« Je reviendrai quand j'aurais l'Objet divin, je vous le promet. »

C'est ce que Ren Gungnir murmura à l'oreille de son fils avant de partir de la maison. Le fils, couché et tranquille, ne put bien entendu entendre ces mots mais étrangement, il se mit à afficher un paisible sourire. La nuit affichait déjà sa lune à moitié croqué par l'obscurité et les étoiles scintillaient de leurs vifs éclats. Vêtu d'une cape légère, pourpre et brodé du symbole de la forge, Ren adressa un dernier regard derrière lui et s'en alla.

Un an plus tard ~

Ren avait parcouru quelques sympathiques paysages. Traversant le désert de Moctar, il explora une étrange ruine où les structures consistaient en une sorte de géant de pierre colossal. Il n'y avait rien trouvé de particulier pour lui mais il laissa un cadeau pour son fils si un jour - et par un heureux hasard - il passerait par là. Puis il passa rapidement les terres désolées pour ainsi atterrir dans l'empire de Jade. Cet empire arbore l'art chinois dans les détails les plus fins qu'ils soient. En effet, une immense muraille recouverte par la peau écailleuse d'un serpent de pierre semble palpiter lorsque vous la regardez de loin. Ainsi donc Ren, les traits légèrement tirés par le voyage, s'extasia un moment devant la chaleur fortuite des bâtiments. Pas mal l'architecture du lieu ! Avait-il murmuré tout en se frottant la barbichette qui tressaillait sous l'excitation de sa découverte. Tout en s'approchant de la porte rougeâtre à double-battants dorés, il essayait de deviner la tête du "corps" de la muraille. Car si cette dite muraille avait une forme reptilienne, il fallait bien qu'il y eut une tête non ? Ainsi son regard, sourcils plissés en deux, voguait vers le haut de l'ensemble où il pourrait sans trop de mal capté une bâtisse dominante : Le château impérial.

Finalement, il vit la tête de la muraille avec stupéfaction. Une tête massive se reposait sur le toit courbé tandis que deux perles vives et animales vous transcendaient. Deux naseaux proéminents semblaient prêts à cracher des flammes voluptueuses et les moustaches, aux nombres de huit, se profilaient sur chaque coté de la gueule magnifiquement sculptée. Le serpent n'en était pas un, c'était une tête de dragon. Digne des histoires ancestrales chinoises, elle surplombait toute la vue et Ren se trouvait vachement béat de ne pas l'avoir remarquer tout de suite. Il se mit à avancer vers la porte et salua les deux gardes aux costumes bien différents de ceux qu'il connaissait d'Hagor.

De couleur rouge, les deux soldats étaient vêtus de sortes de robes et d'un col plutôt, remontant fièrement jusqu'à la mâchoire. Un ruban noir serrait chacun leurs tailles et étaient glissés des fourreaux dont les ornements intéressaient grandement le forgeron. Mais il n'était pas là pour ça, il recherchait l'objet divin. Se présentant convenablement à eux, il expliqua d'où il venait. Leurs Kwan Dao, sorte de lance issue d'un mélange de bâton et de hache, se croisèrent et l'un d'entre eux haussa le ton tout en lui adressant un regard plissé à l'extrême et dont on ne pouvait discerner l'iris.

« Pourquoi venir nous rendre visite ? Quand bien même nous savons ton nom, Ren Gungnir, nous ne pouvons te laisser passer aussi facilement. » Laissait-il glisser entre ses lèvres menues.

Se figeant d'une expression perplexe, Ren réfléchit sur les raisons à leur donner. Il ne pouvait pas parler de sa quête de l'Objet Divin, ça aurait été mal placé. Se frottant sa chevelure, faisant glisser ses doigts entre quelques mèches, il finit par leur donner une raison lambda.

« Je dois rendre visite à un ami forgeron, il doit me montrer une de ses découvertes et que nous puissions humblement en discuter autour d'un ou deux verres de saké. Vous avez, je raffole de cette liqueur à base de riz alors quand on m'invite, je me dépêche d'arriver ! »

Le garde se satisfit de sa réponse et décroisa son arme de l'autre pour l'inviter à passer la porte. D'un geste sec de la tête, le garde ordonna à l'autre garde d'enclencher la roue qui permettrait l'ouverture de la béante porte à double battants. Ren baissa la tête et les remercia chaleureusement, son excuse étant passée comme une lettre à la poste. Un son lourd tintait tandis que les chaînes, installées sur les côtés, commençaient à rouler. Les battants s'écartèrent donc pour dévoiler son fameux contenu, telle une boite de pandore.

« Oh pas mal du tout ! » disait-il en passant le seuil de la porte et en affichant un large sourire.

Un marché avec des passants vêtues de costumes traditionnels - comme on dit souvent - s'étendaient sur un couloir de plusieurs mètres. Tout en haut, le château impérial mais cela n'intéressait aucunement le forgeron pour le moment, Les stands où émanaient des odeurs flatteuses de nourritures étaient plus aguicheuses ! S’immisçant entre quelques clients d'un stand, pourtant bien pressés l'un contre l'autre, il finit par s'approprier une bonne place pour "quémander" la bonne auge. Ses yeux s'illuminèrent alors d'une étincelle avide de "bouffe" et l'on pouvait déjà voir un petit filet de bave dégouliner de ses fines lèvres lorsqu'il entraperçut des tentacules de pieuvres fumantes. S'impatientant, il attendit que la femme termina de récupérer sa commande pour gruger la place à un nain.

La jeune vendeuse, entouré d'un tablier immaculé de tâches diverses et d'un embonpoint respectable, l'accueillit chaleureusement.

« Cher monsieur, que désirez-vous prendre ? » fit-elle en sortant un cône en papier cartonné où des décorations, des dragons particulièrement, étaient dessinées.
«Trois tentacules comme la femme auparavant s'il vous plait, charmante vendeuse ! » s'exclamait-il en fouillant sa poche pour trouver un de ses bourses d'or.

[A SUIVRE OU EN COURS D'ECRITURE]