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Réminiscences d'un passé révolu [PV]

MessageSujet: Réminiscences d'un passé révolu [PV] Réminiscences d'un passé révolu [PV] Icon_minitime1Jeu 2 Mai - 0:35


Réminiscences d'un passé révolu


La nuit avait été courte. La Dame au Griffon avait appelé de tous ses vœux le sommeil, mais ce dernier n’avait pas daigné lui rendre visite. Les pensées, plutôt que les songes, avaient occupé son esprit et Ygrïanne ne s’était reposée que d’un œil, ressassant mentalement les idées fixes qui lui labouraient le cerveau depuis quelques temps. La Terre des Hommes semblait prête à connaître de grands bouleversements, et Asunia n’était pas épargnée par le tumulte grandissant. Le Roi avait succombé et son fils n’était pas apte à prendre sa place. Qui serait le Gardien du royaume à présent ? Qui veillerait à la sûreté des habitants ? L’Ordre des Chevaliers n’était plus aussi prospère qu’autrefois, disait-on, et comment contredire les rumeurs lorsque le soi-disant meneur de la Chevalerie s’était enfui pour accomplir une quête illusoire, accomplir une destinée prophétisée des siècles plus tôt ? Ygrïanne ne comprenait pas cette désertion, pire, elle la blâmait.

Quittant la chaleur relative de ses draps et le confort martial de sa couche, elle alla se rafraîchir le visage et le cou dans la salle d’eau attenante à son logement de fonction. Une chambre des plus rudimentaires, où traînassaient un lit de facture simple et un bureau sommairement ordonné, ainsi qu’une petite salle de bain, seul réel luxe que s’accordait le Chevalier d’Anjoulor. Elle se vêtit d’un pantalon long et de son corset de cuir souple, ainsi que d’un jupon court de lanières de cuir, avant d’enfiler des grèves et des brassards, puis de ceinturer à sa taille le fourreau de Tyrfing, son épée. S’aérer le corps et l’esprit au cours d’une promenade en solitaire, dans la fraîcheur matutinale de la ville qui s’éveille lentement, lui ferait sans doute le plus grand bien. Avant de quitter ses quartiers, elle se posa devant la fenêtre de sa chambre, mains serrées dans son dos, raidie par la posture martiale qui lui était automatique. Son regard métallique se perdit dans la contemplation des toits de la cité qui miroitaient faiblement sous les éclats du soleil qui pointait à peine derrière les nuages laissés par la nuit. Les rayons émaillaient leur couleur aurorale avec parcimonie, peignant de leurs nuances rosâtres la Capitale ensommeillée. Le cœur de la guerrière se comprima d’un sentiment de piété devant la beauté du spectacle, étreinte par la volonté de protéger ce que les Ancêtres avaient construit et protégé au fil des âges. Elle se consacrerait à la défense d’Asunia et à la sûreté des occupants de Midgard, comme elle l’avait toujours fait, et ne se perdrait pas dans la quête irraisonnée d’un trésor céleste qu’auraient laissé choir les dieux négligents.

Passé l’embrasure de la porte, la jeune femme déambula dans les couloirs de l’Ordre des Chevaliers avec la souplesse qui caractérisait son sexe, avec la détermination qui distinguait son rang et avec la noblesse qui différenciait sa lignée, le cœur vibrant d’un sentiment confus. Son chemin croisa naturellement celui d’un autre chevalier, ses prunelles d’acier s’attardant sur son activité avec une curiosité palpable. En d’autres circonstances, l’indifférence aurait éloigné la Dame au Griffon, mais son pas s’arrêta de lui-même pour se tenir au plus près de la scène qui se déroulait sous ses yeux aux teintes vibrantes de l’ardoise. A nouveau, elle sentit l’écrasement de son cœur dans sa poitrine, sous la cruelle vérité qui se jouait à présent.

« Alors ce qu’on raconte est vrai, souffla-t-elle calmement, à l’intention du jeune homme qui avait détourné son attention de la balade matinale qu’elle s’était promise, des pavés qu’elle avait aspiré à fouler et de l’air frais dont elle avait réclamé la vigueur.

- Toi aussi, tu comptes t’en aller. Olaf Soufflegivre. »

La voix de la jeune femme était uniforme, monotone, et ne laissait deviner l’oscillation qui pouvait être le fruit du reproche d’une fuite à peine voilée, de l’envie commune d’évasion et de la résignation face à la perte d’un camarade.
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MessageSujet: Re: Réminiscences d'un passé révolu [PV] Réminiscences d'un passé révolu [PV] Icon_minitime1Jeu 2 Mai - 5:07
Des rayons de soleil chatouillaient ma peau. Un atroce mal de tête me martyrisait. Je me trouvais dans la chambre d'une auberge, allongé sur un lit, totalement dévêtu sous une couverture. Avec difficulté, je tentais de me remémorer les événements de la veille. J'avais noyé mon chagrin dans du rhum. Mon cœur sembla se déchirer en mille morceaux à ce moment-là. Il était temps pour moi de quitter mes proches. Des larmes voulurent couler pour évacuer ma tristesse mais mon honneur me refusait ce besoin. Je détestais faire preuve de faiblesse. Mon regard s'attarda sur la chambre. La pièce semblait vide, avec à peine une table de chevet et une armoire en bois comme meubles. Une longue fenêtre donnait vue sur Asunia. Un nouveau déchirement. Dans quelques heures, je ne serais plus là pour contempler la cité. Avec difficulté, je me hissais hors de ma couche. Même si la fatigue me proposait de me rallonger, j'étais décidé à quitter définitivement ma ville natale avant le coucher du soleil. En une quinzaine de minutes, j'avais eu le temps de prendre un bain et de me vêtir. J'avais opté pour une chemise blanche, un pantalon de cuir noir, des bottes en cuir, sans oublier ma cape rouge et l'anneau des Soufflegivre.

Après avoir fini ma préparation, je me rendis à ma deuxième destination, l'ordre des Chevaliers. Sur place, des souvenirs ne tardèrent pas à m'assaillir. Je revoyais mes heures d'entraînement intensif au maniement de mon arme favori, la hache. Mon père avait été un professeur sévère, presque impitoyable. Lors de ses cours, il mettait de côté son amour pour laisser place à un homme qui n'admettait aucune erreur. Chacune de mes erreurs était accompagnée par une punition visant à renforcer soit ma condition physique, soit à développer mon savoir. Miras n'aurait jamais osé m'infliger un châtiment corporel. Miras, mon père. Il n'avait pas eu le courage de me saluer. Je comprenais ce qu'il pouvait ressentir. Il m'avait entraîné et vu grandir au fil des années. Nous partagions à la fois une immense joie et un incroyable chagrin. Je ne pouvais pas lui en vouloir. Secouant la tête de droite à gauche, je souhaitai garder le sourire.

Mon destin me promettait un futur rempli d'aventures et de combats. Mes premiers pas me menèrent à l'intérieur de l'ordre. Mes doigts effleuraient les murs comme pour me persuader que je n'errais pas dans un rêve. Par chance, il n'y avait personne. Je ne me sentais pas capable de feindre la gaieté de quitter Asunia. Il me fallut trois minutes pour atteindre une porte. De l'autre côté, se trouvait une chambre m'appartenant où j'entreposais mon équipement et de précieuses affaires. L'ordre des Chevaliers était le deuxième endroit où je me sentais le plus en sécurité. Une fois dans la pièce, je décidai d'enfiler mon plastron et ma cotte de maille. Je ne tardai pas de m'équiper que mes yeux se posèrent sur Alexandra, mon hache d'arme. Au cours de ces dernières années, elle était devenue une amie fidèle. Elle m'avait suivi partout, où que j'aille. Je ne me lasserais jamais de cette arme. Alexandra prit sa place habituelle, dans mon dos. J'étais finalement prêt à partir, sans regret. Un soupir las s'échappa de ma bouche.

Il était temps. Mon corps se mouvait lentement. Mon regard imprimait le décor, tout ce qui m'entourait, l'ordre des Chevaliers, dans mon esprit. Tout mon être insistait pour que je reste mais ma détermination m'obligeait à continuer à avancer. Je me repris aussitôt. J'avais choisi la voie de la chevalerie. Dans la vie, il y avait des choix importants à réaliser et ce moment en faisait parti. Soudain un feu brûla à l'intérieur de mon corps. Ma résolution avait atteint un tel point que ma tristesse s'estompa. Seul l'avenir m'intéressait désormais. Au moment où je m'y attendais le moins, une voix attira mon attention. Une voix familière et féminine. Dans le doute, je m'étais tourné vers l'inconnue. C'était la resplendissante Vierge guerrière d'Asunia, Ygrïanne d'Anjoulor. Un mince sourire se dessina sur mon visage. Que me voulait-elle ? Sa seconde phrase me fit l'effet d'un coup de poignard dans la poitrine. Elle semblait me reprocher quelque chose. Le toi aussi me souffla une réponse. M'accusait-elle de prendre la fuite comme ce lâche Seyren Windsor ? C'était une blague. Une blague de mauvais goût. Tout en évitant de perdre mon sang-froid, je pris la parole.
    " Effectivement, je pars aussi. Cependant, détrompes-toi. Je ne me déroge pas à mes obligations comme l'autre incapable...le Windsor, crachai-je comme si le seul fait de prononcer ce nom me dégoûtait. Je suis à la recherche d'aventures et de combats. L'envie de partir à l'aventure, de quitter cette vie monotone, m'est insupportable, dis-je en fixant le sol, à la recherche de mots pour compléter ma phrase. Mais je peux t'assurer que je reviendrais. Pour Asunia. "

La vérité était sortie de mes lèvres comme un torrent. Prenant mon courage à deux mains, je fixais la jeune femme dans les yeux, afin de lui faire comprendre mes sentiments. On pouvait me traiter d'égoïste, cela m'importait peu. J'avais besoin d'évoluer dans un espace différent qu'Asunia. Avant même qu'elle réponde, j'enchaînai.
    " Que fais-tu ici ? " tentai-je pour changer de sujet, même si ce ne serait pas aisé.
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MessageSujet: Re: Réminiscences d'un passé révolu [PV] Réminiscences d'un passé révolu [PV] Icon_minitime1Ven 3 Mai - 6:52
Le regard métallique de la jeune guerrière dardait le chevalier avec une intensité redoutable, sans qu’aucune animosité ne s’y attarde toutefois. Olaf Soufflegivre était d’une beauté chevaleresque, même en ces circonstances troublantes, et son ascendance métissée ne le rendait pas moins attrayant au regard d’une femme. Même la Vierge combattante d’Asunia pouvait le concéder. Ce qu’elle avait à dire ne sembla pas trouver un écho vain, puisque la voix puissante du chevalier, tout en accents graves et sonores, résonna avec détermination pour la contredire sur ce qu’elle appréhendait comme une fuite. Un abandon. Il n’acceptait pas la comparaison sous-jacente avec l’ancien meneur de l’Ordre, le descendant de la lignée Windsor. Le timbre de sa voix se cristallisa en mépris, tandis qu’il crachait son nom comme si la Dame en armure l’avait déshonoré. Les prunelles en amande de cette dernière esquivèrent celles du jeune homme, pour se poser sur les murs qui encadraient leur rencontre, sur les pierres chargées des souvenirs d’un passé qui semblait voler en éclats depuis que le rugissement du Fauve Destructeur avait retenti.

Un faible sourire en coin, tout juste remarquable, vint étirer ses lèvres gracieuses. En quoi l’abandon du Chevalier Soufflegivre était-il différent de celui du Descendant des Windsor ? Ils avaient les mêmes aspirations, les mêmes convoitises, le même désir ardent de vivre et de jouir d’une liberté renouvelée, de mépriser la vie rangée et ordonnée de l’Ordre, pour partir en quête d’aventure et d’évasion. Le cœur de la jeune femme s’alourdit en pensant qu’elle avait elle aussi peut-être déjà songé à mener cette autre vie que les deux hommes s'accordaient, et dont on l'avait privée durant sa tendre jeunesse, tout en admettant volontiers qu’elle n’avait pas le courage de quitter les sillons du destin qu’on avait tracé pour elle.

Le jeune homme lui promit alors de revenir pour leur royaume. Un battement de paupières, et la guerrière posait à nouveau son regard d’acier sur le visage de son vis-à-vis, sondant son expression impérieuse, pleine de conviction. Ygrïanne se demanda si le jeune homme cherchait réellement son approbation, ou s’il ne tentait pas illusoirement de se convaincre lui-même du bien-fondé de son action. Mais avant qu’elle n’ait eu le temps de répondre, de sceller sa promesse, le Chevalier posait à son tour une question, certainement pour changer de sujet.

« Je n’arrivais pas à dormir, dit-elle sobrement. J’espérais quérir au dehors la tranquillité qu’il est parfois difficile de trouver en nos murs. »

Elle croisa les bras sous sa poitrine, et jeta à nouveau un regard circulaire au-dessus d’elle, pour aviser l’endroit où ils se tenaient tous deux, avant de reporter son attention sur le métisse.

« Pourquoi maintenant ? interrogea-t-elle soudainement, revenant à la discussion préalable. Olaf Soufflegivre avait pu espérer qu’elle le laisse tranquille, mais la curiosité l’avait emportée. Toutefois, n’étant pas dans le tempérament coutumier de la jeune femme, cet intérêt lui parut soudainement déplacé et elle s’excusa de l’avoir interrogé.

- Pardonne mon intérêt, cela ne me regarde pas. Néanmoins, puis-je te demander la permission d’accompagner tes derniers pas en ces lieux ? Formula-t-elle avec cette solennité que seul un Chevalier pouvait prétendre posséder. Surtout un héritier de la lignée d'Anjoulor. »

Ygrïanne n’était pas femme de compagnie ordinairement, et elle appréciait la quiétude des moments de solitude, tandis qu’elle supportait difficilement le supplice des jacassements. La spontanéité de sa demande laissait présager que le départ de son camarade lui causait quelques émotions qu’elle n’osait réellement s'avouer.

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MessageSujet: Re: Réminiscences d'un passé révolu [PV] Réminiscences d'un passé révolu [PV] Icon_minitime1Jeu 9 Mai - 1:06
Mon regard fixa celui d'Ygrïanne. Contre son gré selon moi, elle riva son regard vers les murs comme pour échapper à cette confrontation. Un sourire victorieux naquit sur mes lèvres. J'avais l'impression d'avoir remporté un duel insignifiant dont j'en étais le seul à y avoir assisté. Cependant, je me gardai de l'afficher plus longtemps. Un sourire pouvait paraître comme une provocation. Je n'avais pas envie et n'avais aucune raison de briser notre relation amicale. Après avoir savouré ma victoire, j'eus l'impression que la Vierge guerrière d'Asunia revenait à la charge, en m'observant à nouveau avec son regard d'acier. Elle avait l'air de ne jamais renoncer, quoiqu'il arrive. Malheureusement, j'avais l'intention de rester borné et de suivre la route que je m'étais tracé. Pour mon plus grand bonheur, Ygrïanne accepta de répondre à ma question. Son explication me laissa sceptique. Un manque de sommeil était une excuse incroyablement ridicule. Malgré cela, son expression sérieuse me fit comprendre le contraire. Elle n'était pas du genre à tromper son entourage. Le hasard avait créé notre rencontre.

Cependant, j'avais trop rêvé. Après avoir répondu à ma question, elle ne put renoncer à l'idée de me poser une nouvelle question, à propos de mon départ. La curiosité avait emporté son combat face à la guerrière. Une incroyable déception me parcourut. Elle n'avait peut-être pas renoncé. Cette conversation était une sorte d'affrontement pour moi. Ygrïannne tenta de s'excuser mais d'un geste de la main comme si je dissipais un nuage invisible, je balayai toute tentative de fuite. L'erreur était commise à mes yeux. Il n'y avait plus de retour en arrière. Caressant ma barbe d'un air penseur, je ne m'étais pas lancé dans une intense réflexion. La réponse à la question se trouvait déjà mon esprit.
    « Je suis encore jeune et sain d'esprit. Toutes les connaissances nécessaires à un chevalier sont miennes. Je n’ai plus rien à tirer de mes professeurs ni de personne. Pourquoi attendre si je me sens prêt ? Mon existence n’attendait que ce moment précis, Ygrïanne me coupa par inadvertance. Elle souhaitait rester à mes côtés. J’avais fui mes proches pour être seul, pourtant, une petite voix me proposa d'accepter sa requête. Sans prendre le temps de réfléchir, je hochai hâtivement la tête pour poursuivre notre conversation.Tu pourrais aussi me poser cette question. Pourquoi veux-tu quitter Asunia ? Nous n’avons pas la même vision de la justice. J’aimerais te retourner cette question. Pourquoi ne quitterais-tu pas Asunia ? »

Je pris une courte inspiration pour reprendre mon souffle. Mon visage voulait se montrer sérieux. Je connaissais Ygrïanne d’Anjoulor comme chevalière, pas en tant que femme. A ce moment-là, nous n’étions pas deux chevaliers mais deux jeunes gens partageant des idéaux différents. Cette femme avait été là seule à avoir osé me demander la raison de mon départ. Je l'admirais pour son audace.
    « Ne réponds pas en tant que chevalier mais avec, hésitai-je. Je recherchais un mot ou le nom d'une chose qui pourrait symboliser la vérité. avec ton cœur. »

Il me fallait une réponse sincère venant d'une personne en qui j'avais confiance. Cette femme n'avait pas eu le choix d'exercer la profession de chevalier contrairement à moi. Nous n'avions pas été élevés dans les mêmes conditions ni rencontrés les mêmes personnes durant notre jeunesse. Je jetai un coup d’œil à travers une fenêtre non loin. Le soleil s'était levé depuis plus d'une heure. L'ordre des chevaliers n'allait pas tarder à grouiller de monde. Oubliant rapidement ce futur détail, je me préparai à écouter attentivement les prochaines réponses d'Ygrïanne d'Anjoulor.
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MessageSujet: Re: Réminiscences d'un passé révolu [PV] Réminiscences d'un passé révolu [PV] Icon_minitime1Mar 14 Mai - 2:54
La guerrière de noble ascendance observait tranquillement, mais avec l’intensité redoutable de son regard ardoisé, le chevalier qui caressait paresseusement sa barbe, comme pour nourrir sa réflexion. Son questionnement l’avait-il plongé dans l’embarras ? Ygrïanne songea qu’elle s’était certainement mêlée de ce qui ne la regardait pas, même si elle avait insisté pour qu’il ne considère pas sa requête. Et en même temps, elle ne pouvait pas réellement regretter d’avoir interrogé le métisse, portée par l’intérêt qu’elle vouait à sa personne et à ses soudaines ambitions. La réplique du Chevalier ne se fit guère attendre, prouvant à la jeune femme que son départ n’était pas un coup de tête inopiné, mais plutôt un accomplissement mûrement réfléchi. Olaf semblait connaître la réponse, comme s’il s’était déjà posé lui-même la question à plusieurs reprises, et qu’il y avait déjà répondu maintes et maintes fois.

La Dame d’Anjoulor opina silencieusement de la tête, après avoir exprimé son désir de suivre son camarade à travers les dédales de l’Ordre. Elle comprenait désormais les raisons qui avaient insufflé du mépris et de la colère au timbre de sa voix, lorsqu’elle l’avait implicitement comparé à l’ancien meneur des Chevaliers. Le descendant des Windsor avait précipité son départ, alors que l’héritier des Soufflegivre l’avait préparé depuis longtemps déjà, et au regard de la jeune femme, il n’existait plus qu’une coïncidence malheureuse entre les évènements désastreux des derniers jours et l’exil de son vis-à-vis. Une expression plus compréhensive s’épanouit sur son visage. Ygrïanne avait pris conscience des dissemblances qui opposaient les deux chevaliers, et des raisons plus honorables qui poussaient Olaf à quitter l’Ordre. Pourtant, alors qu’elle continuait de l’observer avec une certaine affabilité, elle s’interrogea sur la légitimité de son projet au regard des circonstances actuelles, mais n’en souffla pas un mot pour l’heure.

Leurs pas résonnèrent de concert dans l’édifice, alors qu’ils effectuaient ensemble le même trajet vers l’extérieur, l’écho de leur démarche martiale se répercutant sur les pierres chargées de souvenirs. Le Chevalier, pour répondre aux interrogations de celle qui l’accompagnait, lui retourna une question qui l’étonna et à laquelle elle ne s’était pas attendue. Il lui demandait pourquoi elle ne quittait pas Asunia. Malgré l’herméticité habituelle de son visage, ses traits s’étaient légèrement assombris. La jeune femme n’avait jamais concrètement songé à quitter le royaume, car elle avait depuis toujours fait ce qu’on attendait d’elle. Elle s’était évertuée à suivre les chemins qu’on avait tracé pour elle, à accomplir le destin que ses ancêtres et son père avaient façonné pour elle et pour les générations futures. La liberté était un concept illusoire à ses yeux, une chimère qu’elle pouvait à peine effleurer du bout des doigts. Lorsque le Chevalier Olaf lui demanda de parler avec son cœur, une ombre mélancolique sembla passer furtivement sur son visage, avant d’être remplacée par un vague sourire en coin. Son cœur n’existait plus depuis longtemps, elle avait refoulé tous ses désirs, toutes ses aspirations, pour n’être que le pantin du Destin et du Devoir.

« Mon cœur est celui d’un Chevalier, répondit-elle doucement, en échangeant un regard équivoque avec son vis-à-vis. Depuis bien longtemps, elle avait abandonné tout ce qui pouvait s’apparenter à de la volonté ou à du désir. Elle ne vivait que pour accomplir son devoir. Son existence était sinistre, emplie d’une grande solitude. Emmurée dans une tour d’ivoire, Ygrïanne était ce qu’on avait voulu qu’elle soit.

- Mes vœux d’allégeance aux contrées d’Asunia m’obligent à rester pour accomplir mon devoir. Le serment qui lie ma famille aux puissances dirigeantes doit être respecté. En devenant Chevalier pour Asunia, j’ai fait la promesse de veiller sur mon peuple et sur mon roi. Je ne puis me résoudre à rompre mes serments, alors que le royaume traverse une crise sans précédent. »

Elle reprit son souffle durant une courte pause, avisant les réactions qui pouvaient être celles de son camarade devant la solennité de ses réponses.

« Nos vœux sont différents, tu as entièrement raison, reprit-elle calmement. Tu t’en vas pour poursuivre un idéal honorable, alors que je reste pour ne pas violer les serments que j’ai faits. Elle lui adressa un vague sourire amical. Mais répond-moi avec sincérité : penses-tu que ce que tu cherches comblera le vide qui s'insinuera en toi lorsque tu auras franchi les frontières de nos terres ? Ne regretteras-tu pas de laisser ton royaume derrière toi, alors que celui-ci se trouve déstabilisé par la mort du Roi et les décisions du chevalier Windsor ? »

Son regard d'acier ne fléchissait pas, sondant les traits de son interlocuteur pour y déceler la moindre réaction, le moindre indice de sa position et des sentiments que lui inspiraient les questions de sa camarade. Elle ne cherchait pas à le déstabiliser, ni à le contrarier, mais maintenant qu'ils avaient décidé de parler à coeur ouvert, Ygrïanne s'interrogeait.
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