Mais pourquoi avait-il accepté ce travail de dingue ? Tapi dans une grange délabrée, assis contre une charrette abandonnée, Allan soupira profondément, le cœur battant lentement alors que des ombres se dessinaient au travers des murs en planches de bois. Les doigts couverts de sang, l’assassin tourna son regard à droite et à gauche, tenant dans sa main une bourse de cuir blanc puis leva la tête vers le plafond où il pouvait voir le ciel.
Quel soir lugubre que voici… Les nuages, libres de toutes chaînes et de toutes entraves autres que le vent, voguèrent et cachèrent le manteau sombre du ciel parsemé d’étoiles, la Lune en son croissant se retrouvant cachée sous les lourds et noirs rideaux devenant grisâtres en passant devant les seules sources de lumière qui illuminèrent le ciel. Les rares rayons lumineux qui pénétrèrent les lourds et tristes nuages permirent d’éclairer la route de terre dépourvue d’herbe par les passages fréquents des commerçants, des visiteurs, des militaires et autres voyageurs parcourant ce royaume et cette région. D’ailleurs, la région était connue surtout pour la chaleur de ces habitants, leur hospitalité, la gastronomie riche ainsi que pour les mystères qui habitaient ces terres. À quelques heures de Lumïa, la cité où de grands esprits se rassemblaient afin d’élucider les vérités de ce monde et les secrets des Divinités ainsi que…
_ Quel ramassis de connerie… Grommela Allan en coupant la narration de son employeur derrière lui.
L’assassin se tenait sur un cheval à la robe aussi noire que le charbon, en tête de l’expédition dont il faisait partit. L’expédition, composée de trois personnes, progressait lentement dans la nuit profonde et silencieuse. Allan se tourna vers l’un des deux membres des laboratoires de Lumïa qui l’accompagnait, cherchant à obtenir des résultats par des moyens pas très réglementaires.
_ Manant, dit-il d’une voix hautaine,
nous vous avons engagé, car vous êtes le seul être disponible ayant accepté de nous protéger dans notre expédition. La somme que vous nous avez demandée est tellement obscène que le moins que vous puissiez faire, c’est de nous aider en silence. Laissez-nous discuter de nos opinions entre hommes de la science et de la vérité.Soupirant, Allan se remit en route, ouvrant les deux yeux sur le chemin et les alentours, voulant arriver au village sans nom le plus rapidement possible afin de toucher la première partie de son argent. Un sourire en coin, il était plutôt content d’avoir négocié une telle somme auprès de ces puceaux qui ne semblaient n’avoir jamais quitté leur école. En y repensant, l’assassin à l’œil vert accepta de garder le silence… Après tout, pouvoir entendre les nombreux entrechocs cristallins, une grande bourse remplie de joyaux, deux cent pour être exact. Son regard scintilla dans la nuit alors que, face à lui, se dévoile le fameux village sans nom. Tapant les flancs de l’équidé des talons, Allan s’élança vers le village silencieux, village réputé pour être maudit et cette malédiction perdurait dans le temps en transformant ces habitants en morts-vivants affamés la nuit tombée.
S’arrêtant en bordure de la ville, le maître-assassin plissa le regard, cherchant de ses deux yeux la moindre trace magique, un être vivant ou, tout simplement, un être mort ou vif. Il fut rapidement rejoint par les deux écoliers qui semblaient être devenus pâles en voyant le village en ruine et en respirant l’air saturé d’une odeur pestilentielle… Une odeur de mort.
_ Nous y voilà… Déclara Allan en tendant sa main vers l’un des scientifiques.
_ Attendez, vous pensez que c’est fini ? Répliqua le jeune homme d’un ton hautain.
Ce sera qu’une fois avoir atteint le centre du village et trouver un mort-vivant que vous aurez le tiers de ce qui avait été convenu… En avant !Les deux écoliers galopèrent avec hâte vers le centre du village en laissant Allan, le bras toujours tendu dans le vide, ses doigts se refermant lentement. Lentement, il lança un regard meurtrier aux deux jeunes avant de galoper vers ceux-ci en tentant de calmer sa rage. Il quitta sa selle et attacha son cheval en suivant les deux jeunes scientifiques qui avaient fait de même, entrant dans une maison abandonnée, semblant être la maison du chef. A peine entrer dans la maison, Allan s’arrêta silencieusement. Il se retourna et se dirigea d’un pas souple chez les selles de ces employeurs, fouillant du regard leurs possessions, mais rien ne semblaient avoir de valeur : livres, outils de chirurgiens, encre, plumes, de quoi manger et dormir… Rien de valeur.
_ Mae'r ddau bastardiaid bach, jura l’assassin d’un ton silencieux.
- Traduction:
Les deux petits bâtards
_ C’est celà que vous cherchez ? Retentis une voix dans son dos.
Un des deux savants était revenu et avait vu le comportement du voleur, dans sa main une bourse de cuir blanche. Un air satisfait et hautain, il dévisagea Allan.
_ Vous n’aurez la moitié de cette bourse que lorsque vous aurez trouvé un mort-vivant, pas avant et le reste lorsque nous seront rentré à Lumïa...Le confrère du jeune le rejoigna devant l’entrée, lui murmurant dans l’oreille quelques craintes concernant ce lieu. Allan s’approcha des deux jeunes hommes mais s’arrêta avant de voir une silhouette dans leur dos alors qu’ils parlaient à voix hautes de choses et d’autres. Plissant le regard, Allan put voir non pas une, mais deux silhouettes approchant d’une manière assez lente. Un sourire s’esquissa sur son visage caché sous son foulard.
_ Vous voulez des morts-vivants ? C’est bien ça ?_ Oui, en effet, répondit le plus jeune des deux.
_ Ses messieurs sont servies, dit-il d’un ton enjoué en faisant une révérence.
Ne comprenant pas, les deux jeunes hommes se retrouvèrent attraper par les deux silhouettes derrière eux, se trouvant être des morts-vivants cannibales et anthropophages, à la faim insatiable et au regard vide de tout sentiment humain.
_ AIIIIDEEEEZ-MOIIII, hurla le jeune homme en tendant vers Allan.
Celui-ci s’approcha de lui et attrapa la bourse en cuir qui avait été ranger dans une poche de sa veste. Voyant le geste du voleur, le jeune homme agrippa sa main et la serra très fort en pensant le tenir fermement, jusqu’à ce que le mort-vivant derrière lui mordit sa nuque, arrachant la chaire, les veines et la peau, répendant du sang sur les mains et le bras tendu de l’assassin qui trancha la main avec un de ses poignards. Se retournant avec un sourire, Allan sentit son sourire devenir grimace, voyant les chevaux au sol, servant de repas aux morts-vivants du voisinage venu surement pour le buffet gratuit. Soupirant mais ne voulant pas servir de repas pour cadavres ambulants, Allan courut à travers le village jusqu’à un bâtiment assez grand, la grange. Entrant dedans rapidement, il ferma les portes et les barricada rapidement avec des planches et des tonneaux
_ Bon, reste plus qu’à attendre le jour...Mais pourquoi avait-il accepté ce travail de dingue ? Tapi dans une grange délabrée, assis contre une charrette abandonnée, Allan soupira profondément. Les mains couvertes de sang, il ouvra la bourse et découvrit avec un large sourire les joyaux qui brillaient légèrement avec un rayon de lune. Fermant la bourse, il la rangea dans sa sacoche de transport, verrouillé par un ingénieux système mécanique. Se redressant, il observa les environs, remarquant une plateforme, surement pour ranger du foin en hauteur ou des matériaux autres. Retirant sa capuche, il laissa sa queue-de-cheval voguant dans les petits courants d’air nocturne. C’est alors que son œil magique s’enclencha instinctivement, détectant une masse d’énergie magique à l’intérieur du bâtiment de bois. Ne voulant pas s’épuiser à détecter la position exacte de la personne se trouvant dans le coin, Allan, de sa voix rauque et lugubre, se mit à dire :
_ Je sais qu’il y a quelqu’un… Montre-toi !