de lui emboiter le pas sur le chemin reliant l’académie à la bibliothèque, astucieusement placées l’une et l’autre à proximité afin de permettre aux étudiants d’aller étudier, se détendre ou bavarder dans cette mine de savoir ; et, prenant en compte cela, moult artisans et alchimistes n’ont hésité à s’installer ici, bordant les routes de leurs étals qui, à mes yeux, se résumaient à un tas de babioles et bouquins poussiéreux et inutiles traitant de genres arcaniques que je n’aurais jamais eu l’idée de côtoyer un seul instant. L’édifice ne tarda pas à se faire voir, dans une magnificence… Douteuse, presque absente, tant il était plus petit que dans mes espérances, ainsi que plus neuf et flamboyant ; certes, son apparence extérieure n’était pas laide, cependant, au vu de la folie qu’était l’académie de magie, j’aurais imaginé quelque chose de plus imposant pour ce qui était censé représenter le plus grand concentré de savoir de tout Rune Midagd… Peut-être les caves étaient-elles très vastes ; au fond je ne voyais que cela, sans quoi la grande bibliothèque me décevait.
 
Je vais aller vérifier de moi-même si les enchantements répondent bel et bien normalement auprès des bibliothécaires. En attendant, tu peux essayer de chercher de ton coté. Il y a beaucoup de choses à voir ici, je pense que beaucoup de choses devraient attirer ton attention. Et ne t'inquiète pas, je te retrouverais facilement. Un simple sort de liaison. Place ta main là où se trouve le cercle, et concentre un peu de magie à cet endroit. Tu pourras ainsi ressentir où se trouve la personne liée.  Cette magie devrait rester active environ 12 Heures, pas plus. Tu n'as donc pas à t'inquiéter que je cherche à te suivre par la suite. 
 
 
Je n’aimais pas qu’on me touche, encore moins à l’épaule et je n’appréciais non plus les sorts de localisation ; cependant, j’étais bien contraint de m’y plier, car, malgré la petitesse de la construction, je ne doutais que elle représentait un véritable labyrinthe, et que, si nous nous séparions, sans cela, il m’aurait été impossible de la retrouver. L’avantage était que, si elle en venait à me poursuivre et que je parvenais à la semer, je pourrais la localiser et ainsi la prendre par surprise ; mais il était peu probable que le sort soit conçu pour durer et qu’il fasse mentir ses dires. Nous ne tardâmes pas à y pénétrer, et il s’avéra, à mon grand étonnement et au vu de la taille démesurée de la pièce principale et de la hauteur du plafond, qu’elle avait été déformée par moult procédés et enchantements magiques d’un haut niveau. Il est vrai que c’était pratique, permettant un stockage plus important, mais les roches, ici, étaient, forcément, magiques, façonnées par les arcanes, m’offrant un léger mais persistant sentiment d’oppression.
 
J’avais donc ce que je perçus comme un quartier libre durant quelques heures, m’offrant la splendide perspective d’arpenter ces couloirs sans fins pour me faire juger par les hautains regards des étudiants se sentant supérieurs par leur taille et leur âge, et quelque chose me disait que les envies de massacrer quelques badauds innocents n’allaient pas manquer.
 

Après quelques minutes de déambulation, je remarquai que, dans le bas du bâtiment, les pierres y étaient, en toute logique, naturelles, situées dans les normes spatiales telles qu’on les distingue de l’extérieur, et que donc, il n’y avait nul besoin d’en créer des artificielles, beaucoup moins fiables que les naturelles ; en ces lieux à l’image de la bibliothèque originelle qui fut bâtie des centaines d’années plus tôt, je me sentais mieux, et décidai donc, quelque soient les domaines traités dans les ouvrages d’y passer du temps. C’était, en outre, les seuls lieux ou ouvraient se trouver un passage secret, vu qu’il était impossible de cacher un mécanisme à la surface – les murs étaient trop fins – et que, dans les hauteurs, l’irréalité des matériaux de convenait pas. Et comme pour confirmer mes dires, parmi toutes les entités minérales qui reposaient tout autour de moi, il en demeurait un groupe… Etrange. Sans doute rongé de l’intérieur par moult mécanismes et autres artifices, probablement un passage secret. Comme je ne pouvais aller chercher Sylphia, je m’installai assis juste devant avec dans les mains, un ouvrage sur la magie de soin.

La bibliothèque n'avait que peu changé depuis les quelques mois qu'Amilya avait entamer son voyage, et restait égale à elle même: Un bâtiment sans grande prétention à l'extérieur, mais une fois passé les portes, un véritable labyrinthe de connaissance s'étendant sur une surface complètement surréaliste, et certainement l'un des plus grand étalage de magie et d'enchantements de tout Lotheican.

Laissant à Samuel la liberté d'explorer à sa guise la bibliothèque, la mage se dirigea d'un pas rapide vers l'un des nombreux bureaux que l'on pouvait apercevoir à maint endroits, et immanquablement, près de ceux ci, deux à trois personnes portant tous une longue cape noire, dont l'emblème propre à la bibliothèque, cousu de fil doré, les distinguais de la masse.

S'approchant de l'un deux, elle lui souffla un rapide Excusez moi pour attirer son attention, tout en levant la main pour indiquer qui j’adressais à lui. Le bibliothécaire n'était en rien surpris de l'usage de magie pour s'exprimer... Un des avantage de cette cité où la magie était chose courante.

-De quoi avez vous besoin?

-J'aimerais pouvoir consulter les enchantements de certains livre.... Directement. Devant le regard méfiant du bibliothécaire, elle lui présenta le document d'Aodren, qu'il examina rapidement, s’arrêtant surtout sur la provenance du document. Je pense que vous savez quels livres m'intéresseraient, il y a eu suffisamment de rumeurs à ce sujet. Même si Aodren n'est vraiment intéressé que par le premier ayant disparu.

En dire plus à ce sujet n'était pas vraiment nécessaire, surtout que les bibliothécaires n'étaient pas très friand de ces rumeurs, qui nuisaient à l'image de la bibliothèque et, surtout, à la leur. Sans un mot, il lui indiqua de le suivre, s'engageant dans une petite pièce derrière le bureau. Celle ci était pour le moins sommaire, et tout comme la bibliothèque, il ne fallait pas juger sur l'aspect extérieur pour se faire une idée de l'espace disponible. De nombreuses lignées d'étagères, chacune avec une multitude de fiches, se trouvaient alignés ici. Normalement, nous ne laissons personnes entrer dans ces pièces, mais je préfère éviter d'avoir des ennuis avec Aodren. Les fiches qui vous intéressent se trouvent ici. Ajouta t-il en indiquant une des étagères, placée en retrait des autres.

Ces fiches fonctionnent en pair avec les enchantements présent sur chaque livres et permettent, en temps normal, de lire l'emplacement de la source de la magie qui lui est lié. dans ce cas, chaque fiche correspond à un livre. Pour illustré ses propos, il pris une fiche au hasard sur une étagère avant de la confier à Amilya. Sur celle ci se trouvait écrit, de façon traditionnelle, le nom du livre qui lui étai lié, et plus bas, avec des lettres magique, se trouvait l'emplacement exact du livre dans la bibliothèque. Elle supposa que, dès que le livre se trouvai déplacer, ces lettres changeait pour suivre le déplacement. Cependant, les fiches des livres disparu sont toute comme celle ci il reprit la fiche pour la ranger, lui en plaçant une autre dans les mains. Sur celle ci, étrangement, à l'emplacement normal des lettres magiques se trouvait des symboles sans aucuns sens.

De longue minutes plus tard, Amilya était de retour dans le dédale de la bibliothèque, de nouvelles questions, et aucune réponses, se bousculant dans son esprit. Elle déambula un moment, sans réel but, ne faisant pas attention au temps, cherchant simplement vainement à comprendre ce que cela pouvait bien signifier, si il y avait un quelconque sens. Finalement, ce n'est que de longues et nombreuses minutes plus tard que Samuel lui revint à l'esprit. Plaçant sa main sur son épaule, il lui fallu peu de temps pour confirmer qu'il l'attendait dans la bibliothèque, vers les étages les plus bas. En descendant pour le rejoindre, elle pu remarquer que les enchantements de la bibliothèque se faisait de plus en plus ténu, mais elle n'y prêta pas plus attention que ça.

Lorsqu'elle retrouva enfin Samuel, celui ci était installé contre un mur, un livre entre les mains, qu'il s'empressa de fermer pour venir vers elle pour lui annoncer qu'il avait découvert quelque-chose.

HRP:

Jamais je ne m’étais penché d’avantage qu’un simple coup d’œil sur les arts des arcanes touchant à la guérison et à la restauration du corps, unique magie pouvant sauver une vie, les autres ne faisant qu’en ôter une pour en sauver une autre, et il était temps de m’y pencher pour rattraper mon retard ; certes, il m’arrivait parfois quelques sautes d’humeurs soudaines ou je désirais mourir ou me recroqueviller dans un coin pour finir dans l’indifférence, ou encore des instants passé dans les circonvolutions mêmes de mon esprit torturé – je pense à, par exemple, ce qui s’était suivi de mon surplus magique en compagnie du brave Drazh qui n’avait fait que transporter mon corps endormi tout au long de notre rencontre, ou même tout simplement à la haine que je ressentais pour la plupart des gens vivants, que ce soit soldats, étudiants, mages, paysans, riches comme pauvres, marchands… J’avais des tas de bonnes raisons de les détester plein de gens, comme par exemple ces individus qui passaient, jetaient un œil dédaigneux à moi et s’en allaient, me voyant comme un sale gamin pouilleux se réfugiant entre les murs de la bibliothèque pour ne pas avoir trop froid ; et il était de plus en plus difficile de ne pas les tuer, car les occasions ne manquaient pas… Le mur derrière moi par exemple, en pierre, offrait de parfait projectiles, et je savais plus ou moins maîtriser l’or pour le tordre ou le resserrer, et donc aisément couper en morceaux l’oreille des jeunes filles sui passaient. Car en effet, si les métaux rares n’étaient mon domaine de prédilection à l’inverse de la roche, j’en avais une maîtrise basique, et avec un peu d’entraînement, j’aurais pu jouir d’une kinésie plus avancée pour ces matières, toutes nécessitant un entraînement particulier.
 
Tout en m’entraînant au soin en me coupant le doigt pour refermer la blessure ensuite, et ceci à répétition, je restais confiné dans les sous-sols de l’académie, presque effrayé par les parois irréelles qui se trouvaient au-dessus de moi, qui s’apparentaient à la poche de vide se trouvant dans mon fourreau, en beaucoup plus grand ; je n’aimais pas la sensation de violer les règles de l’espace et du temps créées par les dieux à l’aide de procédés retords et trop peu naturels. Les briques, là-haut, n’étaient pas en pierre, mais en un mélange magique irréel dans lequel rien de connu sur Rune Midgard ne trouvait sa place, et que nul ne pouvait déplacer hormis ses créateurs, nouveau signe flagrant de l’égoïsme des mages et également de leur fâcheuse tendance à donner des raisons de se faire mépriser. La jeune fille finit par arriver vers moi, et je me levai rapidement pour replacer le livre au hasard ; j’en avais au moins appris les rudiments de cette magie, et je savais désormais arrêter un saignement de nez ou restaurer un ongle cassé. Lorsque j’avais aperçu la couverture qui stipulait « pour débutants », j’avais tout de même cru qu’il s’agissait d’un niveau un tantinet plus élevé que cela… Enfin, l’heure n’était pas à pester sur les auteurs de livres de magie mais plutôt de faire part à la jeune femme – que j’avais complètement oubliée jusqu’à lors – qui s’en était allée un long instant tout de même, batifoler dans les rayons pour une raison que j’avais oublié subitement. La mémoire sélective, que voulez-vous…
 
Il y a un tunnel derrière le mur ou je suis adossé.
 
Il allait sans dire qu’il me semblait tout à fait dans la suite logique des choses de l’explorer, sans quoi nous pouvions toujours errer dans la bibliothèque en espérant tomber sur l’ouvrage disparu au fond d’une étagère… J’ignorais ce qu’elle avait fait mais avait l’étrange intention que mon sarcasme ne se rapproche pas loin de la réalité, pour elle. Sans lui demander son avis, j’ouvrai tout simplement la voie en déplaçant un instant les pierres qui flottèrent dans les airs le temps que je passe.
 
Je n’ai pas ressenti le besoin de chercher un quelconque mécanisme, j’espère que tu ne m’en tiendras pas rigueur… Alors, tu viens ?
 
Elle s’exécuta sans piper mot et, sans qu’elle ne dise rien je referai derrière nous après avoir récupéré mon sac et mon fourreau vide ; désormais, on n’y voyait goutte, car l’obscurité y était totale. Nous étions probablement dans un des anciens couloirs de la bibliothèque, elle même rénovée souvent, mais mon intuition me disait que ce passage avait déjà été emprunté maintes fois. La jeune femme ne tarda pas à se rendre compte de la présence des flambeaux sur les parois, éteints, et d’une bouffée de magie, elle en enflamma un et l’emporta avec elle, nous offrant une vue plus claire et nous permettant également de détailler plus amplement les environs. Je n’étais pas vraiment rassuré, alors matérialisai ma longue épée noire comme la nuit pour la prendre en main.
 
Sylphia…
 

Reste sur tes gardes, d’accord ?

Lorsqu'elle retrouva enfin Samuel, celui-ci était assis, adossé à un mur, un livre sur les magies de guérisons «pour débutant» entre les mains. Nul doute que les magies de ce domaine étaient très utiles, presque indispensable pour tout type de mage diraient même certains, mais leur maniement se révélait pour le moins compliqué, et l'apprentissage très long. Il était toujours plus facile de trancher ou de calciner un corps, que de remettre ce dernier en état. Elle même connaissait bien quelques sorts de soins, basé sur le maniement de l'eau principalement, mais même les longues heures qu'elle avait pu y passer ne l'avaient jamais amené au delà du niveau de pouvoir refermer une plaie, tant que celle-ci n'était pas très profonde... Alors des magies de niveaux débutant, appris en tout juste une heure, ne serviraient, au mieux, qu'en cas de saignement de nez. Il s'empressa d'ailleurs de reposer le livre dès qu'il l'aperçut, peut être gêné, ou dépité, enchaînant très rapidement et sobrement.

Il y a un tunnel derrière le mur où suis adossé. Dit-il tout en désignant l'endroit où il se trouvait quelques secondes plus tôt. Elle lui adressa un regard étonné face à cette affirmation. En premier lieu, jamais elle n'avait entendu parler de quelques passages dissimulés au sein de la bibliothèque, même en rumeur, et en second, et surtout... Comment pouvait il en être aussi sûr, et encore plus, avoir repéré si facilement un possible passage qui aurait échappé aux bibliothécaires pendant de si nombreuses années ?

La réponse à cette question vint de façon implicite alors que les pierres dissimulant le passage commencèrent à flotter dans l'air alors que le regard de Samuel scintillait subtilement sous l'utilisation de la magie, démontrant une maîtrise sur la roche pour le moins particulière, et précise. Alors qu'elle restait sans un mot, il lui lançât, presque sèchement.

Je n’ai pas ressenti le besoin de chercher un quelconque mécanisme, j’espère que tu ne m’en tiendras pas rigueur… Alors, tu viens ?

Ne jugeant pas nécessaire de répondre quoi que ce soit, elle s'exécuta. Mieux valait éviter d'attirer l'attention. Certes, le niveau le plus bas de la bibliothèque n'était pas le plus usité, d'où l'abondance de livres de qualité parfois douteuse, à moins que ce ne soit l'inverse, mais voir les pierres formant un pan de mur flotter dans les airs risquait fortement de retenir l'attention d'un potentiel spectateur.

Une fois le mur refermé, ils se retrouvèrent tous deux dans le noir le plus total, et Amilya du cherchant à tâtons une des torches qu'elle avait entrevue, accroché au mur, avant que Samuel ne referme le mur, l'allumant à l'aide d'un sort de flamme des plus basique. Heureusement, malgré leur âges, elles étaient encore en bon état.

Un rapide regard lui indiqua qu'ils se trouvaient maintenant dans un couloir, et les pierres composant les murs, toutes présentant les ravages de l'âge, indiquaient à leur façon l'endroit où ils se trouvaient maintenant : les ruines de l'ancienne bibliothèque, ou au moins une des parties du bâtiment qui fut scellé au cours des rénovations. Ce qui expliquait, d'une certaine façon, comment des livres avaient pu disparaître sans pour autant quitter la bibliothèque. Et en même temps, cela soulevait une autre question. Qui avait bien pu amener des livres dans les ruines de la bibliothèque? Surtout que, si ses vagues connaissances sur ce sujet étaient exactes, elles avaient été scellées de sorte à ce que le passage ne puisse être ouvert que depuis l'intérieur de celles ci. Et pour appuyer ces infos, un levier pouvait être perçu un peu plus loin, à la limite de la lumière offerte par la torche, permettant probablement l'ouverture du passage qu'ils venaient d'emprunter. Derrière elle, elle put entendre la voix de Samuel, qui tenait dans ses mains une épée, sortit probablement de son fourreau, aux apparences vide au préalable grâce à un procédé magique, certainement.

Sylphia… Reste sur tes gardes, d’accord ?

Elle n'aurait su dire s'il cherchait réellement à lui prodiguer un conseil, ou à se rassurer lui même, mais il était clair qu'elle restait vigilante au moindre mouvement possible depuis qu'ils avaient pénétré dans ce couloir. Les chances de rencontrer, plus en avant, d'autres formes de vie, étaient proches de la certitude. Si elle tenait d'une main la torche, elle gardait l'autre sur sa flûte, accrochée au niveau de sa taille.

Ne t'inquiète pas, je ne suis pas assez folle pour explorer des ruines, probablement vieilles de plusieurs décennies, sans un minimum de vigilance. Lui répliqua t-elle assez sèchement d'une voix basse, directement dans son oreille. Sans attendre, ou prêter attention, à une possible remarque, elle ouvrit la marche, progressant doucement, attentive à ce qui se trouvait devant eux.

Après quelques mètres dans un couloir, il faut l'avouer, sans grand intérêt autre que le levier permettant d'activer, certainement, le mécanisme d'ouverture de la sortie... Don ils n'auraient même pas besoin tant que Samuel était en état d'utiliser sa magie, ils arrivèrent à une pièce un peu plus large depuis laquelle partaient de nombreux passages.

On ne va jamais s'en sortir si on doit tout explorer.

Samuel ne mis pas longtemps à comprendre ce que la mage cherchait à insinuer, peut-être, et commença à inspecter une à une les arches de pierres menant dans des couloirs, tous plus ou moins semblables à celui qu'ils venaient d'emprunter. D'un brin de magie, elle amplifia la flamme de la torche pour offrir assez de lumière pour éclairer les quelques premiers mètres de chaque couloir sans quitter sa position. Si le reste de l'exploration se passait ainsi, il leur faudrait un moyen de retrouver leur chemin une fois l'objet de leur quête trouvé. N'étant pas des plus douée pour la création de cartes, elle décida d'opter pour une technique plus rudimentaire, approchant son doigt de la paroi pour y placer un repère magique. En opérant ainsi à chaque intersection, elle pourrait ainsi créer un fil magique le long de leur parcours, qu'ils n'auraient qu'à suivre au retour. Simple, mais efficace, et sans réel risque d’être interrompue tant que le support du sort restait intact.

A peine eu t-elle fini que Samuel l'incitait déjà à venir le rejoindre, signalant plusieurs traces de pas récentes dans l'un des couloirs, et une inspection rapide de celle-ci ne laissait guère de doute sur leur provenance, du moment que l'on avait quelque peu voyagé dans les contrées de Midgard ou suivi quelques enseignements sur les créatures autres que les hommes, les nains et les elfes qui y habitaient. Des gobelins. Et la présence de terres laissait imaginer qu'ils allaient pouvoir trouver, plus en avant, l'entrée d'une caverne. Ils avaient sûrement pénétré dans ces ruines en agrandissant leur domaine, par le plus grand des hasards. L'idée de savoir des gobelins si près de la bibliothèque de Lotheican, et qu'ils avaient même réussi à pénétrer dans l'enceinte de celle-ci pour y dérober des livres, suffit à lui envoyer un frisson le long de la colonne. Elle laissa la flamme de la torche revenir à une ampleur normale, out en s'adressant autant à Sam qu'à elle même, d'une voix légèrement inquiète.

Au moins, on ne risque pas de s'ennuyer pour retrouver ces livres...

L'idée de devoir affronter des gobelins pour récupérer des livres ne lui plaisait guère, mais savoir ceux-ci aux mains de ces créatures était encore moins supportable. L'idée de rebrousser chemin pour chercher des renforts ne lui traversa cependant pas l'esprit sa fierté ne lui permettant pas. J'espère que cette épée que tu tiens n'est pas là seulement pour décorer Samuel, car on risque d'en avoir besoin. Lui souffla t-elle à l'oreille, cherchant volontairement à piquer son orgueil à vif... Un juste retour des choses selon elle.

L’ambiance entre nous deux s’était soudain refroidie, pour une raison que j’ignorais ; peut-être était-ce à cause de ma soudaine bouffée de haine envers les mages de Lotheican pour leur pierres artificielles – et je ne les portait déjà pas dans mon cœur, pour leurs regards hautains et leurs sentiments de supériorité sous prétexte qu’ils avaient eu le prestige de naître en bonne famille et de pouvoir élever leur esprits médiocres jusqu’à une illusion de savoir. C’était même probablement car je l’avais généralisé avec ses semblables et qu’elle l’avait senti car, au fond de moi, d’elle ou un autre, nulle différence ne se faisait ; jusqu’ici, elle restait une compagne de quête, à l’inverse d’Aaku ou d’Elenwë pour qui j’avais conservé une part de ce qu’on aurait pu appeler de l’affection. Cependant, il restait à voir, car il était possible qu’elle ne possède des qualités humaines dont je n’avais pu jouir, que je n’avais tout simplement eu le loisir de découvrir, et je ne doutais nullement que le meilleur restait à venir. Il était vrai que peut-être m’étais-je exprimé un brin sèchement tout à l’heure, en ouvrant le passage, mais je ne voyais pas là de quoi m’en tenir rigueur.
 
Sylphia… Reste sur tes gardes, d’accord ?
 
 
C’est vrai, je ne l’appréciais guère, mais je ne souhaitais pas jusqu’à sa mort, et cela seyait bien à la situation, car elle ne semblait elle non plus disposée à décéder dans les prochaines minutes, au vu de la flamme qu’elle avait allumée sur sa torche. Le passage était humide, poussiéreux et sombre, prouvant que peu l’avaient employé au cours des siècles, et il ressemblait d’avantage à un ancien couloir muré qu’a un passage secret, malgré le mécanisme non loin, ma foi plutôt bien camouflé du côté extérieur, mais il n’était pas cela de l’ordre des choses dont je m’occupais lorsque je pouvais tout simplement en dégager l’entrée. Au moins, nous ne serions dérangés dans notre tâche de recherche ; cependant, la chance que des créatures malveillantes n’en aient profité pour s’y installer était grande, et je gardais mon épée à la main.
 
Ne t'inquiète pas, je ne suis pas assez folle pour explorer des ruines, probablement vieilles de plusieurs décennies, sans un minimum de vigilance.
 
Sur ces mots glissés à mon oreille – cela en était de plus en plus malsain tant j’avais l’illusion qu’elle me parlait au creux de mon tympan – elle prit les devants, marchant d’un pas rapide devant moi, et j’en profitais pour jouir des roches qui m’entouraient ; lorsque l’on passait la couche de pierres taillées, la nature reprenait ses droits, puissante, massive, rassemblée en un bloc compact et fort, et je pouvais enfin les écouter, écouter leur âme à l’inverse des cloisons virtuelles de l’agrandissement magique de la bibliothèque, plus haut, et j’en étais heureux, heureux de ne plus toucher à ces choses si instables et artificielles, si idiotes. Nous progressions toujours dans le couloir sans intérêt aucun, si ce n’était la dégradation progressive des murs sur mes côtés, qui montraient à quel point ils étaient usés ; elles finirent par nous mener en une pièce très large, parsemée de nombreuses alcôves, probablement un chemin au bout de chacune d’entre elles.
 
On ne va jamais s'en sortir si on doit tout explorer.
 
J’avais tout à fait la capacité de choisir entre chaque voie, et il semblait qu’elle n’en avait douté une seconde, car ce qu’elle insinuait était très clair, et dans tous les cas, nous n’avions réellement le choix, nous ne pouvions, comme elle l’avait dit, tout investiguer ; tandis donc qu’elle tripotait le mur pour lui appliquer je ne sais quelle chose magique dont je ne saisissais rien et n’en avais l’intention, j’entreprenais une rapide détection des lieux, pour établir dans mon esprit une approximative carte des galeries. Certaines s’en allaient dans des enchevêtrements compliqués dont je n’étais pas assez expérimenté pour voir le bout, et d’autres s’achevaient en un simple cul-de-sac ; une seulement attira mon attention. Certes, son extrémité était elle aussi sans issue, cependant, elle s’achevait en une salle de plus grande envergure, probablement un campement ou autre endroit important. De plus, des traces de pas la marquaient, et je remarquai, mais un peu tard, qu’il aurait plus aisé de s’enquérir de l’état du sol avant d’examiner avec mes arcanes par un stratagème complexe le trajet à suivre, mais qu’importe. Ces pas étaient sans doute aucun ceux de gobelins, m’arrachant un sourire sadique ; non pas que je n’appréciais verser le sang, mais il me fallait décharger la rage que j’avais en moi, et ce genre de créature me semblaient un bon compromis.
 
J'espère que cette épée que tu tiens n'est pas là seulement pour décorer Samuel, car on risque d'en avoir besoin.
 
Ne t’inquiète pas… Je suis ici…
 
Je me tus le temps d’arracher deux roches à la paroi, de part et d’autre de sa tête, toutes deux de la taille de mon poing, et de les faire s’entrechoquer au niveau de son visage, la forçant à exercer un mouvement de recul, sans pour autant que je me sois arrêté ou retourné.
 
… dans mon élément.
 

Le reste du trajet se poursuivit sans encombre, dans une agréable absence de sons venant troubler l’unique bruit de nos pas sur le sol dur de la grotte ; nous ne tardâmes tout de même pas à arriver à un radical virage, que je tournai rapidement pour découvrir, comme je l’avais prédit, une salle approximativement de taille similaire à celle que nous avions quittée quelques instants plus tôt, peuplée par centaines – de ce que j’en apercevais derrière le garde endormi sur sa lance, dans l’obscurité – de gobelins, et s’ils étaient tous à l’image de celui non loin de moi, ils étaient d’un vert grisâtre, petits et anthropomorphes, le crâne ovale, et j’avais la forte intuition que les ouvrages recherchés se trouvaient en ces lieux, ainsi que la furieuse envie de violence qui m’animait. Sans bruit, je m’en approchai jusqu’à m’en trouver à portée d’épée ; il ouvrit soudain les yeux à l’ instant où la lame allait atteindre son cou, mouvement empli de toute ma force magique, qui allait faire rouler loin sa tête. Il fut certes décapité, mais le destin voulût qu’il ait le temps de pousser un cri décharné… Et de donner l’alarme.

Certains dissent que la magie est un reflet du caractère de son utilisateur, et s'en servent pour établir des affinités entre les personnes, au même niveau que deux magies fonctionnent plus ou moins bien en synergie, un peu comme avec l'astrologie. Elle n'avait jamais été vraiment intéressé par ce sujet, et pourtant, à l'instant, Amilya se disait que, effectivement, la manipulation de l'élément terrestre et de celui du vent se trouvaient quelque peu incompatible, surtout après que Samuel se soit amusé à faire s'entrechoquer deux pierres juste devant elle, dans l'unique besoin d'exprimer le sentiment de confiance que lui inspirait ce lieu, propice à sa magie.

Préférant ne pas faire part de ses pensées à son compagnon, elle le suivit sans un bruit le long des couloirs des vestiges de la bibliothèque, croisant quelques petites pièces en chemin, dont les traces de mobilier en ruine laissaient imaginer des salles de lecture, ou de travail pour les bibliothécaires. Elle prit le temps de laisser un nouveau repère dans le couloir, afin d'éviter que ceux-ci ne soient trop éloignés les uns des autres et que le lien entre chaque repère ne soit trop faible.

Finalement, après un virage assez sec du couloir, tous deux arrivèrent à une salle relativement large, laissant suggérer qu'ils se trouvaient dans des salles d'archives, en sous-sol, hypothèse appuyé par les quelques étagères qui restaient à peu près intactes de ci de là. D’ailleurs, à moitié adossé à l'une d'elles, pas loin d'eux, se trouvait ce qu'elle devinait comme étant un gobelin, somnolant tout en tenant sa lance à deux mains. Et derrière ce garde des plus inattentif se trouvait de nombreux autres de ses congénères. Au vu du nombre de ces immondes créatures verdâtres, leur antre devait se trouver un peu plus loin, probablement dans une pièce au delà du couloir qui se dessinait dans la pénombre, à l’opposé d'où ils étaient à l'instant. Un dernier regard rapide lui confirma que les livres qu'ils recherchaient ne se trouvaient pas ici, et ils devaient les garder près de l'endroit où leur caverne joignait les couloirs abandonnés, conservant leur butin au plus près d'eux, bien qu'ils ne puissent quitter les murs de la bibliothèque.

Alors qu'elle s’apprêtait à recommander à Samuel de rester prudent et discret, elle remarqua enfin qu'il s'était discrètement approché de la sentinelle, épée à la main. Pas assez discrètement, vu que le gobelin eut le temps de pousser un cri, quelque peu décharné, d'alerte à ses compagnons. Elle maudissait littéralement Samuel du regard, ne comprenant pas ce besoin sauvage qu'il avait eu de décapiter cette créature, au risque de provoquer l'alerte générale chez les gobelins. D'un coté, vu la situation, se frayer un chemin au milieu de cette masse verdâtre pour trouver les livres ne se ferait pas sans verser le sang... mais elle aurait au moins aimé qu'il la prévienne avant d'agir.

La réaction des gobelins ne se fit pas attendre, tous se tournant dans leur direction, à l’exception de deux ou trois d’entre eux qui s'engouffrèrent dans le couloir, probablement pour faire passer l'alerte au reste du groupe. Au milieu du bruit grandissant des gobelins, le bruit sec de cordes se fit entendre, et elle eu tout juste le temps de prévenir Samuel de se reculer d'un souffle, et d'une intonation sèche, avant de créer une violente bourrasque de vent juste devant lui, assez puissante pour dévier les flèches, qui finirent leur course avec quelques étincelles sur le sol en pierre, à un bon mètre de lui. Au bruit d'une seconde salve de flèches, elle déclencha de nouvelles bourrasques, bien plus violentes cette fois, déstabilisant les gobelins dans leur avancé, et rendant toute tentative d'utiliser des armes de jets inutiles, ne laissant que elle et Samuel épargné par les bourrasques de vent, qui les contournait et les entourait méticuleusement, de manière presque protectrice. Alors que le jeune mage se préparait au combat, Amilya s'était accroupie, une main au sol pour graver son sort directement dans la pièce. Une petite dépense en énergie qui leur permettrait de profiter de la protection des vents pendant au moins quelques minutes, et un avantage qui ne se refusait pas dans la situation actuelle.

De leur coté, les gobelins tentèrent une nouvelle fois d'utiliser leurs arcs, avec pour seul résultat quelques cris de douleur de la part de leurs congénères , touché par des flèches aux trajectoires improbable et imprévisible, mais toujours dirigées loin des deux mages. Ne leur restait plus qu'à s'occuper de la masse grouillante qui se dirigeait sur eux, armes à la main.

Il faisait désormais un bout de temps que je ne m’étais battu ; non pas que l’ivresse du combat et la tension qui y régnait me manquaient et qu’un apport chronique d’aventure et d’adrénaline m’était nécessaire pour conserver le peu de bon sens que j’avais conservé de toutes ces péripéties potentiellement tragiques de mon enfance et du début de ce que le mode appelait l’adolescence – période caractérisée par sa description des adultes par des tas de phrases toutes faites. Non, disons plutôt que, parfois, de temps à autre, il me venait l’envie, et non la nécessité qu’avaient certains barbares de me défouler un tant soit peu, tout en évitant scrupuleusement de ne pas tomber dans le vice de l’addiction aux sang et tripes, comme l’on pourrait ne plus pouvoir se passer de boisson ou d’une quelconque drogue dure. Car je devais bien avouer qu’il m’était parfois tentant de m’adonner à ce genre de pratiques et d’allégrement égorger – à la manière de la plupart des soldats partant en guerre – tout innocent passant à ma portée, qu’il soit un présumé ennemi, titre inculqué par la politique, ou un simple civil, afin de sombrer dans la plus profonde des béatitudes, se résumant à terme par une indifférence terrifiante face au massacre et ainsi, aux problèmes que pouvaient amener la vie et ses aventures, plongeant l’individu dans une lâcheté sans bornes des plus détestables. C’était d’ailleurs à cela que servaient les guerres, non pas dues à une quelconque non-entente de différentes idées, mais plutôt à un universel et gigantesque défouloir, ainsi qu’à, derrière cet instinct primaire, un gain d’argent, de gloire et de tout ce qui s’ensuivait potentiel, qui ne pouvait que flatter l’ego et la bourse des dirigeants, rehaussant petit à petit leur tour d’ivoire et cloitrant leurs regards sur les problèmes de leurs royaumes – inutile ici de préciser que Lumïa était l’état vers lequel se dirigeait le principal de ma haine, dans mon ignorance qui me poussait à croire que ce ramassis de richards snobs et indifférents était les pires de tout Rune Midgard – or, on pouvait toujours trouver pire ; c’était l’une des seules choses dont j’étais certain dans ma vie.
 
Cependant, présentement, l’heure était à la décapitation d’être verts et repoussants, parfaits petits défouloirs vivants, qui permettaient d’écouler cette rage au compte-gouttes, en évitant de tomber dans l’excès, et ceci couplé à la recherche d’ouvrages perdus motivée par la quête de savoir qui motivait tout être qui n’était tombé dans l’indifférence de la violence – et qui, par conséquent, me faisait me mouvoir également – rendait la situation des plus grisante. Le problème était que l’un d’entre eux avait eu le temps de hurler à l’instant précédent ou sa tête s’était allé peupler l’espace aérien, et qu’il avait par conséquent alerté la majorité de ses semblables de par ce cri décharné, compromettant un brin par la même occasion toute opération discrète qui aurait pu être envisagée. Soudain coupé dans mes réflexions par une bourrasque violente et dont je doutais de la provenance naturelle, là au fond de la bibliothèque, et  j’allais esquisser un mouvement lorsque j’en compris la provenance et également le fait que le chantant vent semblait tous deux nous esquiver soigneusement ; j’avais tout de même exécuter un léger pas en arrière à ses ordres, et pus constater avec une certaine satisfaction que le mur magique que formait cette force contraire à leur trajectoire renvoyait vers leurs envoyeurs tous projectiles, dont flèches, et certaines d’entre elles nous offrirent le plaisant spectacle de la pointe d’acier pénétrant la chair de celui même qui l’avait expédiée.
 
Cette expérience ne semblant pas leur avoir suffi, la masse de gobelins, sans aucunement se concerter, avaient apparemment décidé de retenter le tir à l’arc dans ce couloir ; œil pour œil, dent pour dent, Sylphia n’hésita pas une seconde pour lancer une seconde série de bourrasque plus puissantes cette fois, allant jusqu’à déstabiliser et repousser les êtres verdâtres et belliqueux qui nous faisaient face. Mais il n’en était là pas assez pour les intimider, et dans une masse grouillante et bruyante, moult gobelins s’approchèrent de moi, emplissant le couloir tandis que je commençais à m’activer, n’ayant été jusque-là que spectateur. Je commençais par ranger mon épée dans son fourreau, m’ôtant son poids des épaules lorsqu’elle disparut, pour reculer avec vélocité vers une partie du boyau qui se resserrait ; là, la partie serait facile. Je ne tardai pas à former mon golem, fidèle Stephano que je n’avais plus salué depuis un bout de temps ; au final, tous étaient semblables, même si faits d’une roche différente, car tous possédaient la même énergie naturelle en eux. Et si l’art du combat de golems se rapprochait parfois à de la vulgaire lutte, bien maîtrisée, elle pouvait se changer en une danse, un chant, dirigée par celui qui avait le don d’emprunter la puissance d’Ymir pendant quelques instants, le minéralomancien. L’être de pierre, totalement sous mes ordres, s’en alla se placer paisiblement dans le rétrécissement, attendant patiemment que les créatures daignent parvenir jusqu’ici ; pour ma part, je m’en allai m’asseoir en tailleur dans un angle m’offrant un parfait angle de vue, afin d’augmenter mon contrôle et ma concentration.
 

Si les sens n’avaient plus vraiment d’existence dans cet instant, j’avais tout de même ouï que derrière moi, non loin de Sylphia probablement, s’approchaient d’autres gobelins, sortis tout droits d’embranchements à leurs camps sans aucun doute, et je comptais tout naturellement sur ma partenaire pour en réguler le flot avec plus ou moins d’efficacité. Pour ma part, la bataille était exaltante et exténuante, me forçant à lui faire jouer des coudes, distribuant baffes et mandales sans jamais achever, et je devais bien me confronter à la réalité : un surnombre évident aurait tôt fait de m’envahir si je ne réagissais pas assez rapidement. Je commençai par me lever, rendant la tâche encore moins aisée, pour avoir accès aux petites lames placées sur mes vêtements, que j’expédiais dans les points sensibles tandis que Stephano continuait sa danse. J’ignorais même si Sylphia s’en sortait bien.

Si les vents qu'elle maintenait dans la pièce les protégeaient des projectiles, ils étaient loin d’être suffisant pour dissuader les gobelins de s'en prendre à eux, et n'entravaient que peu leur avancée. Ces créatures ont beau être considérés comme relativement faibles individuellement, leur nombre les en faisait une sérieuse menace, et Samuel préféra reculer pour le moment, revenant dans le couloir après avoir rangé son épée dans son fourreau, où elle disparut aussitôt. Amilya n'eut guère le temps de se poser des questions sur le principe derrière cette disparition, ni de proposer une quelconque stratégie à son compagnon, pas qu'elle en ait une précise en tête, que celui ci s’affairait déjà à rassembler de nombreuses roches ensembles, juste à l'entrée du couloir, jusqu'à former un véritable golem de roche, qui se plaçait tel un rempart entre eux et les gobelins, bloquant l’accès au couloir.

Si ces derniers hésitèrent un instant, ils ne tardèrent pas à se jeter à l'assaut du golem, tentant dans un premier temps de s'en prendre directement à celui-ci. Ces vaines tentatives se soldèrent par de violents coups de la part de l'être de roche, contrôlé par Samuel, assis un peu en retrait, le regard fixé sur son « pantin ». cependant, malgré quelques croyances populaire, les gobelins sont des créatures dotées d'une intelligence poussée, surtout quand il est question d'attraper, de torturer et d'éliminer leurs proies et ennemis, et ils ne tardèrent pas à se désintéresser du golem, tentant de se glisser entre ses membres imposants, ne s'inquiétant pas pour leurs compagnons qui se retrouvaient projetés par ses coups, jamais mortel, mais cherchant plutôt à profiter des ouvertures qu'ils leurs offraient.

Si le bruit de la bataille, mêlé aux cris du vent derrière, formait un véritable vacarme, il n'était pas suffisant pour masquer les cris provenant de derrières eux, provenant très certainement d'autres gobelins. Ces pestes vertes avaient fait de ces ruines leur domaine, et ce couloir ne devait pas être le seul moyen d’accéder à cette pièce. Amilya jeta un rapide regard vers Samuel, qui se trouvait pour le moment plus qu'occupé à défendre leur position avec peine, mais avec succès pour le moment. Elle se devait de faire de même de l'autre côté, pour ne pas rendre ses efforts inutiles. Jetant la torche au plus loin qu'elle put dans le couloir, Elle attendait, flûte à la main, les gobelins.

Les premiers ne tardèrent pas d'arriver au niveau de la torche, suivi de près par un grand nombre de leurs congénères, voulant visiblement déborder les deux mages par le nombre. Dommage pour eux qu'un couloir pouvait se défendre assez facilement, du moment que l'on ait la possibilité de former des remparts assez résistant. Si Samuel avait choisi l'option du golem pour son côté, résultant en de nombreux gobelins assommés et quelques craquements inconfortables.. ou douce mélodie, selon le coté où on se trouvait, Amilya leur resservait un accueil des plus chaleureux. Dès que les premières créatures se préparaient à dépasser la torche, dans un cri guerrier, la magicienne y répondit par une simple note de son instrument, alors que la maintenant faible flamme du flambeau se changea en un instant en une large sphère enflammée, illuminant tout le couloir de sa lueur rougeâtre pendant que l'air se trouvait saturé de plaintes aiguës et de l'odeur de chair brûlée.

Ne se laissant pas le temps de contempler ce spectacle, et profitant plutôt du fait que les gobelins avaient stoppé leur avancé devant ce mur de flamme, elle entama une mélodie, plus complexe et empreinte de magie, avec sa flûte. L'incantation musicale ne tarda pas à révéler ses effets, changeant la simple sphère de flamme, peu à peu, en une forme humaine. L'invocation de Frea fut fini avant qu'ils n'eurent le temps de bien réaliser ce qui se passait, et lorsque l'un d'eux voulut passer, ignorant tant l'invocation que ses congénères carbonisés, il fut arrêter par un coup de pied de la part de Frea. Si elle avait une présence assez solide pour affecter directement son entourage, le cri de douleur qui ne tarda pas d'échapper et l'odeur de brûlé qui se fit encore plus présente laissait deviner qu'un corps, constitué de flamme, gardait nombres de ses propriétés. En réalité, elle pouvait pleinement contrôler le niveau de « densité », pouvant passer à un état de flammes pures tout comme il lui était parfaitement possible de tenir un objet sans pour autant le brûlé, bien que maîtriser ces états demandaient tous plus ou moins de magie.

En attendant, avec Frea à ses cotés, Amilya se permit d'esquisser un petit sourire confiant, alors que l'esprit de feu forma juste à son niveau un mur de flamme, dissuadant les gobelins d'avancer, et accueillant ceux qui tentaient malgré tout d'avancer de coups enflammé, ou plus simplement avec divers projectiles de feu, aidée par Amilya et ses propres sorts de feu et de vent. Si elle défendait efficacement sa position, ses capacités magiques ne tarderaient pas à montrer leurs limites à ce rythme, et elle espérait que les gobelins abandonneraient l'idée de mener l'assaut de ce coté assez rapidement.

Comme pour répondre à ses espérances, le son d'un cor se fit entendre derrière elle, suivi de près par la retraite des hordes gobelines du couloir, et probablement de même du côté de Samuel, leur accordant un bref répit pendant qu'ils essayaient de se réorganiser. Confirmant que plus aucune de ces créatures ne se trouvait dans le couloir, Amilya s'empressa de retourner auprès de Samuel, tant pour pouvoir suivre les mouvements de la horde des gobelins que pour s'assurer que son compagnon n'avait pas subi de quelconques blessures, laissant Frea retourner à l'état de simple flammes, avant de disparaitre. Sur place, elle put remarquer un grand nombre de gobelins encore inconscient aux abords de l'entrée du couloir, et d'autres qui ne se relèveraient probablement plus.

De leur côté, les gobelins semblaient s'être rassemblé, surpris par la résistance à laquelle ils faisaient face, et cherchaient conseils auprès de ce qui devaient être leurs chefs. Les vents avaient arrêté de souffler en rafale dans la pièce, mais elle se tenait prête à les convoquer de nouveau au besoin.

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La guerre… La guerre ne meurt jamais. Mon cerveau se perdait dans de philosophiques élucubrations sur l’art du combat et l’addiction qui pouvait en découler, de l’abrutissement et de l’accoutumance aux massacres par les tripes et le sang, et c’est pour cette raison que j’avais préféré le golem – mois mortel - à l’épée, arme forgée par le virtuose Thoragrim dans du silex qui ne pardonnait jamais ; assoiffée de violence, la pierre buvait avec une férocité effrayante le fluide vital de ses victimes, tranchant au fil de sa lame les gorges. La pierre n’avait jamais fait de sentiments, et je me demandais de plus en plus qui contrôlait vraiment  cette arme, et si je ne perdais pas la raison en imaginant une conscience guerrière dans ces froids morceaux d’Ymir, pour justifier la folie meurtrière qui m’emportait parfois ; il fallait que j’y fasse attention si je ne voulais finir comme ceux que je haïssais tant, et ne pas devenir de ceux qui noyaient leurs peines dans la bataille. Comme si les souvenirs macabres du passé qui grignotaient mon esprit à l’aide d’hallucinations n’étaient pas suffisantes...
 
Sylphia la mystérieuse avait continué de frapper les gobelins d’un vent fort afin de m’aider dans ma tâche, mais malgré la puissance magique dont elle faisait preuve, les créatures verdâtres ne semblaient qu’à peine entravées dans leur progression, et malgré que je reconnaissais les assauts magiques de la part de ma compagne fort utiles, j’aurais préféré qu’elle canalise toute sa puissance sur les gobelins qui, au vu des cris qui retentissaient en écho sur les parois des galeries, allaient lui parvenir par devant, profitants des nombreuses galeries et cavernes que ces monstres avaient tirés à leur avantage ; je redoutais, sans pour autant douter de ses capacités dans les arcanes, que le fait de devoir se concentrer sur plusieurs sorts à la fois ne la déstabilise.
 
De mon côté, Stephano le golem maintenait tant bien que mal ses adversaires qui, plus intelligents que leur œil gris aurait pu leur en donner l’air, avaient cessé de tenter de s’en prendre à l’entité de pierre  à proprement parler – qui n’aurait pu être démantelée que si je l’avais moi-même décidé – mais plutôt de faire en sorte que celle-ci se retrouve submergée par leur nombre ; malheureusement, leur intelligence ne semblait être leur seule caractéristique que j’avais sous-estimée, car si leur plus grande force reposait sans doute aucun sur leurs qualités numériques, ils étaient dotés d’une bravoure – ou d’une inconscience – sans relâche et d’une impressionnante persévérance, doublée d’une indifférence face à la mort, les rendant plus dangereux que je ne le croyais. Ils grimpaient partout, sur les bras et les jambes de pierre, entre celles-ci, et sur n’importe quel membre de l’atronach, lorsqu’ils ne tentaient pas de passer dans le petit interstice qu’il ne couvrait pas de son corps ; et malgré tous les coups qu’il distribuait et la quantité de gobelins assommés ou probablement décédés jonchant le sol, ils n’avaient pas l’air d’avoir l’intention de cesser ne serait-ce qu’un seul instant.
 
De toute évidence, cela n’allait pas suffire, et les plus entreprenants n’allaient pas tarder à percer mes défenses ; et recevoir des attaques sur mon corps matériel était bien la dernière chose dont j’avais envie, encore moins que de devoir me défendre en combat rapproché. Aux grands maux, les grands remèdes… De toute façon, je ne pouvais pas laisser les événements s’enchaîner de cette manière ; mon épée ne tarda pas à s’en aller flotter dans les airs, et malgré que j’aurais préféré la tenir dans mes mains et user de mes arcanes pour tout simplement accentuer mes mouvements, je devais avouer que la technique actuelle, à savoir descendre les gobelins qui, vulnérables, se faufilaient en douce, avait une certaine efficacité. Et à chaque effusion de sang, je m’efforçais de fermer les yeux pour tenter à tout prix de ne pas aimer cela.
 
Cette petite danse, éreintante tant que meurtrière, cessa assez rapidement cependant, car j’ignorais si c’en était de mes assauts ou de ceux de Sylphia mais les créatures, dans un éclair d’intelligence, peu habitués à une telle résistance, avaient décidé, au vu du son du cor qui retentissait, d’effectuer un repli stratégique, et à l’instant ou tous s’éloignèrent, je démantelai Stephano, et tous les petits cailloux le constituant s’en allèrent rouler sur le sol.
 
Nous devons continuer si on veut espérer retrouver ces livres.
 
Nous nous mîmes en route en silence, progressant au hasard à travers moult galeries, essayant de nous repérer aux cris des gobelins qui allaient probablement nous mener jusqu’aux écrits. Notre chemin aboutit finalement vers un long virage dans la roche, doux et progressif, à l’inverse de celui précédent qui nous avait abruptement amenés dans la salle pleine de peaux vertes à cause d’un angle trop sec. Je fis signe à Sylphia d’attendre un instant et jetai un œil là ou il me semblait que je pourrai apercevoir la source des bruits que j’apparentais aux gobelins, et c’est à cet instant que je les vis : tous rassemblés dans une grande salle, probablement ancienne pièce de la bibliothèque, car les murs étaient garnis de nombreuses étagères pleines de livres. Au centre des créatures s’en trouvait un semblant plus vieux et plus sage que les autres, un livre en main ; probablement leur chef, il était manifestement bien plus avisé que les autres.
 

Je devrais pouvoir faire s’effondrer le plafond pour assurer notre fuite si tu t’occupes de distraire les gobelins et de récupérer les livres.