La confiance n'est pas toujours là où l'on croit ... [PV Kenshi]

Un jour. Peut-être. Depuis le début de la journée, Ciral avançait sans vraiment savoir où il allait.

Son objectif initial était Lumïa, on lui avait dit, au détour d’une taverne, que cette ville regorgeait de personnes plus riches les unes que les autres. Le coin idéal pour commettre quelques actes de « gentille piraterie », et ce, discrètement bien entendu. Et quitte à être présent dans cette ville, Ciral avait également pour projet de visiter le laboratoire, sait-on jamais ce qui aurait pu s’y trouver.
Mais la nature en avait décidé autrement. Comme à son habitude depuis quelques temps, la mer s’était déchaînée, le terrible « serpent-monde » avait probablement voulu faire une petite balade … Préférant ne pas prendre le risque de voir son navire fracassé contre des récifs ou aller faire faire tour chez les sirènes en passant par un siphon, le capitaine prit la décision d’accoster et trouva l’endroit parfait pour cela. Une petite crique bien à l’abri des caprices de l’océan. Et comme il n’était pas dans la nature de Ciral de rester sagement à bord en attendant que la tempête se calme, il prit la décision d’explorer les environs pour découvrir faune et flore locale.

C’est ainsi que le pirate s’était retrouvé en plein milieu de cette forêt … Et perdu. Il n’était pourtant pas dans les habitudes du pirate de s’égarer en milieu sylvestre. Cependant, cette forêt avait quelque chose d’étrange, de malsain. Comme si l’Homme avait voulu se mêler de quelque chose dont il n’aurait jamais du. Ciral l’ignorait, mais le laboratoire de Lumïa n’était qu’à quelques heures de cheval de l’endroit où il se trouvait et, à ce jour, personne ne savait précisément quelles terribles expériences étaient menées dans les profondeurs de ce lieu de recherche.
Même Rascal, le raton-laveur, pourtant natif d’une forêt, semblait perturbé dans ces bois. Les arbres semblaient narguer le duo de leurs branches crochues, les animaux paraissaient comploter, comme préparant un mauvais coup pour leurs invités.
C’est donc dans cette étrange atmosphère que nos deux compères marchèrent toute la journée. Les vivres que Ciral avaient emmené dans son sac s’étaient, à présent, bien amenuies et il ne faudrait pas tarder à regagner le Blue Corbel, s’ils parvenaient à retrouver leur chemin.
En attendant, la nuit était tombée et la journée ô combien épuisante. Ciral choisit de s’allonger dans le creux d’un arbre, non sans avoir disposé un tapis de chausse-trapes devant l’entrée.

Le sommeil n’était pas facile à trouver … La forêt était remplie d’échos tout autant étranges qu’effrayants. Il ne s’agissait pas de simples grouillements d’animaux qui animent d’ordinaire une forêt. Les bruits étaient plus précis, plus calculés, plus ordonnés. Les créatures semblaient fuir un danger. Danger que pouvait supposer Ciral. Au loin, des grondements rauques dominaient le tumulte de la forêt. Effrayés, mais habitués, les animaux devaient avoir pour coutume de se rejoindre à des points stratégiques.
Finalement, Ciral sombra dans ses limbes oniriques. Sa conscience étant à présent bien loin du monde des apparences, il n’entendit pas le hurlement empli de tristesse qui déchira la nuit ; celui d’un solitaire … celui d’un loup.

Spoiler:

Les aboiements se rapprochaient rapidement, me traquant comme une vulgaire proie dans ces bois sombres et empestant la mort. Tel un spectre, je courrais à toute allure, faisant travailler dur chaque muscle de mon corps. J’avais plusieurs fois envisagé de me cacher pour semer mes poursuivants, qui ne cessaient de gagner du terrain mais, c’était peine perdue. Mon pelage blanc était repérable à des kilomètres à la ronde dans cette nuit noire. Je n’avais pas d’autre choix que de fuir. Habitué à courir dans la neige, les feuilles humides et en décomposition au sol ne gênait pas ma course mais, ne semblait pas non plus à mon avantage, ces abominations de chiens en voie de décomposition n’étaient plus très loin.

Au bout d’une dizaine de minutes, la fatigue commençait à me brûler les muscles et, j’en déduisais tristement que mes poursuivants ne ressentaient peut-être aucune fatigue… Je n’avais à présent plus le choix. Dans un endroit suffisamment dégagé pour combattre, j’avais freiné ma course, faisant rapidement volte-face pour dévoiler mes crocs aux ombres qui s’avançaient d’un pas prédateur. Il s’agissait de trois grands chiens de chasse ou du moins, c’étaient probablement ce qu’ils étaient avant leur mort… Pour une raison qui m’échappait, ces chiens n’étaient plus que des cadavres ambulants et pourrissants. Si leurs apparences hideuses me retournait l’estomac, l’odeur qui se dégageait d’eux était tout bonnement insupportable. Une bave d’un vert inquiétant coulait de leurs gueules, me laissant deviner qu’une simple morsure s’aggraverait jusqu’à me mener à la tombe. Tout en laissant un grondement menaçant monter dans ma gorge, j’avais attrapé la garde de mon épée entres mes mâchoires, la retirant du fourreau accroché en mon dos dans un bruit de frottement métallique. Armé de Calsung, j'étais prêt au combat.

Le premier chien zombi avait chargé avec furie. Je n’avais eu aucun mal à esquiver ses mâchoires avant de répliquer de ma lame, lui tranchant une patte-avant. Sans se préoccuper aucunement de son membre manquant, le cadavre avait redoublé ses attaques, m’obligeant à reculer. Ne me laissant pas impressionné pour autant, j'avais agilement bondit sur le côté avant d'exécuter un art de cercle, tournant sur moi-même, fauchant la tête de l'ignoble créature d'un coup d'épée féroce. Je n'avais pas même eu le temps de constater que j'avais réussi à tuer une bête déjà morte. Dans des aboiements presque joyeux, les deux autres monstres s’élançaient à leur tour vers moi. J’étais définitivement maudit !

Spoiler:

Les arbres se mouvaient avec hargne et détermination. Les pas de Ciral résonnaient avec fracas le privant de toute chance de se cacher. Et puis, où se cacher dans une forêt quand ses poursuivants sont des arbres ? Le pirate avait beau courir, forçant sur ses jambes autant qu'il le pouvait, il n'avait pas l'impression d'avancer. L'atmosphère se faisait de plus en plus lourde et sa vision se troublait jusqu'à perdre tous ses repères.
Ciral se risqua à jeter un coup d’œil par derrière lui. Ses poursuivants avaient interrompu leur course et la forêt semblait s'être calmée. Quand, tout d'un coup, le tonnerre rugit, déchirant la quiétude qui venait à peine de s'installait. Comme des sprinteurs attendant le départ, les êtres sylvestres reprirent leur rythme effréné [HRP] Mais quel jeu de mots mes amis ![/HRP] derrière le capitaine. Trébuchant sur chaque racine comme des pièges tendus par la nature. La distance entre entre la proie et ses prédateurs s'était bien réduite et la course de Ciral fut brutalement interrompue par une branche qui venait de le saisir au bras. Malgré la résistance qu'il offrait, l'arbre maintenait sa prise entravant Ciral de tous mouvements d'évasion. Le navigateur voyait déjà sa fin arriver, la conclusion de son voyage et de ses aventures ... Puis, une vive morsure lui arracha un cri de douleur ... Une morsure, par un arbre ?

Le raton-laveur fit un bon en arrière quand son maitre se réveilla en sursaut.
"Un rêve ... Tout cela n'était qu'un mauvais rêve. Mais qu'est ce qui t'as pris Rascal ?"
L'animal se posta à l'entrée de l'arbre dans lequel ils avaient trouvé refuge. Le capitaine regarda par l'ouverture mais ne vit rien d'autre que le piège installé la veille.
"Mais enfin Rascal, il n'y a ri..."
Ciral n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'un puissant hurlement retentit, celui d'un animal se battant pour sa vie, celui d'un loup plein de rage.
Il va sans dire qu'il serait bien retourné dormir, si le raton-laveur n'avait pas insisté fortement pour que son maitre le suive, et comme il était hors de question pour Ciral de laisser son compagnon s'aventurer seul dans cette forêt, il lui emboita le pas.

Rascal semblait particulièrement inquiet et animé par une rare furie, il filait à travers les bois, abandonnant toute précaution d'exploration. Après plusieurs longues minutes de course, les deux compères arrivèrent dans une clairière où se dressait une scène plus qu'inimaginable.
Une odeur effroyable parvenait aux narines de Ciral, et il n'était pas difficile d'en définir la source : un chien de grande taille et décapité se trouvait à quelques pas de lui, l'état de décomposition de la bestiole était plus qu'avancé et la puanteur qui s'en dégageait était insupportable. Cependant, quelque chose n'allait pas. Deux autres chiens étaient également présent, et bien que ceux-là avaient encore leur tête, la putréfaction de leurs chairs valaient parfaitement celle du chien sans vie ... mais était-il réellement pertinent de qualifier de vivant les deux monstres se dressant dans le bosquet.
Et si cette scène était particulièrement effrayante et étrange, le loup s'opposant à ces deux créatures des enfers, probablement celui que Ciral avait entendu de son abri, n'enlevait rien à l'improbabilité de ce tableau. Il apparaissait clairement que le canidé n'était pas de la région : sa fourrure apparaissait d'un blanc incroyable malgré le ballet de poussière qu'offrait la forêt. De plus, la région étant essentiellement chaude, il était surprenant que sa fourrure soit si longue. Quant à son expression, elle était tout bonnement à glacer le sang de n'importe qui, même du plus hardi des explorateurs, la rage venait animer son seul œil valide, d'un rouge redoutable, des flammes fulminantes semblaient danser dans son iris. L'autre oeil faisait parfaitement contraste, bleu et froid comme la glace des contrées les plus reculées des Terres de ce monde. Une longue cicatrice témoignait de l'évènement dans lequel l'animal devait avoir perdu la moitié de sa vue.
Mais le plus surprenant était probablement la manière de se battre du loup, là où la plupart de cette race utilisaient leurs crocs et leurs griffes, celui-ci utilisait sa gueule d'une manière bien singulière, en tenant une impressionnante épée, dont la garde était frappée d'étranges armoiries.

A peine que Ciral venait de tirer ses conclusions sur cet étrange tableau que les deux molosses repartaient à l'attaque, sans réfléchir il dégaina son arme à feu et tira sur l'un des deux agresseurs. La cible changea alors brusquement de direction et se lança tous crocs dehors à l'assaut des deux compagnons. Le pirate fouilla ses poches à la recherche de ses chausses-trappes afin de ralentir son assaillant, mais évidemment il avait oublié de les récupérer dans la précipitation de son départ ... Par défaut, il empoigna son fouet et frappa un des pattes avant du chien, qui dévia de sa trajectoire et permit à Ciral de l'esquiver sans trop de difficultés. Afin de ne pas faire durer le combat une éternité, ce que les morts avaient devant eux mais pas le capitaine, une diversion à double assaut s'imposait. C'est ainsi qu'une véritable chorégraphie débuta entre Ciral, Rascal et ce chien-zombie. Le raton-laveur se contentait de tourner autour de l'agresseur, usant de sa remarquable agilité pour esquiver toute attaque. Le pirate parait et contre-attaquait, à l'aide de son épée, chaque coup de griffes et de crocs grâce à jeu de jambes quasi-elfique. Mais en dépit de cela, son épée se révélait inefficace contre les chairs déjà mortes de l'animal.
Le capitaine regarda son compagnon et le raton comprit que l'assaut final devait être donné. Ciral jeta à terre une capsule qui lors de son impact libéra une épaisse fumée noire les camouflant tous les deux. Le molosse d'outre-tombe n'en tint pas rigueur et s'élança dans ce brouillard qui commençait à disparaitre, et lorsqu'il fut complètement estompé, ce n'est pas Ciral qu'il trouva face à lui, mais Rascal qui d'un bond gracieux se retrouva derrière le chien qui l'avait suivi du regard. Lorsqu'il regarda à nouveau devant lui, le pirate l'avait déjà tranché en son centre, séparant ainsi les pattes avant et arrières ...
Mais le zombie canin ne semblait pas vouloir abandonné et se préparait à repartir avec ce qu'il lui restait de corps. Cependant, un pirate n'étant jamais sans ressources, Ciral avait prit soin de disperser plusieurs petits tas de poudre explosive sur le terrain, et évidemment l'ennemi se trouvait près de l'un d'entre deux. Il enflamma alors un de ses tirs, grâce à sa faible magie de feu, qui vint embraser la poudre et le chien et le brûler vif, ou plutôt mort-vif ...

Le visage ruisselant de sueur, Ciral chercha des yeux l'étrange loup à qui il était venu en aide. Dans un premier temps, il ne vit rien puis l'aperçut enfin un peu plus loin.

Probablement trop concentré sur l’instant présent et les cadavres ambulants m’ayant pris pour cible, je n’avais absolument pas remarqué la présence de l’humain. Il faut dire que d’ordinaire, je me fiais uniquement à mon odorat développé pour percevoir la présence d’éventuels ennemis mais, avec la puante accablante de décomposition dans l'air, même l’odorat d’un loup se retrouvait en terrain brumeux. Ce fut son violent coup de feu qui me révéla brutalement sa présence, m’arrachant un sursaut de stupeur. Mon seul œil valide, d’un rouge ardent, s’était aussitôt dardé sur l’étranger avec rancune. J’avais une haine profonde envers les humains mais pourtant, celui-ci venait de s’en prendre à un de mes agresseurs qui, de rage, m’avait complètement délaissé pour se ruer vers l’homme, les babines retroussées vers l’arrière. Dans un état de confusion, j’avais fait un pas en direction de l’humain, comme pour lui venir en aide à mon tour, avant de subitement renoncer. J’avais comme d’autres chats à fouetter, le second monstre mort-vivant lui, ne m’avait pas oublié !

Sa gueule baveuse avait claquée dans le vide alors que je l’esquivai en bondissant agilement sur le côté. Je savais comment tuer, ou plutôt comment arrêter, cette abomination mais, c’était relativement plus facile à dire qu’à faire… Je n'étais pas au bout de mes surprises. J’avais exécuté un rapide enchainement de ma lame, jouant de ma rapidité animal et de la force de ma prodigieuse mâchoire mais, comme si cette créature en décomposition était plus maline que ses congénères, elle échappait sans difficulté au tranchant de mon épée en bougeant à une vitesse affolante. Dans une maladresse de ma part, après avoir de nouveau frappé l’air plutôt que la gorge de mon horrible adversaire, la mâchoire du chien zombi s’était sévèrement refermée sur un de mes membres antérieurs. J’avais aussitôt lâché Calsung, poussant un triste gémissement de douleur alors que les dents encore tranchantes du monstre s’enfonçaient dans ma chair, impitoyables.

Dans une lueur pâle, j’avais abandonné mon apparence de canidé pour celle d'un jeune homme, saisissant la garde de mon arme de ma main libre avant d'abattre violemment sa lame sur la gorge du chien. N'importe quelle créature vivante aurait atrocement souffert sous ce coup mais, c'était sans compter sur l'état de mort-vivant de mon adversaire. L’inonde créature refusait de lâcher prise. Serrant les dents sous la douleur, j'avais de nouveau frappé sa gorge du tranchant de Calsung puis, encore et encore, jusqu’à ce que sa tête se détache finalement du reste de son corps dans un bruit sec. La pression de ses mâchoires se relâcha, libérant mon membre, et la tête hideuse rejoignit le plancher forestier. Le corps du chien zombi s'écroula ensuite, me confirmant mon inespérée victoire.

- « Mais diable, que se passe-t-il ici ! » grondai-je pour moi-même en portant une main à mon bras meurtrit.

Au loin, de nouveaux aboiements résonnaient dans ces bois sinistres, comme si une nouvelle chasse venait d’être lancée… En jetant un coup d’œil un peu plus loin, j’avais repéré ce qu’il restait du dernier zombi, entièrement carbonisé par une intervention de l’humain que je n’avais pas eu la chance de voir. Ces créatures étaient donc faibles au feu et à la décapitation…

- « Je ne sais pas qui tu es, si tu es un ennemi ou un allier mais, une chose est certaine : Nous sommes deux proies cette nuit. » commençai-je avant de me retourner vers l’étranger aux vêtements curieux. Je venais alors de remarquer la présence d’un petit animal à son côté, un raton-laveur. – « Trois proies. » corrigeai-je. – « Quelque chose me dit que nous nous en sortirons mieux ensemble que seul… Comme tu as pu le déduire par toi-même, je possède un excellent odorat. » poursuivais-je.

A vrai dire, avec ma blessure au bras, j’estimais mes chances de sortir vivant de cet endroit lugubre relativement nulle. Ainsi, j'espérai que mon argument achèverait de convaincre l'homme d'être mon allier cette nuit. Je n'aimais pas utiliser les gens à mon avantage, encore moins prétendre faire équipe avec un de ces humains destructeurs mais, je n'avais tout simplement pas le choix. Je ne voulais pas mourir ou du moins, pas cette nuit, pas ici.

Spoiler:

En fait, ce n'était pas le loup que Ciral avait aperçu mais un jeune homme dont les cheveux d'argent brillaient sous les rayons de la Lune. Quelques pièces d'armure dissimulaient des muscles bien développés laissant deviner un rythme de vie soutenu et sportif. Une longue cape de fourrure reposait sur ses épaules, le confondant avec le pelage de l'étrange loup de tout à l'heure. Étonnamment, c'était cet inconnu qui tenait à présent la lame atypique de l'animal.
Ciral s'approcha de lui lorsque des aboiements lugubres s'élevèrent au loin, les créatures mortes-mortes n'étaient donc pas les seules. Il va nous falloir trouver un endroit où se cacher ... et vite !
Les monstres semblaient cette fois bien plus nombreux que trois, et un affrontement direct ne serait clairement pas en avantage des humains, surtout que le jeune homme encore anonyme semblait bien blessé à un de ses bras.

- « Je ne sais pas qui tu es, si tu es un ennemi ou un allier mais, une chose est certaine : Nous sommes deux proies cette nuit. »

A ce moment-là, l'individu se tourna vers Ciral et il put intercepter son regard. Ses yeux étaient parfaitement semblables à ceux du loup; un, rouge vif aussi ardent que les flammes de l'enfer, et l'autre d'un gris froid comme la glace. Le jeune homme et le l'animal ne formeraient alors qu'un seul et même être. Le pirate n'en revenait pas, il avait déjà entendu parler de ces êtres qui pouvaient soit prendre une forme humaine, soit animale. Mais pour lui, il ne s'agissait que de légendes, de bruits qui courent, tels des fantômes égarés, le long du port de Kynthnos. Mais cet homme était bel et bien réel, et il ne faisait aucun doute que se dressait devant lui un être capable de dons particuliers.

– « Quelque chose me dit que nous nous en sortirons mieux ensemble que seul… Comme tu as pu le déduire par toi-même, je possède un excellent odorat. »

Ciral questionna du regard son compagnon à quatre pattes, ce dernier ne semblait pas manifester de refus et le pirate décida donc de faire confiance au raton-laveur qui, d'ordinaire, était de bon conseil pour repérer les personnes habitées par de mauvaises intentions.

"Une chose est sûre : je n'ai aucune intention de te nuire et tu m'as pas l'air d'être un mauvais gars. Rascal semble vouloir te faire confiance" annonça le pirate en désignant du regard le raton-laveur. "Par conséquent, je ne vois pas pourquoi l'on ne pourrait pas s'allier. Et ... je crois bien avoir compris pour ton odorat et autres ... dons" prit-il la peine de préciser avec un clin d’œil.
"Bien, je pense qu'on devrait maintenant bouger d'ici, et vite. D'autant plus que ta blessure semble fort vilaine et risque de s'infecter. Tiens, verse ça dessus avant que l'on parte."
Ciral tira une bouteille au contenu liquide et transparent, et la tendit au jeune homme.
"C'est du rhum fait maison, c'est un peu fort, ça risque de te piquer mais vaut mieux limiter les dommages. Vu que je connais pas trop ce type de blessures, vaut mieux prévenir que devoir amputer le bras. Au fait, je m'appelle Ciral Dowin, conquérant des mers et capitaine du Blue Corbel !" se présenta fièrement le pirate en tendant une main ouverte et amicale au jeune loup.

Spoiler:

A en juger par leurs regards complices, l’homme et le raton laveur semblaient être compagnon depuis bien longtemps. Qu’un autre habitant de la forêt fasse confiance à cet humain me donnait presque envie de lui accorder une chance, de lui faire un tant soit peu confiance dans cette situation qui pourtant, ne me laissait pas réellement d’autre choix.

- « Une chose est sûre : je n'ai aucune intention de te nuire et tu m'as pas l'air d'être un mauvais gars. Rascal semble vouloir te faire confiance. Par conséquent, je ne vois pas pourquoi l'on ne pourrait pas s'allier. Et ... je crois bien avoir compris pour ton odorat et autres ... dons. » répondit le jeune homme en m’adressant un clin d’œil.

Moi qui m’attendais à recevoir l’habituel regard débordant de dégoût et de mépris, je fus assez dérouté par le visage amical, presque joueur, du jeune humain. N’avait-il pas compris ce que cela signifiait ? Que je n’étais pas tout à fait humain ? Que j’étais ce fameux loup dont parlent les contes pour enfants ? Tout en remuant milles et une question dans ma tête, j’observai de mon œil méfiant le curieux homme. Malgré le fait qu’il ait prétendu ne pas vouloir me nuire, je craignais un mauvais tour. Je ne pouvais pas faire confiance aux humains, pas après tout ça.

- « Bien, je pense qu'on devrait maintenant bouger d'ici, et vite. D'autant plus que ta blessure semble fort vilaine et risque de s'infecter. » continua-t-il avant de me tendre une bouteille contenant un liquide que je devinais être de l’alcool.

Ma blessure me faisait un mal de chien et, au souvenir de la salive dégoutante et verdâtre des morts-vivants, je ne doutais pas le moins du monde de ce qu’il arriverait si je la laissai sans traitement. Un loup court bien moins vite avec seulement trois pattes… J’avais choppé subitement la bouteille, l’arrachant presque de la main du jeune homme, tel un voleur en plein larcin. Sans tarder, j’avais retiré le bouchon de la bouteille pour sentir son contenu et à ce moment précis, l’humain m'avait confirmé la nature du liquide. Du rhum, un alcool fort connu pour être l'eau-de-vie préférée des brigands des mers. Tout en serrant les dents, j'avais commencé à verser l'alcool sur ma blessure et dès la première goutte, j'avais eu l'impression que tout mon bras était en feu. Mais, j'avais connu bien pire dans ma triste vie.

– « Au fait, je m'appelle Ciral Dowin, conquérant des mers et capitaine du Blue Corbel ! » se présenta t-il avec fierté, tendant sa main vers moi.

J’avais légèrement penché la tête sur le côté, les sourcils froncés, observant cette main tendue en ma direction. Elle pouvait autant être un raccourci vers la sortie de cette forêt maudite qu’un piège à bête qui ne tarderait pas à se refermer. Un conquérant des mers et, capitaine de surcroit. Un pirate ?! Après quelques minutes d’hésitation, les lugubres aboiements hantèrent de nouveau la sombre forêt, semblant de plus en plus proches. L'heure n'était pas au doute. Soupirant et détournant le regard, j’avais pris la main du capitaine dans la mienne, me sentant obligé de me présenter à mon tour.

- « Je suis Kenshi. Juste Kenshi… »

Me redressant sur mes deux jambes, j’avais refermé la bouteille de Rhum avant de la rendre à son propriétaire, le remerciant d’un bref hochement de tête. Si j’avais des remerciements à faire, ce ne serait pas avant d’être sorti indemne de ce bois jouant avec la vie et la mort. Tout en essayant – mais en vain – d’oublier la douleur à mon bras, j’avais repris la parole.

- « Nous allons devoir courir. Avec la puanteur qui se dégage de ces cadavres, je n’aurai aucun mal à savoir s’ils sont à bonnes distances ou au contraire, proches de nous rattraper. Le soleil se lève dans quelques heures et, quelque chose me dit qu’il sera notre plus grand allier. » lançai-je en humant l’air tel l’animal que j’étais.

Les monstres étaient encore loin.

Spoiler:

Rechercher

Résultats par : Messages Sujets
Recherche avancée