L'astre du jour disparaissait à l'horizon, enflammant ciel, terre et mer de ses dernières lueurs d'or. Ce soir, la jungle bordant la Vallée d'Emeraude était étrangement silencieuse. Son combat plus tôt avait rendu cette partie de l'île tellement calme qu'on aurait dit qu'aucun des êtres la peuplant ne souhaitaient se trouver sur son chemin. Une même habitude des humains l'ayant déjà vue se battre… Décidément, le dragon était même une brebis galeuse parmi la, très particulière, biodiversité de Kynthnos. Un brouillard s'élevait sur l'île, ce n'était pas rare juste encore plus gênant pour elle qui n'était pas en très bon point. Sa zone d'atterrissage était en vue, amorçant une décente douce sa queue heurta une branche et la dragonne blanche heurta le sol dans une roulade avant mal maîtrisée. Se relevant dans grondement agacé elle compta ses crocs de sa langue fourchue avant de reprendre une apparence plus plaisante. Plaisante, si on pouvait faire fi des hématomes et de la plaie à son front, dissimulé par son bandeau ensanglanté de la matinée, elle n'avait pu se résigner à le jeter… Elle n'avait rien pour le remplacer non plus. La soirée promettait d'être mauvaise et elle était déjà irritée.
 
Arrivant sur le port, Jill n'avait pu attendre plus longtemps pour allumer sa pipe, évitant ainsi qu'elle ne tue quelqu'un qui l'agacerait pendant son service. L'opium c'était bien le seul moyen qu'elle avait trouvé pour ne pas trahir sa vraie nature sur un coup de colère. Une drogue ayant produit elle-même sa petite dépendance au fil des pipes fumées. Et ce penchant coûtait son pesant de joyaux si on voulait consommer un opium de bonne qualité ici bas. Heureusement qu'elle avait d'autres ressources que son job à la Bouteille Damnée…
Son attention se porta sur les eaux du port, du moins au-delà de celui-ci, des squales rôdaient… A ce sujet, le bâtiment par lequel Nor avait débarqué sur Kynthnos n'était plus là. Sans nul doute, l'ancien capitaine avait nourrit les poissons, souhaitons au chef des mutins d'être moins imbécile… Ca éviterait à l'avenir de voir Kynthnos transformé en parc de marchands d'esclaves. Le petit roux était bien le premier et le dernier qu'elle aiderait. Déjà qu'il risquait fortement de la trahir, il était vraiment trop arrogant, vulgaire, un sale petit ingrat qu'elle avait hâte de jeter dans le premier navire pour Alcombord. Elle se promenait d'ailleurs sur le port à la rechercher d'un tel navire…
 
Enquêtant avec un mutisme déconcertant, fumant à petites bouffées elle ne se contentait que d'observer les navires marchands, leur cargaison et l'allure des matelots, autant d'indices sur le prix que lui coûterait une traversée. Dans sa promenade, un papillon hémotrope sortit de nulle part s'était mit à la suivre séduit par le tissu salis sur son front. Une chose bien étrange qu'il ait pu la trouver ici car en général la puanteur des lieux couvrait l'odeur du sang… Ou alors quelqu'un ici avait les mains plus tâchées que la moyenne et avait attiré de ces insectes hors de la jungle avec son parfum sulfureux de tueur …
S'arrêtant sur un quai la dragonne repoussa l'agaçante bestiole en lui crachant sa fumée dessus, il en fût désorienté et se détourna enfin d'elle.
 
- "Maudits insectes…" Grommela la pirate en remettant son brûle gueule entre ses lèvres.

Spoiler:

- "Vous n’avez que ça à faire que de maltraiter de pauvres insectes ?" L'interpella une voix dans son dos, à laquelle Jill ne répondit pas, juste un importun de plus… Et qui n'en avait pas fini avec elle. " Ou alors … je sais … vous êtes une de ces femmes de maison close non ? Préférant se faire "attaquer" que d’attaquer ? Hum …"

Agaçant… La dragonne tourna la tête en serrant ses dents. La seule utilisation de sa pipe à ce moment l'empêchait de s'énerver et sortir son sabre pour lui ôter cette langue de vipère. Mais son expression s'adoucie en voyant l'"importun" en question, baillant. Elle ne l'avait encore jamais vu dans le coin, et son regard s'anima en découvrant sa tenue soignée. Des vêtements de qualité, et un escrimeur qui semblait prendre soin de ses armes à en juger par les deux fourreaux à ses ceintures. Très bien, que voilà une rencontre intéressante… Elle ferrait donc mieux de prendre sur elle et d'écouter tous ce qu'avait à lui dire cet étranger…

- "Trop faible pour s'attaquer à quelque chose de plus gros qu'une limace ... Trop lâche pour oser tenter autre chose ... Apres tout que vous a fait ce pauvre insecte ? Enfin bon ..."

En effet, sans opium il serait mort depuis longtemps… Et voilà qu'il voulait repartir, juste après l'avoir insultée… La pirate tira sur sa pipe, plus fort que les fois précédentes. Cela ne se passerait pas comme çà, pas sans répondre… Elle s'avança dans sa direction, la fumée lui sortant par les narines et les lèvres.

- " Ces "pauvres insectes" peuplant cette île adorent l'odeur du sang et de la mort, or je ne pense pas être mourante… Je n'ai donc pas besoin de leur compagnie." Jill remit le bec entre ses lèvres, prenant une nouvelle bouffée. "Et bien heureuse que je suis, apprenez donc que je gagne bien assez ma vie pour pouvoir choisir mes proies…"

- " Oh ... donnez moi le nom de votre établissement ... je pourrais peut-être vous faire oublier votre animosité envers cette pauvre bête." Ajouta-t-il d'un ton qui éveillait en la dragonne des envies de jeu.

Certainement n'avait-il guère saisit qu'elle n'était pas une fille de joie. Peu importe cela lui donnait des idées pour la suite de la soirée… Elle se rapprocha encore, venant se loger dans son dos, tout près, très près, passant ses bras autour de lui, pressant son buste à lui. Elle avança ses lèvres de son oreille, prenant sa voix la plus mielleuse.

- "Vous me trouverez à la Bouteille Damnée, après mon service je serai toute à vous… Nous avons des chambres confortables mais je préfère l'intimité des belles cabines… Pas vous Ca-pi-taine ?..." Elle avait laissé ses mains descendre au niveau de son pantalon, près de ses armes, deux épées, de plus leur proximité lui avait également permise de remarquer qu'elle faisait pression sur un pistolet à silex. A présent, Jill ne parlait plus que dans un murmure, son souffle chaud caressant l'oreille du marin. "Je sais que c'est toi le sicaire qui a attiré ces insectes ici, je reconnais la qualité de tes lames et j'espère que tu sais t'en servir…"

La dragonne libéra enfin cet homme de ses griffes, reculant de trois pas, le danger à présent évalué ; elle pu reprendre sa pipe là où elle en était avec elle.

- "Jill Lockjaw pour vous servir, ne m'oubliez surtout pas… Je ne suis pas une de ces femmes que l'on fait espérer… Et apportez donc vos hommes, qu'ils profitent aussi du meilleur rhum que l'on peut se procurer ici bas." A ces mots, la pirate indiqua de sa pipe la direction de sa taverne, en vue, au bout du port.

Douce accalmie que cette transition du jour à la nuit, ces seuls moments quotidiens où Kynthnos s'approchait –tout de même avec une certaine distance- du silence. C'est bien lorsque l'on allume chaque lampe à huile, chaque lanterne. Les commerces diurnes rangeaient leurs étales, laissant le marché nocturne au casino, aux auberges, à la Bouteille Damnée.  

La pirate avait bien décidé qu'il était temps pour elle d'aller au travail avant de se faire reprocher un manque de ponctualité, même exceptionnel ; en se détournant de sa toute nouvelle saisie.
Lui, ne l'entendait visiblement pas de cette oreille, la récupérant à la recherche du même genre de contact auquel elle venait justement de mettre un terme.
Il lui avait empoigné le rebras avec une douce violence signifiante, L'attirant au près de lui, positionnant son dextre à son flanc, réduisant l'écart entre leurs visages. Il lui adressa alors ce qui semblait être son plus "charmant" sourire, amusant à quel point la jeune femme avait été perspicace en l'appelant sicaire… Elle aussi lui aurait bien fait son meilleur sourire mais ce serait trahir trop vite sa nature… Nature sur laquelle il semblait avoir des doutes à en juger par son questionnement, mais au-delà de l'espèce, Jill n'appréciait guère qu'on parle de ses effets, en particulier du bijou à son cou. Personne n'avait besoin de savoir d'où provenait ce saphir, aussi précieux pouvait-il être… Devait-elle douter de la vertu de cet étrange personnage ?

Cet odieux gentleman avait même le toupet de lui voler la toute dernière bouffée de sa pipe… Il semblait beaucoup aimer cela de surcroit. Joueur, très joueur… Cela plaisait à Jill en fin de compte. Tant d'audace pour un simple humain, elle y trouvait un intérêt étrange, et voulait en savoir plus sur sa personne, son esprit folâtre ainsi que le pitoyable mouvement de ses émotions… La créature en elle entendait sa soudaine soif de sang, quoi de plus normal après une telle incitation aux jeux les plus libertins? Et si elle ignorait l'expression de ses désirs macabres, ses amygdales avaient en tout cas réagis comme si une menace était imminente et sa pupille déjà bien assez reptilienne s'était encore affinée. Encore un peu et c'était ses griffes qui sortaient pour le saigner. Après tout il ne pouvait pas être conscient qu'il jouait avec le feu.
Sans s'affoler, Jill prit sa pipe entre leurs visages dans sa main libre, l'éteignant en plongeant son pouce dans le fourneau, avant de la rangée à sa ceinture avec un visage des plus sereins.

- " Que suis-je ?... Il serait trop tôt pour lever le voile sur ce mystère, cela gâcherait le plaisir !" Évidement elle ne portait aucune trace de brûlure juste quelques résidus qu'elle essuya sur sa jupe. La même main rejoint le dos du séduisant Capitaine, un petit jeu de jambes et la danse se fit. La dragonne avait usé de sa force pour faire basculer son partenaire vers l'arrière avec légèreté, le retenant par le dos et la main qui faisait précédemment la sienne prisonnière. " Dites-vous seulement que je dois assurément être une femme pleine de surprises…"

Tel un cavalier romantique, elle s'était dangereusement penchée vers lui, abordant un fin sourire victorieux. Son visage s'avança d'avantage, au-delà des frontières de l'intime. Ses lèvres tellement proches des siennes qu'elles se caressaient sans même être en contact.

*Ma curiosité et ton appétit, devraient faire un bon concours… J'ai hâte de voir la tournure que prendra cette soirée…*

A la sensation de ses mains sur son corps, Jill comprenait qu'il cherchait à reprendre le contrôle de la situation et sa place légitime d'homme, celui supposé mener la danse. Et bien qu'elle n'était pas familière avec ces principes elle se laissa guider, renversée à son tour. Résister ? Elle en était plus que capable, son corps figé maintenant son partenaire, mais elle ne souhaitait pas le désappointer, cela aurait jeté un froid et compromis ses projets.
Son dos s'étendit sur le bois des quais, le beau noiraud au dessus d'elle, avait laissé une main entre sa tête et le plancher. Cette position excitait la bête qu'elle est et faisait monter sa température. Sa main gauche, bouillante, était venue se poser sur sa joue, ses yeux se laissèrent volontiers emprisonnés par les siens.

- " Je vous donnerai peut-être mon nom plus tard … dans la soirée, Huhu ~ Si vous n’êtes pas trop sage."

- "Sage ? Vous ne connaissez pas Jill Lockjaw pour affirmer une chose pareille…"

Leur petit jeu prenait donc fin ? Après qu'il l'ait faite espérer ? Ne serais-ce que venir lui manger le cou… Elle était pourtant prête. Cet homme n'aurait que mérité d'être retenu contre elle. La réalité revenait toujours sans mercis…
D'un geste d'une galanterie appréciable, il la remit sur ses pieds et s'inclina. La pirate l'observait en silence, les bras croisés sous sa poitrine, regrettant que ces quelques secondes ne se soient pas changées en heures.

- " Bon, vous m’excuserez, j’ai des … affaires à régler avant de venir vous rejoindre."

- "Et je vous attendrai… Capitaine…"

Leurs routent se croisèrent, chacun reprenant sa marche vers son but respectif. Ah, non, Jill avait été distraite dans sa recherche de navire pour le continent…
La jeune femme prit le soin de nettoyer sa pipe du bout de l'ongle, un objet si précieux sur cette île, avant de la rangée à la poche de sa ceinture. Les habitués attendaient déjà devant les portes de la Bouteille Damnée, sur le point de s'ouvrir. Elle, et comme les autres serveuses, entraient par l'arrière, là où le propriétaire des lieux l'attendait. Harding, un homme fort et au visage éternellement sérieux et froid, mais dont la pilosité évoquait vaguement un gros ours ; également un ami de son père adoptif.

- "Ce n'est pas trop tôt ! Tout juste à l'heure. Si je n'avais pas eu du monde devant les portes on aurait pensé que tu te battais encore dans les parages !" Lança-t-il, accompagnant les mots d'un claque derrière la tête de Jill.

- "Au moins cela montre que tu t'inquiètes tout juste pour moi…" Répondit-elle sans s'arrêter se dirigeant directement vers les vestiaires, retenue juste avant de passer la porte.

- "Tu ne te changes pas ce soir… Tu salirais ta tenue, vu ton état… Et tu aurais pu jeter ce torchon sur ta tête." Remarquant l'air menaçant de la jeune femme, il la libéra. "Ton père veut que je garde un œil sur toi, mais si tu ne fais que te battre, tu vas apporter une mauvaise image sur ma taverne et je ne pourrais plus te garder ici…"

- "C'est drôle, car je vais t'apporter comme par hasard un équipage entier à servir ce soir… "

Allant tout de même aux vestiaires, Jill y laissa ses armes, gardant néanmoins toujours au moins un poignard avec elle… Une vraie honte que de laisser entre des clients armés et de priver le personnel des leurs…  Le vieux ne savait même pas qu'elle cachait des armes de dernier recours sous ses vêtements.
Attachant son tablier la jeune femme rejoint ses collègues, suivie de près par le grand Harding. En salle tout était déjà en place. Et c'est Hilda, l'aguicheuse blonde, qui ouvrit les portes. Sans nul doute la plus jolie femme ici, en dépit de ses gros "arguments", la dragonne et elle avaient pour usage de se disputer les capitaines les plus séduisants… A ce propos elle n'arrêtait pas de la fixer en faisant la moue. Le service commença doucement ce soir, il n'y avait pas cette foule habituelle de l'ouverture, heureusement la salle n'avait pas fini de se remplir, et Jill attendait "ses" clients. A cet effet elle s'était permis de réserver la meilleure table avant de commencer à prendre soin des marins déjà présents. Lors d'un passage au bar, la blonde l'interpella, venant lui barrer la route avec ce sourire si énervant de la femme jalouse.

- "C'était qui ? Sur le port, je t'ai vue."

Soupirant, Jill détourna le regard vers l'entrée. Une simple querelle n'affecterait pas leur "amitié". Quel mot employé pour parler d'une personne qu'on supporte mieux que la moyenne ?... C'était tout de même une rivale redoutable, peut-être tenterait-elle de lui reprendre le séduisant homme avec lequel elle voulait encore jouer...

- "Tu sais très bien qui c'est, tout comme moi je l'ai deviné… En dehors d'un homme dont je t'ai une fois de plus privé, tu sais ce qui est arrivé pour celui dont je me suis chargé ce matin ?"

- "Mort, l'équipage l'a jeté à l'eau, les poissons se sont occupés du reste… Cela dit ça aurait pu être toi vu comment tu flirts avec la faucheuse… Regardes-toi, j'ignore même comment tu tiens debout… Tu aurais pu rester chez toi."

Ignorant ses dernières paroles, et sous le regard sévère du patron, la brune rapporta le rhum sur une table où se jouait une partie de carte. Le sujet de leur conversation était un cri entendu depuis la Vallée d'Emeraude dans l'après-midi – Je me demande de qui ils peuvent bien parler…-, alimentant un vif débat sur la faune de l'île et les trésors que l'on aurait pu cacher dans une nature aussi hostile. Bien sûr de simples marchands de passage n'ont aucune chance de monter une expédition capable de pénétrer dans la vallée, mais quand cela venait de mercenaires, cela était bien plus inquiétant pour Jill…
Pendant un instant son esprit était ailleurs, imaginant le destin tragique qui l'attendait si jamais on venait à révéler son secret. Son front lui faisait mal, rien qu'elle ne pouvait supporter, mais sa vue s'en voyait de plus en plus altérée. C'est à l'odeur qu'elle remarqua que le client qu'elle attendait le plus venait d'arriver.

- " Bienvenue à la Bouteille Damnée ! Comme promis il sera mon travail de prendre soin de vous ce soir !"  Le plateau sous le bras, le sourire commercial, la serveuse brune l'escortait à la place qu'elle lui avait réservée. " Qu'est-ce qui vous ferrait du bien Capitaine ?" Demanda-t-elle avec un sourire qui en disait long sur là où ils s'étaient arrêtés.

Spoiler:

Serait-ce une once de déception que Jill entrevoyait dans le regard du Capitaine ? Elle n'avait que dit la vérité, elle ne travaillait pas dans un bordel. Figurer sur le menu ? Qu'elle idée, l'argent ne lui reviendrait même pas à elle si on employait cette expression au pied de la lettre. Il parlait enfin de négocier ses horaires de travail avec Harding, qu'elle délicate attention presque paternelle. La serveuse ne pu s'empêcher d'en rire, approchant ses lèvres de lui.

- " C'est plutôt calme ce soir, et puis il n'est pas rare que je m'éclipse quand un autre devoir m'appelle… Si je n'avais pas de raison, je ne serais même pas ici en ce moment…" Murmura-t-elle avant de lui lécher l'oreille "pour jouer", pour voir sa réaction.

Flirter au travail, cela ne lui était pas interdit, ni à elle ni à aucune de ses collègues, souvent cela faisait consommer plus. Mais il ne fallait cependant jamais oublier que l'on est en service ou gare à la sanction du maître des lieux… Une autre table l'appela brandissant les récipients vides, la forçant à quitter son cher ami à la chevelure noire le temps d'un aller au bar, il fallait bien voler au secours de ces pauvres âmes égarées, sans carburant pour poursuivre joyeusement leur soirée.
Le patron, trônant fièrement derrière le comptoir et sa muraille de pintes les avait observés et affichait son expression de gros chien de garde grincheux. Ses énormes bras occupés à essuyer de petits verres à liqueur avec un torchon froissé. Jill sous son nez, chargeait son plateau de bouteilles de rhum et d'un verre. Celui-ci quasi saturé, son regard se porta sur le verre à liqueur entre les mains de l'"ours" en face d'elle. Un sourire se dessina alors sur ses lèvres lorsqu'une idée lui traversa l'esprit.

- " Sers-moi de cette liqueur que personne ne veut goûter, c'est moi qui régale. "

- " C'est qui ?... " Demanda-t-il de sa voix chaleureuse et berçante tout en prenant dans son dos une bouteille dans laquelle plusieurs hippocampes reposaient dans le fond.

- " Je ne connais pas encore son nom, mais son équipage ne devrait plus tarder… Etrange non ? Un Capitaine qui se promène seul. "

- " Méfie-toi, y a un tas de bruits qui courent sur la disparition des plus honnêtes pirates. "

- " Très drôle… Depuis quand la probité fait-elle partie de ce bas monde ?... Un tas de bruits circulent ici mais personne n'est là pour répondre aux rumeurs, même les moins fantaisistes. Les marins sont tous des superstitieux… Enfin, je ne vois pas de quoi tu as peur, ce n'est pas comme si je ne pouvais me défendre. "

- "Tu sais frapper mais pas te protéger. Pas ce que j'appellerai savoir se défendre…" Corrigea Harding en lui remettant le verre.

La serveuse le méprisa du regard, un instant. Elle n'aimait pas se faire critiquer par les humains, mêmes les plus forts d'entre eux, bien sur qu'elle se sent supérieure à eux, mais ne se proclamerait pas comme parfaite ; elle ne reconnait juste pas ses évidentes faiblesses. Elle tourna les talons, prolongeant le contact visuel afin de signifier sa rancune avant d'aller apporter leurs boissons aux clients, finissant par son cher Capitaine. Prenant une posture lascive contre la table, elle lui déposa le rhum puis le verre à liqueur plus en avant. La liqueur d'hippocampe rouge, c'était son idée. Le poisson étant très réputé à Jade pour ses propriétés fortement aphrodisiaques … En revanche cet alcool est l'un des plus chers de la carte, et le prix de ce minuscule verre rongera sur son salaire une partie qu'elle espérait ne pas regretter.

- " Un cadeau en l'honneur de notre rencontre, et de nos projets à venir…" Dit-elle avec un beau sourire, dissimulant à merveille son regret de sacrifier sa paie et son amertume pour les paroles qu'avait eu le maître des lieux.

Excentrique, original et fantasque, tout à fait le genre d'hommes qui pouvait inquiéter Jill, d'autant qu'il était l'un des camarades des l'étrange capitaine sur qui elle avait mit le grappin. Ces humains là, ils étaient curieux, et aimaient l'argent. Le fameux équipage était donc là, et la serveuse avait trouvé incongrue que ceux-ci ne viennent pas là où elle avait spécialement préparer des places. Son regard interrogateur s'était posé sur leur leader qui échangeait un regard tacite avec l'autre curieux personnage, son second. Harding aussi semblait l'avoir remarqué… Il offrit une tournée à l'ensemble de la taverne, de quoi en réjouir le plus grand nombre… sauf les joueurs de pokers. Depuis que la mise avait grimpé avec des cartes nautiques, l'ambiance était devenue moins chaleureuse de ce côté.
Quant à ce cher gentil homme, il goûtait enfin à la liqueur et n'en avait pas l'air dégouté, cela rendait Jill curieuse, elle qui n'avait jamais osé y goûter –surtout à cause du prix-.
Soudainement, il quitta sa chaise, venant se mettre contre elle, sur elle. Efficace l'hippocampe comme boisson… Une fois encore et comme sur le port, il refermait ses griffes sur elle, désireux de jouer encore, de voir les choses s'accélérer.

- "Dites-moi très chère, qu’y avait-il dans ce verre ? Et ne faites pas votre innocente."

- "Rien que la liqueur la plus cher de la carte…" Répondit la serveuse, presque impassible.

L'attitude du Capitaine était gênante pour elle, mais sa méfiance était plus forte, pas envers lui, mais de la tension provenant de la partie de poker. L'un des voyageurs venait de remporter les cartes et manifestait une grande joie. Sa main était excellente, au point que cette chance rendait suspicieux ses deux adversaires… Ne voulant pas offenser son ami, la jeune femme brune se remit à sourire en glissant sa main dans ses braies. Levant des bras victorieux, le vainqueur laissa glisser de son manteau quelques cartes qui virevoltèrent lentement avant de courir sur le plancher dans des directions hasardeuses avant de se poser.

- "Je sais, le lieu ni le moment ne s'y prêtent mais… Attention!" Poussa la brune en le bousculant pour intercepter un couteau de botte qui venait de traverser la salle.

Si elle eût été une humaine normale, la lame se serait arrêtée dans le crâne de son ami… Le silence tomba emportant avec lui toute cette atmosphère enivrante, et ce aussi soudainement que la pluie pouvait s'abattre d'un moment à l'autre sur cette île maudite. La dragonne affichait une expression dangereuse, grondante. La fureur s'emparait d'elle, une émotion bien commune chez les créatures de son espèce, et qui pouvait les mettre dans des états de rages incontrôlables. Heureusement Jill savait se maîtriser bien que son corps laissait quelques traitres signes, tel que œil droit était à présent comme le gauche. Face à elle, les 3 joueurs de cartes avaient cessé de se battre, mais cette accalmie ne dura que quelques secondes avant que le bruit ne reprenne et par la même occasion leur querelle. Prenant la petite lame entre son index et son majeur, la brune se jeta au milieu d'eux avec la rapidité à laquelle une vipère attaquerait. Celui qui avait lancé le couteau se vit estropié de la moitié d'une oreille par sa propre lame, quant au tricheur, elle se tenait proche de lui, la pointe du canif à quelques millimètres de son œil gauche. Le troisième et dernier tenait dans sa main une bouteille brisée par son col.

- "Dehors." Ordonna sèchement la serveuse d'une voix rauque.

Elle se lécha les lèvres en sentant un liquide couler sur son visage, c'était chaud et ça avait un goût de fer très amer… Normal, c'était sa plaie au front qui s'était réouverte… D'ailleurs son mal de tête venait d'atteindre son paroxysme, la bouteille cassée… c'était sur sa tête qu'elle avait dû s'abattre. Sa vue devint mauvaise, et même l'éclairage de la taverne l'éblouissait, il n'y avait plus de couleurs, qu'un blanc immaculé, et des contours noirs. Impossible de dire si on lui parlait, si on se souciait de son état ou non, il ne régnait en sa tête qu'un silence d'église, même ses sens développés ne donnaient plus la moindre information. Enfin, le noir se mit à ronger sur la lumière jusqu'à ce que tout disparaisse dans l'obscurité, la seule chose qui persista encore, était la saveur du fluide vital entre ses lèvres.

Harding était un homme plein de contradictions, il ne voulait pas que Jill se batte, mais il comptait sur elle en cas de bagarre dans son établissement…[/color][/b]

Jeune, belle et fougueuse … Hum, que demander des plus ? Cette sublime créature était rapide et bien plus dangereuse qu’elle ne le semblait au premier abord ! huhuhu~ Peut être que je devrais m’intéresser à elle pour d’autres choses que ses formes …Apres tout on ne juge pas un être humain uniquement sur son physique ! Sincèrement pour une serveuse, elle ne se débrouillait pas trop mal, précision dans le mouvement, rapidité de l’action et surtout elle était sure d’elle comme si elle avait fait ça toute sa vie … et peut être l’avait elle fait toute sa vie ? Apres tout une femme dans …son genre se doit de savoir se défendre, on ne sait jamais sur qui tomber après tout, huhuhu ~.

Mais … du sang ? Comment ? Elle ne c’était pourtant pas faite toucher... elle saignait … et commençait a défaillir … d’un mouvement sec, je me  précipitai dans sa direction sans hésiter, et apparemment je fis bien car elle s’effondra lourdement,  retombant dans mes bras. Ses yeux étaient vides. Son visage blême était tranché par un flot  écarlate dont les gouttes de fin s’écrasaient lourdement contre les planches de bois qui constituait le sol du bar. Qu’avait-elle donc fait ? Pourquoi est-ce qu’elle voulait travailler dans cet état ? Avait elle a ce point besoin d’argent ? On ne le croirait pas en la voyant ainsi …

Qu’est-ce que je devais faire d’elle ? La laisser là pour que cet homme s’occupe d’elle ? Elle lui faisait confiance, mais une taverne n’est pas un bon lieu de soin, et plus a cet heure les médecins ne se lèveraient surement pas, nous sommes sur une ile de pirate et pas a l’œuvre de charité d’Asunia. Non, il fallait autre chose, quelque chose de plus sur. Et à ma connaissance il n’y a qu’un lieu assez digne de confiance. D’un mouvement de la tête j’envoyai quelques hommes retenir  le barman qui s’avançait vers nous d’un air à la fois furieux et inquiet. Il ne fallait pas qu’il nous suive, il ne fallait que personne ne nous suive …

Six hommes furent nécessaire pour réussir a maitriser le mastodonte, mais ils ne lui  firent pas de mal … ce n’est pas notre genre … enfin si, mais pas en publique, ca attire trop l’attention , et c’est  la dernière chose qu’il devrait  nous arriver … Enfin bref, d’un pas pressé je sortis de, la taverne, la femme dans les bras, et certains membres de mon équipage me suivant de près, les autres devant s’assurer que PERSONNE ne nous suivrait. Kidnapping ? Peut etre … mais elle devait bien trop intéressante pour être laissée comme ca, telle une vulgaire catin de bas étage … et puis cette boisson … elle me montait au cerveau…

Nous étions arrivé au campement, bien entendu, ceux qui étaient resté la étaient en train de festoyer sans retenu, dévorant la viande juteuses qui avait cuit sur la broche, se désaltérant avec le vin pris dans les caves du dernier navire que nous avions  pillé. Bien entendu aucun d’entre eux n’étaient surpris de me voir revenir avec une femme, bien que généralement elles se trouvaient consciente et avec moins de vêtements … Hum, oubliez ca …

Avec un soupir un peu désespéré j’entrai dans ma cabine et j’allai directement la déposer sur mon lit, un rictus un peu moqueur sur mon visage.  Je me demandais ce qu’elle avait pu faire pour être dans cet état... être blessée à un tel point qu’un simple saut la fit évanouir … Je m’asseyais sur le bord du lit, espérant qu’elle ne mettrait pas trop de temps a se réveiller. Le médecin, un peu saoul, arriva rapidement, alerté par le bandage de la femme ...et par le sang aussi. Il s'empressa de faire ce pour quoi je le payais, soigner les gens. L'homme de science extrayait plusieurs morceaux de métal de la tête de la jeune femme. Comment ? Pourquoi ? avait elle tant besoin d'argent qu'elle risquerait ca vie un soir pour quelques malheureuses pièces d'or ? Ca me rappelle un peu l'histoire d'une prostitué qu'un étranger m'avait raconté ... comment s'appelait-il deja ? Ty...ty ... ty quelque chose ...enfin bref...

[ Désolé si la qualité n'est pas au rendez vous ( cf l'heure :p) ]

Enfin la dragonne avait pu trouver le sommeil… Elle qui ne dormait presque jamais avait eut besoin de prendre quelques plombs, et deux bons coups sur le crâne pour "dormir". Combien de temps ? Elle ignorait ce détail, mais elle avait pu rêver… Revoyant la forge où elle avait grandit, son père adoptif et leur violentes altercations quant la dragonne décidait de se battre avec lui pour imposer ses caprices… Aussi loin que remonte sa mémoire, elle s'était toujours bagarrée avec lui… Souvent il gagnait et la punissait en lui bloquant les mâchoires avec une ceinture épaisse. Mais alors qu'elle se revoyait forger ses premières haches, une odeur intrusive lui prit les narines, ça ne sentait plus le charbon, ça ne sentait plus le métal les outils ou la sueur, ça sentait le bois, des effluves de rhum, du sang…
Dans l'esprit de Jill, son moment d'inconscience fut comme une coupure dans le temps, une minute encore elle était à la taverne et là… Continuant de jouer l'endormie, elle utilisait ses sens pour tenter de savoir où elle se trouvait. Pas à son travail, ni chez elle. Le lit était confortable mais pas autant que le sien, de plus dans sa cabine à elle il n'y avait pas seulement son odeur, mais celle de l'or et des vieux trésors amassés. Il y avait des hommes ici à en juger par les voix, mais le plus proche d'elle, c'était ce Capitaine mystérieux…

Levant ses pieds, elle reposa en les croisant, ses jambes sur les genoux de son ami aux cheveux noirs. Les yeux ouverts, elle se regardait avec un fin sourire, un bras dans la nuque.

- "On est plutôt bien ici…" Dit-elle en parcourant distraitement les lieux du regard. "Mais ma cabine à moi à de plus beaux vitrages… et mon lit est plus grand." Ajouta la jeune femme avec prétention.

Sa cabine était très spacieuse et très douillette, mais son navire à elle, ne pouvait plus flotter. Portant sa main libre à sa tempe, elle remarqua que des soins lui avaient été prodigués. Son abominable mal de tête n'était d'ailleurs plus qu'une pression désagréable contre son crâne. Des nouvelles réjouissantes mais qui ne compensaient hélas sa déception de ne pas avoir son sabre avec elle, resté dans le vestiaire, et son bandeau ensanglanté disparut.

- "Merci pour ne pas m'avoir laissé mourir sur place… Cependant, où est le tissus sale que j'avais autour de la tête ?... " Se redressant, Jill put remarquer que le navire n'était pas accosté au port. "Vous avez la moindre idée du risque que vous encourez à jeter l'encre aux abords de cette jungle ?..."

Que pouvait-elle faire ? Ces pirates étaient en fait dans son territoire et pas si loin de son antre, s'ils osaient pénétrer dans la Vallée d'Émeraude. Elle avait une dette envers cet humain de surcroit… Sentant son estomac vide se manifester par quelques vibrations, la jeune serveuse porta une main contre son ventre. Le moment était trop beau, son objectif de monter à bord du navire de cet homme était déjà atteint… Il fallait aussi le remercier, lui ne devait attendre que cela, et elle, ne serait pas contre une dernière partie…

- "Ne pas craindre la mort…" Répéta Jill dans une voix douce mais perplexe.

D'une lenteur calculée, elle retirait sa jambe gauche des cuisses de son partenaire, ne quittant pas ses yeux verts, parfaitement visible dans la pièce que les bougies peinaient à éclairer. A lui qui s'était approché et semblait chercher un signe quelconque dans ses iris. La dragonne était bien habituée à ce qu'on la fixe ainsi sans lui demander pourquoi son globe oculaire gauche était si différent… Perdu à la contemplation de ses yeux, il ne remarqua directement ce que faisait Jill. Se mouvant comme une mante religieuse prête à refermer son piège mortel sur une malheureuse proie. Bien assez vite elle avait passé son pied derrière son dos, faisant le tour de sa taille avec ses jambes.

- " Quelle triste petite vie…" Dit-elle en commençant à le serrer ainsi."Accorder si peu d'importance à ses jours… à tout ce qui pourrait être accomplit, le temps d'une existence d'humain..."

En resserrant sa prise, la jeune femme parvenait à attirer le Capitaine vers elle de plus en plus, et plus elle continuait, plus ses jambes s'écartaient. Faisant remonter le bord de sa jupe fendue sur ses cuisses, où il avait déjà dû remarquer le poignard caché. Ses deux bras vinrent entourer à nouveau son ami. La température avait grimpé, mais ce n'était pas là la faute des petites mèches qui servaient d'éclairage. Un sourire en coin, elle se pencha, venant placer ses lèvres près de son oreille :

- " Oh dites m'en plus sur vous, maintenant que nous ne sommes qu'entre nous. Et j'en ferrai de même." Il s'apprêtait alors à lui répondre lorsque son index, se posant sur ses lèvres, vint perturber toute articulation. " Sachez cependant que je tiens au bandeau usé que vous m'avez enlevé. Un attachement pas aussi important que pour d'autres de mes biens, mais c'est tout de même un bout de tissus de valeur sentimentale…"

Et comme si elle n'avait rien dit, la jeune femme ressortit la pipe qu'elle fumait quelques heures plus tôt sur le port. Avec elle un petit étui orné où était rangé le chandoo qu'elle consommait. Son regard lorsqu'elle préparait la pipe laissait présager qu'elle compterait bien partager, chargeant plus son brûle gueule que d'ordinaire. Une fois le tout prêt, elle alluma à l'aide d'une des bougies puis proposa au séduisant noiraud de la commencer.  

- " Comment se nomme donc mon hôte ?... "

Ce cher Capitaine faisait là une belle démonstration de l'étendue de ses talents de comédien. Sur le ton, la manière, la gestuelle ; en fin de compte il ressemblait à son second une fois qu'on l'isolait. Il parvenait même à arracher à Jill un sourire discret, elle ne perdrait pas une de ses paroles, observerait ses gestes et pourrait même tenter de lire dans le pathétique flot de ses pensées.
Cet humain avait sans nul doute perdu la raison, comme bon nombre de marins, seulement il devait en avoir conscience, en vue de la grande théâtralité dont il faisait preuve. Le monde n'était donc pour lui qu'une scène où se jouait la comédie du destin ? Hum… Toutes ces réflexions étaient bien trop philosophiques pour quelqu'un d'aussi peu instruit que la serveuse, il vaudrait mieux ne pas tenter de comprendre cette personne. En tout cas, elle ressentait encore cette même pulsion, cette soif de sang qu'il avait manifesté plus tôt sur le port. Il devait se douter qu'elle savait, beaucoup trop même… Mais il n'était pas le seul dans cette pièce à avoir des choses à cacher.

- " Regardez donc autour de vous … Les elfes et les nains … Les dragons et les changelings … Les Ases et les Vanes … et nous … l'humanité … qu'avons nous ? La folie de nous croire supérieur et surtout, la prétention de pouvoir l'être, car nous sommes les plus enclins à la destruction, sujets à notre infériorité physique, les os humains sont si … friable … Huhuhu. "

Dragons ? Avait-elle bien entendu ? Jill fronça les sourcils. Il ne pouvait pas savoir, non, mais son petit discourt sur l'orgueil des humains était plaisant à entendre. Tellement proche de celui qui résonnait chaque jour dans son esprit. Elle aurait bien eu des choses à dire pour alimenter ce sujet, cependant, il était assez divertissant de l'écouter sagement… Elle reprit sa pipe, si il ne fumait pas, elle si. Il serait trop dommage de gâcher le meilleur opium qu'elle pouvait se faire rapporter de Jade.

- " Bon … Je me sens d'humeur charitable … Premièrement votre bandeau est sur le plateau argenté sur ma commode et secondement mon prénom est … Xaphan. Et que voulez vous que je vous dise d'autre ? Huhu ~ Que j'ai les mains encore plus pleines de sang que vous pourriez le croire ? Que je vous trouve séduisante ? Huhu. "

Enfin des réponses, ce n'était pas trop tôt, dommage que la moitié de celles-ci n'étaient plus des questions depuis longtemps.

- " Séduisante hein ?..." S'amusa la jeune femme brune. Elle tendit sa main libre vers lui, agrippant son col, l'attirant vers elle. "Je suis assez séduisante pour bien des hommes sur toute Rune Midgard. Mais au-delà de l'aspect que mon corps offre aux yeux de ces derniers, qui pensera à regarder plus loin ? Xaphan… " A nouveau il était sur elle, couché, son visage proche du sien, Jill avait mit sa pipe de côté afin que la fumée ne lui vienne pas dans les yeux. Sa jambe gauche repassa dans son dos, le serrant à elle. "Comme des fruits à l'apparence savoureux et dans lesquels il faut croquer, pour se rendre compte que l'intérieur est pourri… "

Tirant sur sa pipe, la serveuse s'arrêta de parler. Ces secondes de silences étaient calculées… Sa main qui tenait son col remonta son cou en l'effleurant avec la délicatesse d'une plume. La pénombre, les bougies, la lune et le calme se prêtaient bien à l'instant. Ses doigts restèrent sur son menton.

- " Je m'étonne à penser que nous nous ressemblons malgré d'importantes différences… Vous avez songé me tuer plusieurs fois, d'abord parce que c'est une soif naturelle chez vous, et maintenant parce que vous avez peur que je vous dénonce au près des pirates. " Un sourire bien large s'ouvrait sur son visage au fil des révélations. " Or je ne fais allégeance à personne… Je ne suis même pas pirate."

Prenant appuis sur son coude, la dragonne inversa leur position, lui bloquant même un bras avec une de ses jambes. Ainsi Xaphan aurait moins facilement accès à ses armes s'il souhaitait la menacer. Et si son aspiration était de reprendre la place du dominant, cette fois il se retrouverait confronté à une force qui le dépasse, qui à lui donner des soupçons. Jill lui remit la pipe entre les lèvres, l'invitant à se détendre avec une bonne bouffée d'opium s'il le souhaitait. Elle se pencha, venant poser sa joue chaude contre la poitrine de l'homme, écoutant les battements de son cœur, si il n'était plus aussi calme, il ne s'emportait pas pour autant. Bien, il valait mieux éviter de se méprendre…

- " Vous me plaisez Capitaine. Vous faites un peu trop d'artifices pour une femme aussi peu instruite que moi, mais je dois avouer que c'est distrayant. " Passant ses bras dans son dos, Jill tira sur le laçage fermant son corset, le laissant glisser jusqu'à ce qu'il s'élargisse, s'ouvre et ne tombe sur le côté tandis qu'elle retirait sa ceinture et le foulard rouge à sa taille. " Voulez-vous tenter de me tuer ? Ou jouer avec moi ? "