Mon imbécile de frère a raison. C’est tout de même bien pratique une wyverne. Surtout pour parvenir jusqu’aux îles flottantes. Quand j’y repense, j’aurais presque de la pitié pour ce pauvre Télhias. Je me rappelle encore sa mine tristounette la dernière fois que je l’ai vu. Il c’était amouraché d’une danseuse où quelque chose dans le genre. C’était bien la première fois qu’il alignait les mots sérieux et amoureux dans la même phrase. Moi aussi si j’avais été une humaine ordinaire. J’aurais peut-être pu tomber amoureuse…
Cela faisait trois jour que Stinnah m’avait déposé avant de retourner chez elle. Ce fut un voyage fort agréable en compagnie de la dernière de la famille. Elle m’avait évité une escalade bien laborieuse. Je m’étais enfoncée dans cette forêt nullement semblable à celle du Vergeau. Tout y semblait plus calme. J’avais bien décelé la présence de quelques prédateurs, mais rien de bien méchant pour moi. Même les oiseaux s’arrêtaient de chanter à mon approche. J’avais préféré garder ma forme humaine. Si j’avais entendu parler de cet artefact mystérieux. Il y avait de forte chance pour que d’autres soit au courant également.
Comme ce chasseur croisé la veille. Un charmant jeune homme… Jusqu’à ce qu’il me fasse des avances obscènes. Ce soir-là, j’avais faim et il a finis par passer la nuit avec moi… Au fond de mon estomac. C’est vrai que l’on dort mieux lorsque l’on mange à sa faim. Le fragile soleil de l’aube se lève alors que je m’éveille. Je tire vers moi la cape grise en laine de celui qui hier encore était mon compagnon de route.
Les matinées sont fraîches. Mon regard se pose sur les restes du feu de camps éteint je tends le bras vers les branches qui restent près du foyer. Elles sont hors de portée de ma main. Pourtant d’un léger mouvement du poignet les morceaux de bois semble léviter. Mon index fait des mouvements circulaires et l'un des morceaux fait de même remuant les braises. Les cendres grisâtres laissent bientôt apparaitre des braises incandescentes et les plus petites brindilles qui tournent autour du foyer ne tardent pas à s’enflammer.
Je ne me sens pas très bien. Je ne me relève pas tout de suite préférant rester assise à même le sol. Cessant de penser aux morceaux de bois ceux-ci tombent au sol. Certains dans le foyer d’autre à côtés. Ma respiration s’accélère, mais quelque chose m’empêche de pouvoir respirer correctement. Bientôt je sens de fines gouttes de sueur perler sur mon front. Je me lève précipitamment en luttant pour garder l’équilibre. Je titube, le vertige s’empare de moi. Des spasmes parcourent mon corps à m’en couper le souffle. J’expulse de ma bouche un liquide poisseux et noirâtre et cela à plusieurs reprises. Je suis redevenu humaine trop tôt. Je n’ai pas maîtrisé ma colère lorsque ce chasseur pervers à voulu poser les mains sur ma poitrine. Un regard plus tard, il était à ma merci. Il ne c’était rendu compte de rien.
Et me voilà en train de vomir les bouts d’os et le cartilage dans une mélasse d’acide et de sang. Les restes d’un homme que je n’ai eu aucune pitié à dévorer. Ce triste épisode passé, je regagne le campement et m’apprête à repartir non sans avoir pris le temps de me baigner. Cela me calme et m’apaise. Et je reste plusieurs heures dans cette rivière où nous nous étions arrêtés hier soir. C’est la présence qui vient dans ma direction qui me tire de ma méditation. A peine suis-je séchée et habillée qu’une enfant de quatre ans me dévisage.
« -Bonjour Madame, Je m’appelle Anna. »
Anna… Anna… Pourquoi ce prénom me semble familier. J’examine la petite du haut en bas. Elle semble bien habillée et tiens une poupée dans les bras. Rien d’exceptionnel à son âge. Elle est suivie de près par une femme aux cheveux couleur argentée. Elle doit faire dix centimètre de moi que moi et n’a pas l’air d’être bien solide. C’est à se demander comment elle a atteint les îles flottantes.
Mon regard se porte à nouveau sur la gamine et une expression de surprise s’affiche sur mon visage.
Ce pendentif… Il est identique au miens ! C’est une blague ou une ironie du sort. Si le prénom ne m’est pas inconnu, c’est parce que mon frère m’en a parler. Machinalement, je porte ma main à mon pendentif plus pour le cacher. Trop tard semble-t-il, cette Anna l’a déjà remarquée
« - Regardes Silver, elle a le même collier que moi. »
Elle pointe son doigt en direction de mon cou en se retournant vers… qui déjà ? Sa mère je crois je n’en suis pas certaine. Il faut dire que les histoires amoureuse de mon frère, je m’en moque un peu. Cette Silver ne sera s’en doute pas la dernière le connaissant. Même si il est vrai que depuis qu’il l’a rencontré, j’ai pu noter des changements d’attitude chez ce dernier. Je ne sais pas si je dois l’en remercier d’ailleurs, mais il ne me cache plu mes affaires lorsque je me baigne.
Pour l’instant ce n’est pas mon problème, le problème c’est que cette gamine me pose questions sur questions et que je n’ai pas envie de dévoiler mon identité. La gamine s’approche un peu plus de moi et me regarde avec ses deux grandes billes bleus.
« -Vous connaissez Télhias ? »
Si je connais Télhias ? Mais bien sûr ma petite que je le connais. Tu ne peux pas t’imaginer à quel point. Elle ne s’arrête jamais de parler cette gamine ?
Je préfère ne pas m’approcher de cette Silver pour le moment. D’autant plus qu’elle n’a peut-être -enfin je l’espère- pas déceler la surprise qu’affichait mon visage lorsqu’Anna.
« - Enchanté jeune demoiselle, je ne prénomme Sydrille. Et en effet celui que tu appelles Télhias fait partit de mes connaissances. »
Nul besoin d’en dire plus pour le moment. Je regarde à nouveau celle que mon frère semble beaucoup apprécier. Et soutiens son regard. Je plisse les yeux en la fixant. Mais qu’elle est cette étrange impression qu’elle me renvois. Serait-elle magicienne ? Si je me rappel bien, le récit de Télhias, il est vrai qu’il y avait eu des phénomènes météorologique étranges et inexpliqués le jour de leur rencontre. Si je le sens, elle doit certainement sentir quelque chose aussi dans ce cas en me regardant.
« - Et je suis magicienne en plus d’être aventurière. »
Je tends la main et regarde le sac de voyage de mon repas d’hier. Rapidement ce dernier arrive dans mes mains comme porté par une main invisible. Espérons que cela suffise et qu’elle ne décèle pas le fait que je ne suis pas tout à fait humaine.
« - Vous ne devriez pas vous promenez seule ici. C’est dangereux. Si vous voulez, nous pouvons faire un bout de chemin ensemble. »